XV

« Que Jésus soit à jamais béni et remercié pour nous avoir sauvés au prix de tout son Sang ! »

Nous apprenons de sainte Thérèse, d'après les lumières qu'elle puisait dans la méditation des mystères douloureux de la vie de Jésus, la leçon suivante : « Pour méditer sur la Passion de Jésus », dit-elle, « pensons, par exemple, à Notre-Seigneur quand il était attaché à la colonne ; que notre intelligence en pèse toutes les circonstances et juge de la grandeur de sa douleur et de ses peines, quand il se trouvait ainsi seul et abandonné de ses amis. Il naîtra alors en nous le besoin de nous faire violence pour participer aux souffrances de notre Dieu. Cinq mille coups furent dit-on, donnés sur la chair immaculée de notre Rédempteur ; et son Sang, destiné à notre Rédemption, ruissela à flots sur les dalles du Prétoire... Il s'arrête, pour ainsi dire, en tombant, sur les mains des bourreaux comme pour en appeler à leur coeur... c'est pour eux qu'il crie miséricorde, et l'on croit entendre le premier écho de cette voix qui, du haut de la croix, fit retentir ce cri : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. »

Il y a aussi une seconde disposition de la vie spirituelle qui résultera de cette méditation: une des causes des souffrances intérieures de Notre-Seigneur, provenant de l'abandon de ses amis. Nous nous abandonnerons donc à cette solitude de l'esprit qui attire le doux Jésus abandonné. Il a dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins » ; par conséquent, si, par amour pour Lui, nous rejetons les consolations des créatures, Il se fera Lui-même notre Consolateur. Il nous fera fermer les yeux aux choses matérielles pour ne les ouvrir qu'à celles de l'éternité. Il nous apprendra à nous vider l'esprit de tout, afin qu'Il puisse nous remplir de son esprit. « Mon bien-aimé est à moi et je suis tout à lui » à jamais. O mon Sauveur, « mon Dieu et mon tout ! » Malheur à l'homme que tout intéresse excepté votre vue, votre mort, vos souffrances, vos bienfaits ! Personne ne cherche à considérer son Dieu. L'homme recherche l'homme; le monde s'aime lui-même. --- Le Maître qui nous a rachetés, le Sang qui nous a sauvés, sont dédaignés, et Jésus est laissé seul !...

Doux Jésus ! Soyez mon consolateur et je serai le vôtre.

Père Éternel, je vous offre le Sang Précieux de Jésus-Christ, en expiation de mes péchés, pour la délivrance des saintes âmes du purgatoire, et pour les besoins de la Sainte Église.

Ind. de 500jrs. Plén. mens. aux cond. ord.

( S. P.A., 10 mars 1933.)