XXIII
« Que Jésus soit à jamais béni et remercié pour nous avoir sauvés au prix de tout son Sang !»
Un miracle de miséricorde opéré par le Précieux Sang assura la conversion d’un bon nombre de ces infortunés Juifs qui avaient appelé sa malédiction sur eux et sur leurs enfants. Un chrétien de Beyrouth, en quittant une maison pour aller en habiter une autre, oublia d’emporter avec lui un tableau de grandeur naturelle et très frappant de Notre-Seigneur crucifié. Ce tableau resta dans la maison déserte, laquelle fut bientôt habitée par des Juifs. Ces malheureux descendants d’une race pervertie n’eurent pas plutôt découvert le tableau en question qu’une joie infernale s’empara d’eux. « Voyez, voyez», disent-ils, «celui qui fut le jouet, la risée de nos ancêtres; qu’il soit traité de même par nous», et ils frappèrent Notre-Seigneur au visage et lui crachèrent à la figure. Puis continuant : « tout ce que nos ancêtres ont fait au Nazaréen», disaient-ils, «nous le ferons à son image»; en même temps ils enfonçaient des clous dans les pieds et dans les mains du crucifix et ils lui portaient aux lèvres une éponge imbibée de vinaigre. Ensuite, ils lui frappèrent la tête d’un roseau sans pouvoir encore satisfaire leur rage. Alors, le Chef de la bande s’écria :« Je sais que nos ancêtres ouvrirent le côté de cet imposteur»; là-dessus, il transperça avec une lance l’image de Notre-Seigneur. O prodige des prodiges ! Il s’échappa de cette ouverture du sang mêlé avec de l’eau. Ébahis, mais non convertis, ces hommes impies se dirent: « Voyons s’il y a quelque vertu dans ce liquide », et ils le recueillirent dans un vase et le portèrent à leur synagogue. Ils obligèrent les lépreux, les malades, les estropiés, les aveugles à s’y rassembler et leur appliquèrent ce sang miraculeux de Celui qui dit autrefois : « Soyez guéri »; de ce Jésus, « qui était hier et qui est le même aujourd’hui et à jamais. » O prodige ! Encore une fois, tous ont guéris et non seulement du corps, car les yeux de l’âme de ces blasphémateurs sont ouverts. Un cri nouveau s’échappe de leurs coeurs transformés : « Gloire au Christ crucifié par nos ancêtres et que, nous aussi, hélas ! avons crucifié de nouveau ! Gloire au Fils de Dieu qui a fait un pareil miracle, nous mettons en lui toutes nos espérances » ! Et le nombre de ceux qui furent baptisés fut si considérable, que l’évêque en eut pour plusieurs jours.
La Sainte Église demande à ses enfants, le Vendredi Saint, de prier pour les auteurs de la sanglante tragédie de ce jour, pour nous rappeler que c’est encore le Sang de Jésus-Christ, ce Sang qu’ils ont la triste gloire d’avoir versé, qui est encore offert pour leur salut. Oh! appelons maintenant sur eux la miséricordieuse bénédiction de ce Sang divin, nous rappelant que « la charité couvre une multitude de péchés ».
Père Éternel, je vous offre le Sang Précieux de Jésus-Christ, en expiation de mes péchés, pour la délivrance des saintes âmes du purgatoire, et pour les besoins de la Sainte Église.
Ind. De 500 jrs. Plén. mens. aux cond. ord.
(S.P.A., 10 mars 1933.)