XXVI
« Que Jésus soit à jamais béni et remercié pour nous avoir sauvés au prix de tout son Sang ! »
Le bienheureux Henri Suzo, dominicain, étudiant à Cologne, convint avec un religieux de son ordre, qu’à la mort de l’un d’eux, le survivant dirait, à moins d’impossibilité, pour l’âme du défunt, le lundi la messe des morts, et le vendredi celle de la Passion. Le bienheureux ayant appris la mort de son ami fit pour lui beaucoup d’oraisons, et d’autres oeuvres de piété, mais ne célébra pas la messe. Un jour, le défunt lui apparut, lui reprochant d’avoir manqué à sa promesse, oubli qui le retenait dans les peines du purgatoire.
Henri lui répondit qu’il n’avait jamais cessé de le recommander au Seigneur; mais le défunt répondit : « c’est du sang, du sang que je demande : où sont les messes que tu m’as promises et qui nous sont si précieuses ? » Alors, le bienheureux avoua son oubli, et ayant offert les sacrifices promis, délivra son ami du purgatoire.
« C’est une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés. » ( 2 Mach., 12, 46. ) Au Saint Sacrifice prions avec ferveur pour les âmes souffrantes qui nous sont chères. Notre charité envers elles, durant la vie, a-t-elle été défectueuse ? — Nous pouvons réparer le passé, puisqu’elles réclament maintenant la charité de nos prières. Nos coeurs ne sont-ils pas remplis à leur égard des sentiments les plus tendres et les plus compatissants ? Ah ! sans doute, nous sommes portés à canoniser pour ainsi dire ceux qui nous ont été chers ; nous avons déposé dans la tombe, avec leur corps, le souvenir de leurs défauts, et leur mémoire ne nous apparaît qu’à travers un voile, dont les seules taches sont le souvenir de nos propres manquements à leur égard. Ah ! n’oublions pas, pourtant, les dettes qu’ils ont pu contracter par les fragilités de leur vie ; acquittons-les par le Sang de Jésus, en l’offrant pour eux comme expiation et satisfaction à la justice divine.
Père Éternel, je vous offre le Sang Précieux de Jésus-Christ, en expiation de mes péchés, pour la délivrance des saintes âmes du purgatoire, et pour les besoins de la Sainte Église.
Ind. de 500 jrs. Plén. mens. aux cond. ord.
( S.P.A., 10 mars 1933. )