L E Ç O N  X I X

Du  Mariage

 

569. Qu’est-ce que le mariage ?

Le mariage est un sacrement qui rend légitime et sainte l’union de l’homme et de la femme.

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570. Qui a institué le mariage ?

C’est Dieu qui a institué le mariage au commencement du monde ; et c’est Jésus-Christ qui en a fait un sacrement.

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571. Que doivent faire les époux pour contracter mariage ?

Pour contracter mariage, les époux doivent échanger leur consentement en présence du curé de la paroisse ou de son délégué et au moins de deux autres personnes.

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572. Quels sont les ministres du sacrement de mariage ?

Les ministres du sacrement de mariage sont les époux ; mais le prêtre en est témoin nécessaire.

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573. L’union purement civile des catholiques est-elle un véritable mariage ?

Non, l’union purement civile des catholiques n’est pas un véritable mariage : pour eux il n’y a pas de mariage sans sacrement, ni sacrement sans la présence du prêtre.

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574. Y a-t-il des empêchements qui rendent le mariage nul ?

Oui, il y a des empêchements qui rendent le mariage nul, comme la parenté naturelle ou par alliance ; c’est pour mieux connaître ces empêchements qu’on publie les mariages à l’Église.

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575. Le divorce peut-il rompre le mariage ?

Non, le divorce ne peut pas rompre le mariage, puisque Jésus-Christ a dit des époux : que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni.

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576. Quelle grâce particulière le sacrement de mariage donne-t-il aux époux ?

Le sacrement de mariage donne aux époux la grâce de vivre ensemble chrétiennement et de bien élever leurs enfants.

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577. Comment faut-il se préparer au mariage ?

Il faut se préparer au mariage par la prière, une bonne conduite et une sérieuse confession.

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578. Est-ce un grand mal de contracter mariage en état de péché mortel ?

Oui, c’est un grand mal de contracter mariage en état de péché mortel, car on commet ainsi un sacrilège qui ne peut qu’éloigner des époux et de leur famille les bénédictions divines.

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579. A quoi s’obligent ceux qui contractent mariage ?

Ceux qui contractent mariage s’obligent : 1er à se garder réciproquement une fidélité perpétuelle et un mutuel dévouement ; 2e à remplir sérieusement leurs devoirs de père et de mère.

 

+ Une dame fut priée un jour de dire quels secrets elle avait pour conserver toujours les bonnes grâces de son mari : « C’est, répondit-elle, en faisant tout ce qui lui plaît, et en souffrant patiemment tout ce qui ne me plaît pas. »

+ « Qui a fait saint Bernard si pur, si fort, si embrasé d’amour de Dieu ? Son père, Tescelin, sa sainte mère, Aleth. »

Et sainte Chantal ? Ah ! Elle n’avait plus de mère, mais elle avait, dirai-je, un père ou une mère, ou tous les deux à la fois, dans cet incomparable magistrat qu’on appelle le président Frémyot.

Et saint Symphorien, à qui doit-il l’héroïsme de sa vie et de sa mort, si ce n’est à son intrépide mère Augusta ?

Et saint Jean Chrysostome, et saint Athanase, et saint Ambroise, et saint Grégoire le Grand ? et plus tard, saint Louis, saint Édouard, saint François d’Assise ? Et dans les temps modernes, saint François de Sales, sainte Thérèse ?

Il faudrait citer tous les héros et tous les saints ; car on n’en a presque jamais vu apparaître un seul, sans que Dieu lui ait donné, dans un père ou une mère dignes de lui, un précurseur capable de le préparer à ses grandes destinées. » (Bougaud, Hist. De sainte Monique.)

 

+ Vincente Lomelin, cette illustre Génoise, qui dans la suite fonda les Annonciades-Célestes, fut d’abord mariée à Étienne. Centurion, gentilhomme de Gênes. Elle trouva, dit l’historien de sa vie, au commencement de son mariage, plus d’épines que de roses. Quoique son marie eût beaucoup d’estime et d’affection pour elle, il la fit extrêmement souffrir, parce qu’il était naturellement prompt et colère, difficile à contenter, trouvant à redire à tout ce qu’elle disait ou faisait, et souvent sans avoir aucun sujet, ainsi qu’il l’avouait lui-même. Elle ne lui opposa que la patience, la douceur, la complaisance, qui le firent enfin rougir de ses humeurs et de ses brusqueries ; il reconnut que sa femme, toujours égale, toujours prévenante, ne méritait que sa tendresse. Bientôt le calme et la

paix succédèrent aux tempêtes et aux querelles. Chérie et respectée de son époux, elle eut encore le bonheur de le voir, comme elle, se donner tout entier à Dieu, et partager ses bonnes oeuvres et ses pieux exercices.

+ Madame de Chantal, tous les matins, lorsqu’elle avait fait son oraison, à peu près vers les six heures en hiver et un peu plus matin en été, entrait dans la petite chambre de ses enfants, les éveillait et les habillait elle-même ; et, lorsqu’ils étaient prêts elle les faisait placer en cercle autour d’elle et leur apprenait à prier. Après la prière, elle faisait lire aux plus grands un quart d’heure d’oraison mentale. Tout le monde assistait à la messe, même les plus petits enfants. Notre sainte, persuadée qu’une journée est bien vide lorsqu’on n’a pas assisté à ce sacrifice adorable, n’épargnait ni peines, ni fatigues pour leur apprendre à y assister saintement.

Elle leur enseignait à élever de temps en temps leur coeur à Dieu, surtout quand les heures sonnaient, et elle leur faisait faire tout haut leur prière avant et après le repas. C’est ainsi qu’elle déposait dans leur coeur ces habitudes de prière qui ne sont pas la vertu, mais qui en sont tout à la fois l’ornement et la garantie.

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580. Tous les chrétiens sont-ils appelés au mariage ?

 

Non, tous les chrétiens ne sont pas appelés au mariage : Dieu destine quelques-uns d’entre eux à une vie plus parfaite dans l’état ecclésiastique ou la vie religieuse.

+ Dans un de ses voyage, Mme de Chantal, déjà fondatrice et supérieure de la Visitation Sainte-Marie, alla un jour visiter une dame d’une haute noblesse et de grande vertu. Entre les demoiselles d’honneur de cette dame, elle en remarqua une dont l’extérieur était d’une noble simplicité et dont les traits trahissaient une belle âme. Elle s’approcha d’elle sans la connaître, et lui dit tout bas, afin d’être entendue d’elle seule : « Ma fille, si vous trouvez un époux qui vaille Jésus-Christ, je vous conseille de le prendre. » Quelque temps après, cette jeune fille quittait le monde et allait frapper à la porte d’un monastère de la Visitation. Jeunes filles, si vous trouvez un époux qui vaille Jésus-Christ, et vous conseille de le prendre.

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581. Que doivent faire ceux qui se sentent appelés à la vie religieuse ?

Ceux qui se sentent appelés à la vie religieuse doivent prier beaucoup, demander conseil et répondre généreusement à l’appel de Dieu.

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L E Ç O N    S U P P L É M E N T A I R E

Exercices du chrétien ou moyen de sanctifier la journée

582. Quel est le moyen de sanctifier la journée ?

Le moyen de sanctifier la journée est de régler toutes ses actions dans la vue de plaire à Dieu.

PENSÉE. — Sanctifier ses actions ordinaires, c’est le moyen le plus sûr et le plus facile d’arriver au ciel. « Que tout, dit saint Paul, se fasse honnêtement et dans l’ordre. »

+ Nous lisons d’un des anciens Pères du désert, qu’au commencement de chacune de ses actions, il avait soin de s’arrêter quelques instants. On lui demanda ce qu’il faisait alors, il répondit : « De même que le tireur s’arrête un moment pour viser juste, de peur de manquer son coup, moi j’ai soin de ne rien entreprendre avant d’avoir dirigé mon intention vers Dieu, qui doit être le but et la fin de toutes mes oeuvres. C’est ce travail qui m’occupe quelques instants au commencement de chacune de mes actions. » ( D’Outreman. )

+ Avant d’entreprendre quoi que ce soit, saint Vincent de Paul se recueillait en lui-même, se mettait en présence de Dieu et lui disait : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Faisons comme lui, et nous ne ferons rien qui ne soit digne du ciel.

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583. Que fait un bon chrétien à son réveil ?

Un bon chrétien, à son réveil, fait le signe de la croix avec de l’eau bénite, en disant : Mon Dieu, je Vous donne mon coeur.

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584. Comment il faut se lever ?

Il faut se lever avec promptitude et s’habiller avec modestie.

+ Sainte Brigitte d’Irlande, se voyant recherchée en mariage, pria instamment Notre-Seigneur de lui enlever la beauté, qui attirait sur elle les regards des hommes. Sa prière fut exaucée. Elle perdit un oeil et son visage devint si difforme que personne ne pensa plus à elle ; mais elle retrouva sa beauté avec un nouvel éclat, le jour où elle prit le voile des religieuses. Bonne leçon pour celles qui n’ont que le souci de plaire aux créatures.

+ Marie Pernet avait seize ans quand elle s’enrôla parmi les premières religieuses de la Visitation. Alors elle ne savait rien du monde, sinon qu’il ne vaut pas Dieu. Tout enfant elle avait fait admirer son innocence, à ce point qu’on l’avait surnommée le petit ange d’Annecy. Devenue plus grande, sa modestie augmenta encore. « Jamais, on ne lui put persuader, dit un historien, d’aller la gorge découverte suivant la coutume de ce temps-là ; mais elle inventa une certaine mode de mouchoir de cou, qui la fermait aussi étroitement qu’une religieuse. » Saint François de Sales ayant considéré la pureté de ce coeur virginal, en eut de l’admiration et s’écria tout haut : « Cette petite ici est la vraie fille de la Sainte Vierge ! »

+ Le vénérable fondateur du séminaire de Saint-Sulpice, l’illustre M. Olier, a écrit de lui-même : « Je n’ai jamais osé me servir d’aucun nouveau vêtement comme d’habits, de chapeaux ou du reste, sans en consacrer le premier usage à la Sainte Vierge, la priant de ne pas souffrir que, pendant qu’ils seraient à mon usage, j’eusse le malheur d’offenser jamais son divin Fils. » Rien de plus facile à imiter...

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585. Que faut-il faire lorsqu’on est habillé ?

Lorsqu’on est habillé, il faut se mettre à genoux et faire sa prière du matin.

+ Le célèbre Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, avait toujours chez lui une image de la Mère de Dieu ; il ne sortait jamais de sa chambre sans lui demander à deux genoux sa bénédiction ; et il baisait la terre en son honneur. C’est une sainte pratique de demander tous les matins et tous les soirs la bénédiction de Marie, en se mettant à genoux devant une de ses images.

+ PRIÈRE D’UN SOLDAT. — Ce soldat n’est autre que le général de Boysson, commandant le 13e corps d’armée, mort d’un accident de voiture, le 4 novembre 1900. Il faisait à Dieu, tous les matins, cette prière : « Mon Dieu, je ne suis que votre pauvre serviteur, je me mets à votre disposition : ce que vous voudrez, comme vous voudrez, où vous voudrez. » ( Almanach du Pèlerin, 1905. )

+ En entendant chanter, le matin, les oiseaux, saint François d’Assise, disait aux frères de son ordre : « Nos petits frères ailés louent maintenant leur créateur et lui chantent un cantique de reconnaissance pour le nouveau jour qu’ils ont vu luire. Nous laisserions-nous confondre par les oiseaux ? »

+ Un général examinait un jour un caporal. Pour se convaincre de la ponctualité avec laquelle il s’acquittait des fonctions de son grade, il lui demanda : « Par quoi commencez-vous la journée ? — Par la prière, mon général. » On aperçut un rire moqueur sur les lèvres de plusieurs hommes quand ils entendirent cette réponse. Mais convaincu qu’un bon chrétien est un bon soldat, le général en finit là pour son examen et recommanda au capitaine cet homme franc qui venait de lui donner une réponse aussi remarquable. ( Souvenirs d’un aumônier militaire. )

+ On appelait autrefois Baléares les îles que l’on nomme aujourd’hui Majorque et Minorque, parce que les habitants étaient très habiles à tirer de l’arc. Et les historiens nous apprennent que cette adresse venait de l’exercice auquel on appliquait les enfants presque dès le berceau. Quand un enfant demandait du pain, sa mère lui mettait un arc et une flèche dans la main et il fallait pour avoir un morceau de pain qu’il l’atteignît avec sa flèche. Ah ! Si les parents habituaient de bonne heure leurs enfants à prier avant le repas, avant le repos, à faire l’aumône, à obéir, à aimer la pureté !...

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586. Que convient-il de faire après la prière du matin ?

Après la prière du matin, il convient d’assister à la Sainte Messe, si on le peut facilement.

+ Garcia Moreno est un des héros du siècle passé; il a relevé la République de l’Équateur, l’a arrachée aux sectes maçonniques et l’a rendue à l’Église. Il est mort assassiné par les sectaires en 1875; mais il vivra dans l’histoire. Eh bien! Si vous voulez savoir où Garcia Moreno puisait le secret de son audace et de son énergie chrétienne, sachez que ce fut dans une admirable et constante piété. Tous les matins, il assistait à la messe, qu’il servait lui-même. Malgré ses nombreuses occupations, nous dit son biographe, il consacrait tous les jours une demi-heure à méditer, comme David, sur la loi de Dieu.

+ L’humble et sainte bergère Germaine Cousin, entendant sonner la messe, plantait sa quenouille au milieu de ses brebis et allait à la messe. Pendant ses absences, jamais son troupeau ne fit aucun dégât, et jamais le loup ne dévora un de ses agneaux. Ne comptons pas, comme Germaine, que Dieu fera pour nous des miracles ; mais ayons à coeur d’assister le plus souvent qu’il sera possible au saint sacrifice.

+ Le général de Sonis, mort en 1887, à la fin de sa vie, allait tous les jours à la messe. Quand il ne put plus y aller, il s’y faisait porter. Aussi sa mort fut celle des élus.

+ Saint Louis assistait quelquefois à deux et même à quatre messes dans un jour. Ayant appris que quelques courtisans l’en blâmaient. « Voyez comme ils apprécient les choses ! répondit-il. Assurément, si je passais le double de mon temps au jeu ou à la chasse aucun d’eux ne ferait entendre la moindre parole de blâme. »

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587. Que faut-il faire pendant la journée ?

Pendant la journée, il faut s’appliquer au travail selon son état et sa condition.

+ L’oisiveté a fait tomber les habitants de Sodome et de Gomorrhe dans le plus infâme de tous les péchés ; elle a entraîné David jusqu’à commettre un adultère et un homicide.

+ Tant que Samson s’exerce à combattre les ennemis du peuple de Dieu, il est invincible; sitôt qu’il s’endort sur les genoux d’une femme, il tombe entre les mains des Philistins, qui lui crèvent les yeux et le chargent de chaînes.

+ Salomon, tant qu’il est occupé à construire le temple de Dieu, vit dans une pureté parfaite...L’oisiveté le jette dans les passions les plus honteuses, qui l’entraînent jusqu’à l’idolâtrie.

+ « Veillez donc, mes frères, dit saint Augustin, car vous n’êtes ni plus forts que Samson, ni plus saints que David, ni plus sages que Salomon. » (D’Outreman.)

+ Tout s’altère par l’oisiveté, tout se vivifie par le travail. Le fer se rouille quand on ne s’en sert pas ; — l’air se corrompt et engendre des maladies, lorsqu’il reste longtemps sans être agité ; — une eau qui n’a pas de courant devient fétide et produit toutes sortes d’insectes ; — ainsi, le corps qui se corrompt par la paresse devient le siège de tous les mauvais penchants. (S. Bernard.)

+ Saint Anschaire, cet apôtre des pays du Nord, perdit sa mère à l’âge de cinq ou six ans. Un jour qu’il avait entendu parler avec admiration de la piété de sa mère, s’étant endormi, il eut une vision dans laquelle la Sainte Vierge lui dit que, s’il voulait être avec sa mère au ciel, il devait éviter les vains amusements de l’enfance et s’appliquer aux choses sérieuses. Dès lors, l’enfant employa tout son temps à l’étude et à la piété. C’est par là, en effet, qu’on se prépare le ciel.

+ On demandait à Démosthène par quels moyens il avait fait tant de progrès dans l’éloquence : « En dépensant plus d’huile que de vin » , répondit-il. Ce n’est pas en faisant bonne chère, mais en travaillant même la nuit à la clarté du pétrole, s’il le faut, qu’on réussit dans les sciences et dans les arts.

+ Le romain Caton, juge sévère, ne recevait personne au rang de citoyen romain, sans lui inspecter les mains, pour voir si elles portaient les traces d’un travail assidu.

+ Domesticologie. — Une jeune fille, qui avait passé de brillants examens, disait à sa mère : « Maman, j’ai fait de grands progrès dans mes études. Je voudrais pourtant les compléter en apprenant encore le psychologie, la philologie, la physiologie, la paléontologie. — Une minute, ma fille, interrompit la mère, j’ai arrangé pour toi un cours de soupologie, de bouillologie, de rapiéçologie et de domesticologie ; mets ce tablier et vide ce poulet. »

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588. Dans quel esprit doit-on s’appliquer au travail ?

Il faut s’appliquer au travail dans un esprit de pénitence et de soumission à la volonté de Dieu.

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589. Comment un bon chrétien sanctifie-t-il ses repas ?

Un bon chrétien fait une courte prière avant et après ses repas, et observe en mangeant les règles de la tempérance.

+ Un auteur non suspect, et qui a écrit sous l’influence de la philosophie du XVIIIe siècle, alors dans toute sa nouveauté, comme dans toute la violence de sa haine contre le christianisme, a fait la réflexion suivante : « Chez les Romains en se mettant à table, le maître de la maison prenait une coupe de vin et en versait quelques gouttes à terre : ces libations étaient un hommage qu’il rendait à la Providence. De tout temps, les chrétiens, avant et après le dîner et le souper, on fait une prière à Dieu pour le remercier du repas qu’ils allaient prendre ou qu’ils avaient pris. N’est-il pas bien condamnable et en même temps bien ridicule qu’en France, depuis cinquante ans, cet acte si naturel de reconnaissance et de religion ait été regardé, par les personnes du grand monde, comme une petite cérémonie puérile, une vieille mode que le nouveau bel usage doit proscrire. Nos inférieurs en devenant, à notre exemple, ingrats envers Dieu, s’habituent à l’être envers nous. »

+ Un roi de Perse envoya auprès du calife Mustapha, un médecin très habile, lequel en arrivant dans cette cour demanda comment on y vivait. Frugalement et avec sobriété, lui répondit-on ; on n’y mange que lorsqu’on sent l’appétit ; et on ne le satisfait pas entièrement. Dans ce cas, dit le médecin, je retourne à Ispahan ; mon art serait inutile ici.

+ Notre-Seigneur, après avoir guéri dix lépreux, n’en vit qu’un seul revenir à ses pieds pour lui rendre grâces. Il se montra fort offensé de l’ingratitude des autres, et dit à ses apôtres : « Est-ce que dix n’ont pas été guéris ? et où sont les neuf autres ? Il ne s’en est trouvé qu’un qui revint sur ses pas et rendit gloire à Dieu et encore c’est un étranger. » (D’Outreman.)

+ « Si vous arrosez outre mesure le meilleur terrain, il sera changé en un marais d’où s’élèveront des exhalaisons malfaisantes. Il en est de même du corps ; si vous le nourrissez trop bien, il deviendra semblable à un marais, qui produit les pernicieuses exhalaisons de la sensualité. » (Lohner.)

+ Madame Louise de France, fille de Louis XV, devenue carmélite, voulait remplir les emplois les plus humiliants, et refusait de céder à personne ce qu’elle appelait ses droits. Un jour qu’une soeur ne voulait pas qu’elle nettoyât avec elle le suif des chandeliers : « Eh! de grâce, lui dit-elle, laissez-moi faire ; je ne puis plus manger du mouton, que je puisse du moins le sentir. »

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590. A quel moment du jour convient-il de dire l’Angélus ?

Il convient de dire l’Angélus le matin, à midi et le soir, au son de la cloche.

+ Weurt près Nimègue (Hollande) a une grande briqueterie qui compte en moyenne 100 ouvriers. Or, aujourd’hui encore, quand l’angélus sonne, tous interrompent le travail pour le réciter. Le patron donne l’exemple, tous le suivant. Puisse cette pratique se répandre parmi tous les travailleurs, leur peine en sera allégée.

+ « Il y a seize ans, me trouvant à Cologne, vers le soir, devant une caserne – c’était l’heure où l’angélus venait de sonner dans cette ville catholique — je vis la porte de la caserne s’ouvrir et j’entendis un officier dire en allemand ce simple mot : Prière ! et alors de mâles fronts s’inclinèrent dans un sentiment de respect pour la divinité. Quand je vis ce spectacle ce soir-là, je me surpris pour la première fois à trembler pour mon pays. » (Mgr Freppel.)

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591. Quelles sont les règles à observer par rapport aux récréations ?

Dans les récréations, ils faut : 1er ne se livrer jamais qu’à des jeux permis et honnêtes : 2e ne pas les prolonger au delà du temps convenable.

+ Casimir II, roi de Pologne, jouant avec un de ses gentilshommes, qui perdait tout son argent, en reçut un coup dans la chaleur de la dispute. Ce gentilhomme fut condamné à perdre la tête ; mais Casimir révoqua la sentence et dit : « Je pardonne à ce gentilhomme parce que, dans cette affaire, je suis encore plus coupable que lui, pour avoir autorisé par mon exemple un amusement funeste, qui peut causer la ruine de la noblesse et des familles.» ( Mor. en act. )

+ Élisabeth de Hongrie disait aux compagnes de ses jeux d’enfance : « Voyons celle de nous qui courra le plus vite d’une seule jambe. » Elle partait la première dirigeant la petite bande vers l’église. Puis elle disait à ses compagnes : « Maintenant que nous sommes près du bon Dieu, allons le visiter. » Admirable industrie d’un enfant !

+ Bien que saint Jean, disciple chéri du Sauveur, menât une vie simple, austère, mortifié, il ne laissait pas de se récréer parfois. Il aimait à jouer avec une perdrix apprivoisée qui sautait de sa main sur ses épaules, puis sur sa tête, pour venir se poser de nouveau sur sa main. Un chasseur revenant de la campagne s’étonna de voir un vieillard, livré d’ailleurs à des occupations si sérieuses, se permettre un jeu si enfantin. L’apôtre sourit et pria son censeur de bander son arc. Il le fit, puis il le détendit : « Pourquoi agissez-vous de la sorte, au lieu de chercher à tendre votre arc de plus en plus, lui dit saint Jean ? — Si je le faisais, il perdrait sa force et il me serait bientôt inutile, répondit le chasseur. — C’est précisément pour ce motif, repartit l’apôtre, que l’esprit de l’homme a besoin d’être détendu de temps en temps par une récréation honnête. »

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592. Que faut-il éviter dans les conversations ?

Dans les conversations, il faut éviter de mal parler du prochain et de rien dire de contraire à la religion, à la vérité, ou à la décence.

PENSÉE. — « Les médecins prennent une grande connaissance de la santé ou de la maladie d’un homme par l’inspection de sa langue, et nos paroles sont les vrais indices des qualités de nos âmes. » (S. Fr. de S.)

« Si quelqu’un ne fait pas de faute en parlant, celui-là est parfait. »

+ Que de fois on aurait occasion de répéter cette réflexion de Théocrite de Chio, un sujet d’un certain Anasimon, grand parleur, mais très inconsidéré dans son langage : « Voici un fleuve de paroles et une goutte d’esprit ! »

+ Saint Friard, de Nantes, exerçait dans sa jeunesse la profession de laboureur. Il ne pouvait souffrir dans ses compagnons aucune parole déshonnête. Lorsqu’ils s’en permettaient, il les reprenait avec force et s’ils ne s’en corrigeaient pas, il se retirait de leur société.

+ Saint Bernardin de Sienne avait une si grande horreur pour tout ce qui pouvait blesser la chasteté, que, lorsqu’il arrivait à quelqu’un de ses compagnons de tenir un propos un peu libre, il en rougissait pour lui. Sa seule présence les retenait dans les bornes de la plus grande honnêteté. Lorsqu’ils le voyaient venir à eux, ils disaient : « Voici Bernardin, prenons garde à ce que nous dirons. »

+ Par l’odeur de l’haleine et l’inspection de la langue, les médecins jugent qu’il y a de la corruption dans le foie ou dans l’estomac ; ainsi les paroles lascives sont une preuve certaine que le coeur est corrompu, suivant cette parole du Fils de Dieu : « La bouche parle de l’abondance du coeur. »

« La parole, dit-on, est comme l’ombre de l’action. Ainsi, de même qu’en voyant l’ombre on juge que le corps n’est pas loin, on peut dire, quand on entend des paroles déshonnêtes, qu’elles seront bientôt suivies d’actions sales et honteuses. » (D’Outreman.)

+ Pourquoi avons-nous une langue ? — Pour glorifier Dieu et sanctifier les autres par nos paroles. Saint Louis de Gonzague lisait la vie d’un saint ou un autre livre de piété, afin d’y trouver matière à s’entretenir avec ses condisciples. Avec les plus jeunes, il engageait la conversation sur des sujets pieux ; avec les anciens et les prêtres, il exposait ses doutes. Saint Berchmans avait établi l’usage de s’entretenir de choses spirituelles dans le noviciat dont il faisait partie ; et son couvent devint par là un sanctuaire de vertu. Qu’on dise de nous, comme on disait de saint Ignace : Cet homme regarde toujours le ciel et parle toujours de Dieu !

+ Parler peu. — Le coffre qu’on laisse sans serrure ne contient rien de bien précieux.

La noix creuse fait plus de bruit que la noix pleine.

Le tonneau qui résonne trop est vide.

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593. Si l’on était tenté d’offenser Dieu, que faudrait-il faire ?

Si l’on était tenté d’offenser Dieu, il faudrait recourir à Lui avec confiance et Lui demander la grâce de ne pas succomber à la tentation.

+ On lit dans la vie des saints, qu’un pieux solitaire eut une vision dans laquelle la terre lui apparut toute couverte de filets et de pièges, où les hommes étaient pris comme les oiseaux dans les lacets de l’oiseleur.

+ Un saint religieux disait : « Lorsque je remarque l’approche de la tentation, je me hâte de fermer les fenêtres et les avenues de mon coeur, par de pieuses méditations. Je place l’image de mon Sauveur crucifié devant la porte de mon coeur en guise de sentinelle. Et, quand la tentation frappe, je réponds : « Il n’y a point de place pour vous... c’est tout occupé. »

+ Saint François de Sales était encore enfant et étudiait à Paris quand il fut attaqué d’une tentation de désespoir si violente qu’il ne pouvait ni manger ni dormir ; il entra dans l’église de Étienne-des-Grès, où Marie est honorée sous le nom de Notre-Dame de Délivrance ; il se jeta aux pieds de Marie, récita le Souvenez-vous, fit diverses promesses et se releva guéri.

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594. Si l’on succombait à la tentation, devrait-on se décourager ?

Non, si l’on succombait à la tentation, on ne devrait pas se décourager ; mais il faudrait faire un acte de contrition à l’instant même, et ne pas tarder à se confesser.

PENSÉE. — « Mon fils, avez-vous péché, ne péchez plus, mais priez pour vos fautes passées, afin qu’elles vous soient pardonnées. » (Éccl., XXI, 1.)

+ Le maréchal Desaix disait à Marengo : « La bataille est perdue, il reste du temps pour en gagner une avant la fin du jour. » L’âme qui s’est laissé vaincre par le démon peut tenir le même langage et se relever pour combattre et vaincre.

+ Pendant la Révolution de 1793, on a vu un jeune homme faire un voyage de seize lieues pour trouver un prêtre et se confesser d’un péché mortel qu’il avait eu le malheur de commettre, tant il craignait que la mort ne le surprit en cet état. Ce jeune homme était sage. Mais le sont-ils ceux qui restent toute une année dans le péché mortel ?

+ Un jeune homme demandait un jour à un ancien Père, nommé Siloé, ce qu’il devait faire lorsqu’il était tombé. Celui-ci répondit : « Vous relever. — Eh ! reprit le jeune homme, je me suis relevé ; mais je suis retombé ! — Relevez-vous encore une fois ! — Mais combien de fois faudra-t-il me relever ? — Jusqu’à ce que la mort vous trouve debout ou couché. »

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595. Que doit-on faire dans les peines et dans les afflictions ?

On doit accepter avec résignation les peines et les afflictions pour expier ses péchés, et les offrir à Dieu en disant : Que votre volonté soit faite et non pas la mienne.

+ Saint Dominique dirigeait une sainte femme, nommée Bonne, atteinte d’un cancer qui lui rongeait la poitrine. Cette âme généreuse endurait non seulement avec patience. Même avec une grande joie, ses horribles souffrances. Un jour que le saint, assisté de quelques-uns de ses disciples, venait de lui donner la communion, un des vers qui rongeaient la plaie de la malade vint à tomber à terre. Dominique le prit dans sa main, et il se trouva changé en une pierre précieuse. C’est qu’en effet les croix de cette vie, supportées avec esprit de foi, se convertiront en pierres précieuses qui formeront notre couronne dans le ciel.

+ L’amiral de Durville, mort à Toulon le 24 septembre 1879, pendant sa dernière maladie dans un excès de grande douleur, montra à un membre de sa famille le crucifix qu’il portait constamment sur lui, en lui disant : « Je voudrais que ceux qui ont le malheur de ne pas croire fussent ici, je leur apprendrais que dans ce remède il y a une force que ne donne aucun remède. » Que ceux qui souffrent en fassent l’expérience.

+ Mgr de Ségur, cet homme vénérable, qui était, comme on sait, aveugle, a écrit : « Sur mille personnes qui sont aujourd’hui en enfer, je parierais qu’il y en a neuf cent quatre-vingt-dix qui seraient au moins en purgatoire, si elles avaient eu la chance d’être aveugles ou sourdes, ou paralytiques, ou affligées de quelque autre bonne grosse infirmité : et que, sur mille pauvres âmes qui souffrent énormément en purgatoire, il y en a au moins neuf cent quatre-vingt-quinze, qui jouiraient depuis longtemps des éternelles béatitudes, si quelque infirmité très désagréable les avait retenues sur la pente de la frivolité, des plaisirs mondains, de la coquetterie et de la gourmandise, etc. »

+ Dans un hameau situé au fond de la Castille, existe un vieillard qui a lutté sans cesse contre le malheur et n’a jamais perdu sa sérénité, n’a jamais accusé la Providence. Un de ses amis, admirant ce courage qui lui paraissait au-dessus de la nature humaine, lui demandait dernièrement s’il avait un secret pour vivre ainsi toujours satisfait. « Oui, lui répondit le vieillard, et je vais vous l’enseigner : je fais un bon usage de mes yeux, voilà tout. D’abord, dans quelque situation que je me trouve, je regarde le ciel ; sa vue me rappelle que ma principale affaire ici-bas est de mériter une place là-haut. Ensuite, je regarde la terre, et je songe à l’étroit espace qu’elle me réserve. Enfin, je regarde le monde, et j’observe qu’il y a beaucoup de gens qui ont plus de raisons que moi de s’estimer malheureux. Voilà tout mon secret pour conserver la paix. »

+ Un solitaire se plaignait d’être obligé d’aller loin puiser l’eau qui lui était nécessaire ; et il songeait à se faire une cellule tout près de la fontaine, lorsqu’en emportant son seau, il entendit qu’on comptait derrière lui. Il se retourne et aperçoit un ange qui lui dit : « Je compte tes pas, car pas un ne sera sans récompense. » Aimons donc nos croix de tous les jours, et gardons-nous d’en murmurer.

+ Quand saint André vit la croix où il devait être attaché, il s’écria rempli d’allégresse : O croix, si ardemment désirée, si tendrement aimée, je vais à vous plein d’assurance et de joie; séparez-moi des hommes et rendez-moi à mon maître ; que celui qui m’a racheté par vous me reçoive aussi par vous. »

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596. Comment doit-on finir la journée ?

On doit finir la journée par la prière du soir et l’examen de conscience.

+ Une mère de famille, respectable et pieuse, était désolée de voir son mari et son fils étrangers à toutes les pratiques de religion, et elle exprimait sa peine à un prêtre. «Madame, lui demanda-t-il, faites-vous la prière en commun dans votre maison ? — Non, répondit-elle, personne n’y assisterait. — Mais, au moins, vous pouvez exiger que vos domestiques y assistent ; commencez, essayez... » Elle le fit. Au bout de quelque temps, son mari fut curieux de savoir ce qui se passait dans cette réunion. Un soir, il resta et se tint assis durant la prière ; le lendemain il se mit à genoux ; bref, il contracta bientôt l’habitude de ce saint exercice. Le fils finit par y suivre son père, et en peu de temps toute la famille se réunit chaque soir avec bonheur au rendez-vous journalier. Plus tard, le père et le fils revinrent sincèrement à Dieu par la pratique de tous leurs devoirs religieux.

+ Saint François d’Assise avait établi une belle coutume dans ses couvents d’Espagne. Un religieux, à neuf heures du soir, s’en allait frapper à la porte de toutes les cellules, et criait aux frères qui s’y trouvaient de réciter encore un Pater pour ceux qui voulaient aller se coucher avec un péché mortel sur la conscience. N’oublions pas, dans nos prières, les pauvres pécheurs.

+ Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine, le père de Marie Leczinska, avait écrit de sa main ces résolutions : « Je jetterai un coup d’oeil le matin sur les affaires que j’aurai à faire, et plus encore sur ce que j’aurai à éviter. Le soir, j’aurai soin de me tourner vers Dieu, de lui demander les lumières nécessaires pour reconnaître mes fautes, d’en faire tous les jours la recherche par un examen, de lui en demander pardon, et de former la résolution de les éviter. » Apprenons de ce roi à faire le matin notre examen de prévoyance et le soir notre examen de conscience.

+ Le négociant, appliqué à ses affaires, ne donne aucun soin superflu à son livre de comptes, et cherche toujours à s’éclaircir d’avantage sur l’état de ses affaires. Remarque-t-il qu’il a éprouvé quelque perte sur un point quelconque, il se hâte de l’inscrire sur son livre. Pourquoi n’imiteriez-vous pas cette conduite, vous qui avez un négoce infiniment plus important, et pour qui il s’agit d’un gain ou d’une perte éternelle ? (S. Éphrem.)

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597. Est-il bon de faire la prière en commun ?

Oui, il est bon de faire la prière du soir en commun, et Dieu bénit les familles où cette pieuse pratique est en usage.

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598. Que faut-il faire en se couchant ?

Il faut se déshabiller modestement, faire le signe de la croix et se recommander à Dieu, à la Sainte Vierge et à son ange gardien.

 

+ La Sainte Vierge fut vue un jour se promenant dans un dortoir et donnant sa bénédiction aux religieuses qui avaient une tenue modeste, et détournant les yeux des autres avec indignation. (S. Léonard, Manuel sacré.)

+ Le Bienheureux Bonajuncta, un de ses sept fondateurs de l’ordre des Servites, après avoir dit la sainte Messe et étant encore revêtu des habits sacrés, faisait à ses confrères une instruction sur la passion. Arrivé à ces mots de l’Évangile : Ils le crucifièrent, il étendit les bras et les mains, comme s’il devait être attaché à la croix, prononça ces paroles : « Je remets, Seigneur, mon esprit entre vos mains », et rendit tout à coup le dernier soupir. Heureux ceux qui sont toujours prêts ! Malheur à ceux qui vivent dans la disgrâce de Dieu; malheur surtout s’ils sont surpris en cet état !

+ Sainte Claire de Montefalcone, encore enfant, pendant son sommeil s’était un peu découverte sans le vouloir. Sa soeur aînée l’en reprit, et l’enfant en fit une longue et rude pénitence, comme si c’eût été une faute énorme. Depuis lors, elle s’arrangeait pour dormir, de telle sorte, qu’il lui était impossible de se découvrir, et qu’aucun de ses membres ne pouvait toucher un autre membre nu. Notre-Seigneur aime tant la modestie et en particulier dans l’enfance et dans la jeunesse !

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Q U A T R I È M E    P A R T I E

 

L ‘ A N N É E    L I T U R G I Q U E

 

+ En 1876, le général de Sonis écrivait à un de ses amis : « Je ne sais rien de consolant comme la prière, rien de grand comme les cérémonies de l’Église, rien de beau, comme sa liturgie. Je n’ai jamais trouvé d’offices assez longs et j’ai toujours quitté l’église avec peine ; je puis dire que le temps que j’y ai passé est le meilleur de ma vie. »

+ Burcker, écrivain et romancier de ce siècle, après quelques écarts, redevint sérieusement chrétien. Une grande dame vint le visiter et lui fit des objections contre la doctrine catholique ; il n’eut pas de peine là-dessus à la convaincre. « Mais, ajouta-t-elle, les cérémonies, le culte extérieur de l’Église, comme c’est mesquin ! Avouez qu’il serait bien mieux de s’en passer. » Burcker, qui jusque-là avait été de la plus exquise courtoisie, se lève, prend la dame par la taille, et dit : « Oh ! Que tu as de l’esprit ! » La dame, indignée,

recule en disant : « Pour qui me prenez-vous ? Vous ignorez donc les premiers éléments de la politesse ! — Madame, répondit Burcker, pardonnez-moi de n’avoir pas compris que vous exigiez pour vous le culte extérieur, auquel vous attachiez tout à l’heure peu d’importance. » Le culte extérieur n’est autre chose que les formes de la politesse que l’homme doit à Dieu.

+ Quand Clovis, prêts à recevoir le Baptême, entra dans la cathédrale de Reims embaumée de parfums et éclairée de mille cierges, à la fin des cérémonies, en entendant les chants des psaumes , il demanda à saint Rémy qui le conduisait par la main si c’était là le royaume de Dieu dont il lui avait parlé. L’évêque lui répondit : que c’en était seulement la porte. Les cérémonies religieuses sont un avant-goût du ciel.

+ Sainte Thérèse était une enfant si fidèle de l’Église, qu’au moment de mourir, sa plus douce consolation, son plus ferme espoir était de pouvoir dire : « Je meurs comme une fille de l’Église catholique » ; elle l’aimait tant, écrivait-elle, qu’elle était prête à donner son sang et sa vie pour la moindre cérémonie de cette épouse de Jésus-Christ. ( Mehler.)

+ Mgr de Cheverus étant missionnaire en Amérique, marchait depuis huit jours au milieu d’une sombre forêts, lorsqu’un matin (c’était le dimanche), il entend dans le lointain des chants qui ne manquent ni d’ensemble ni d’harmonie. Il écoute, il avance, il distingue un chant qui ne lui est pas inconnu ; c’est la messe royale de Dumont dont retentissent dans nos belles solennités nos grandes cathédrales de France. Quelle charmante surprise ! quelles douces émotions ! Un peuple sauvage, sans prêtre depuis cinquante ans, est resté fidèle à la célébration du jour du Seigneur, et dans notre France civilisée, on a peine, hélas ! à fréquenter les saints offices même les grands jours de fêtes. Ah ! Ces pauvres sauvages se lèveront au jugement contre nous ! ( Vie de Mgr de Cheverus. )

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L E   T E M P S   D E   NOËL   E T   D E   L’ É P I P H A N I E

RÉCIT ÉVANGÉLIQUE — En ce temps-là, on publia un édit de César-Auguste, qui ordonnait de faire le dénombrement des habitants de la terre. Ce premier dénombrement se fit par Cyrinus, gouverneur de Syrie. Et chacun allait se faire enregistrer dans la ville dont il était originaire. Joseph, qui était de la maison et de la famille de David, partit donc de Nazareth, ville de Galilée, et vint en Judée, à la ville de David, appelée Bethléem, pour se faire enregistrer avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient en ce lieu, l’époque de l’enfantement arriva. Et elle mit au monde son fils premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie. Or, il y avait aux environs des bergers qui passaient la nuit dans les champs, et qui veillaient tour à tour à la garde de leurs troupeaux. Tout à coup un ange du Seigneur leur apparut, et une clarté céleste les environna, ce qui leur causa une extrême frayeur. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez point, car je viens vous annoncer une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie : c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et vous le reconnaîtrez à cette marque : vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. » Au même instant une troupe nombreuse d’Esprits célestes se joignit à l’ange et loua Dieu en disant : « Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » (S. Luc, ll.)

+ La fête de Noël doit être particulièrement chère aux Français. C’est en cette nuit de Noël de l’an 496 que Clovis, fondateur de la monarchie franque, reçut à Reims, des mains de saint Rémi, la grâce du Baptême, avec trois mille de ses soldats. En ce jour, la France chrétienne naquit à la foi, et les Pontifes de Rome lui donnèrent le nom de fille aînée de l’Église. (Mgr Cauly.)

+ Saint François Régis n’avait de préférence que pour les pauvres : « Venez, mes chers enfants, leur disait-il, vous êtes mon trésor et les délices de mon coeur. » Souvent il restait jusqu’au soir au confessionnal, entouré de pauvres, oubliant de prendre aucune nourriture, et quand on le lui reprochait, il répondait : « Quand je suis occupé auprès de ces pauvres gens, je ne puis penser à autre chose. »

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Récit Évangélique. — Jésus étant né à Bethléem, ville de Juda, au temps du roi Hérode des Mages vinrent de l’Orient à Jérusalem, et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer. » A cette nouvelle, le roi Hérode se troubla, et toute la ville de Jérusalem avec lui. Et, ayant assemblé tous les princes des prêtres et les docteurs du peuple, il leur demanda où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « A Bethléem, ville de Juda, car il a été écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, ville de Juda, tu n’es pas la moindre entre les principales villes de Juda ; car c’est de toi que sortira le chef qui doit gouverner mon peuple d’Israël. » Alors Hérode prit les mages en particulier, s’enquit d’eux avec soin du temps auquel l’étoile leur était apparue, et, les envoyant à Bethléem, il leur dit : « Allez, informez-vous de cet Enfant, et lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi l’adorer. » Après avoir entendu ces paroles du roi, ils partirent ; et en même temps, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était l’Enfant, elle s’y arrêta. Lorsqu’ils virent l’étoile, ils furent transportés d’une grande joie, et étant entrés dans la maison, ils trouvèrent l’Enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant ( on fléchit le genou), ils l’adorèrent. Puis ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe ; et, ayant reçu en songe un ordre du ciel de ne point aller retrouver Hérode, ils retournèrent dans leur pays par un autre chemin. (S. Mathieu,ll.)

+ Tirons le roi, mais comme cela se pratique dans des familles chrétiennes, afin de savoir quel sera le membre que le sort désignera pour aller adorer l’Enfant Jésus au nom des autres membres, et lui porter les voeux et l’amour de toute la famille, comme les Mages, nos pères dans la foi, furent désignés par le Ciel, pour aller adorer ce divin Enfant au nom des autres Gentils. N’oublions pas surtout dans la distribution du gâteau et dans l’innocent repas, de faire la part de l’Enfant Jésus, je veux dire, du pauvre qui le représente, et qui tient sa place au milieu de nous.

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+ Le nombre de quarante a toujours été consacré à la pénitence. — Dieu fit pleuvoir pendant 40 jours, à l’époque du déluge, pour donner aux hommes le temps de se repentir ; Moïse et Élie jeûnèrent pendant 40 jours ; — les Israélites errèrent 40 années dans le désert pour expier leurs crimes ; — Jésus-Christ jeûna 40 jours et 40 nuits dans le désert...

+ Un jour de carnaval, la Bienheureuse Marguerite-Marie faisait réparation à Notre-Seigneur pour les intempérances des mondains ; et Notre-Seigneur se montra à elle tout couvert de plaies, couronné d’épines et tel que Pilate le montra au peuple, en disant : Voilà l’Homme. La Bienheureuse le regarda toute pénétrée de compassion, et Notre-Seigneur lui dit : « Voilà ce que font les hommes en ce temps-ci. »

+ François de Borgia, duc de Candie, fut chargé d’accompagner, de Tolède à Grenade, le corps de l’impératrice Isabelle, femme de Charles V. À son arrivée, on ouvrit le cercueil, afin de reconnaître le corps, avant de le descendre dans le caveau de ses ancêtres. Cette princesse, qui avait fait par sa beauté l’admiration de la cour et presque de l’Europe, était dans un état affreux.

À ce spectacle, François se dit à lui-même : « Voilà donc la vie des créatures ; à quoi aboutissent les honneurs, les richesses, la beauté. Va, monde, qui n’a pas de biens plus solides, je ne veux plus de toi » ; et il se fit religieux, et il devint un saint. Que de jeunes gens, s’ils pensaient sérieusement à la manière dont tout finit en ce monde, iraient chercher leur salut loin de lui !

+ Saint Charles Borromée avait une tête de mort sur sa table, pour la considérer sans cesse. Le cardinal Baronius portait un anneau sur lequel étaient gravées ces paroles : Souviens-toi que tu dois mourir.

Le Révérend Père Juvénal Ancine, évêque de Saluces, avait aussi écrit sur une tête de mort ces mots : J’ai été ce que tu es, tu seras ce que je suis.

Un saint ermite, interrogé dans ses derniers moments pourquoi il était pénétré d’une joie si vive, répondit : « J’ai eu souvent la mort devant les yeux, et maintenant qu’elle vient à moi, je ne la vois pas comme un objet nouveau. » (Henry.)

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+ Sésostris, ayant vaincu plusieurs monarques, les traînait captifs à son char. Un de ces derniers, regardant attentivement la roue du char royal, Sésostris lui demanda pourquoi il la considérait ainsi : « Je songe, en la voyant, que ce qui est au sommet tombe vite dans la boue, et que ce qui est dans la boue se relève bien vite. Ainsi en est-il du char de votre fortune ; aujourd’hui vainqueur, vous pouvez être captif demain. » Sésostris réfléchit à cette parole et il mit les captifs en liberté. Ne nous laissons pas enfler par la prospérité, ni abattre par le malheur.

+ On lit dans la vie de saint Jean l’Aumônier, qu’au temps où il siégeait à Alexandrie, cinq ouvriers marbriers s’approchaient des empereurs, au milieu de la pompe de leur couronnement, et leur présentaient chacun un bloc de marbre de diverses couleurs, les priant de choisir celui qu’ils préféraient pour leur mausolée.

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+ « D’où vient que vous ne vous fâchez jamais, et que vous ne paraissez jamais ému quoi qu’on puisse vous dire, et quelque chose qu’on vous fasse ? » disait à saint Elzéar, comte d’Arlan en Provence, sa vertueuse épouse ; il lui fit cette réponse : « Comment pourrais-je me fâcher contre quelqu’un et former des plaintes, lorsque je pense de quelles ignominies Jésus-Christ mon Sauveur a été rassasié pour moi ? Que d’affreux tourments il a endurés pour mon salut ? La seule pensée de ses souffrances et de la charité admirable qu’il a eue pour ceux qui l’ont fait souffrir et mourir, me couvre de confusion en voyant que je ne souffre rien pour lui. » (Surius. )

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+ Philippe Beneti, qui était presque mourant, disait : « Donnez-moi mon livre. — Quel livre demandez-vous », lui dit un de ceux qui étaient présents ? Mais un autre des assistants ayant montré le crucifix : « Oui, voilà mon livre ; c’est là mon livre. » Après l’avoir baisé très respectueusement et avec beaucoup d’amour, il rendit le dernier soupir.

+ Un seigneur espagnol avait été assassiné ; sa veuve garda ses vêtements tout teints de son sang et à mesure que ses enfants grandissaient, oubliant qu’un chrétien doit pardonner, elle les leur montrait afin de les exciter à la vengeance. L’Église, notre mère, a gardé aussi la croix du Sauveur teinte de son sang ; elle nous la montre pour nous exciter à une vengeance sainte, à la haine du péché qui a fait mourir son divin Époux. Guerre au péché, à la vue de la croix.

+ À la tête de 600,000 croisés, Godefroy de Bouillon entra victorieux à Jérusalem, et fut acclamé roi de la sainte cité. Mais, quand on voulait lui mettre une couronne d’or sur le front : « À Dieu ne plaise, dit-il, que je porte une couronne d’or là où le Roi des rois fut couronné d’épines. » Ah! elles ne pensent pas à Notre-Seigneur, celles qui chargent leur tête de vains ornements.

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Récit Évangélique. — En ce temps-là, Marie-Magdeleine, Marie, mère de Jacques et Salomé, achetèrent des aromates, pour aller embaumer Jésus. Et le premier jour de la semaine, étant parties de grand matin, elles arrivèrent au sépulcre au lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous ôtera la pierre de l’entrée du sépulcre ? » Mais, en y regardant, elles virent que cette pierre, qui était fort grande, avait été ôtée. Puis, entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme, assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche, et elles en furent effrayées. Mais l’ange leur dit : « Ne craignez point ; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié : il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où on l’avait mis. Allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il les précédera en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. » (S. Marc, XVI.)

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+ Saint Louis de Gonzague, apprenant des médecins qu’il n’avait que huit jours à vivre, en eut tant de joie, qu’un de ses compagnons étant entré dans sa chambre, il l’invita à réciter avec lui un Te Deum d’actions de grâces. Il écrivit à la marquise sa mère : « Si la charité se réjouit avec ceux qui se réjouissent vous apprendrez avec joie, celle que j’ai moi-même de toucher au terme où l’on ne craint plus de perdre Dieu. Je vous conjure de ne pas manquer de reconnaissance envers l’infinie bonté du Seigneur ; ce que vous feriez assurément, si vous pleuriez celui qui va vous attendre dans le vrai séjour des vivants. » Comme les saints, désirons le ciel ; là plus de peine, et surtout plus de risques de perdre Dieu.

+ Apercevant l’illustre astronome Leverrier, l’évêque de Coutances s’avança vers lui pour le féliciter de la découverte qui avait rendu son nom célèbre dans toute l’Europe. On peut dire, lui dit l’évêque, que vous vous êtes élevé non pas jusqu’aux nues, mais jusqu’aux astres. — Monseigneur, répondit l’illustre savant, je médite une autre entreprise plus importante encore, j’ai l’ambition de m’élever au-dessus des astres et d’aller jusqu’au ciel. J’espère que Votre Grandeur, pour faciliter mon entreprise, ne me refusera pas le secours de ses prières. »

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+ Le Dauphin, père de Louis XV, se trouvant à Strasbourg pour la fête du Saint Sacrement, assista à la procession avec une telle piété, que le peuple en fut saisi, et plusieurs protestants, à cette vue, se firent catholiques. On disait communément que sa piété avait converti plus de monde à la cour, que les sermons de Bourdaloue.

+ Pendant son ambassade à Paris, sous la régence, le fameux lord Stair, dont l’extrême fierté fut assez connue, avait défendu à son cocher de céder le pas. Il l’eût disputé au régent lui-même. Un jour son carrosse traverse une rue de Paris, où il rencontre le Saint Sacrement. Aussitôt le colonel Young baisse la glace et lui demande s’il trouve bon de laisser passer le Saint Sacrement : « Certainement, répliqua l’ambassadeur, mais personne autre. » Alors, quoiqu’il fût de la religion protestante, il ouvre la portière, descend et rendant hommage à la religion du pays, il s’agenouilla dans la rue. ( Mor. en act. )

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+ Au XVIIe siècle vivait, au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, en Charolais, une pieuse religieuse nommée Marguerite-Marie Alacoque. Cette âme vertueuse, un jour de l’octave de la Fête-Dieu, était en adoration devant le Saint Sacrement, lorsque Jésus-Christ se fit entendre à elle et lui dit, en lui montrant son Coeur adorable : « Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes, et qui est allé jusqu’à s’épuiser pour leur témoigner son amour. Pour reconnaissance, je ne reçois, de la part des hommes, que des ingratitudes, par les mépris, les irrévérences, les sacrilèges et la froideur qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. Et ce sont des coeurs qui me sont consacrés qui me traitent ainsi : c’est pour cela que je te demande que le premier vendredi après l’octave du Saint Sacrement, soit consacré à célébrer une fête particulière pour honorer mon Coeur, en lui faisant réparation par une amende honorable, communiant ce jour-là pour réparer les indignes traitements qu’il a reçus pendant le temps qu’il a été exposé sur les autels. » Le Sauveur promit à son humble servante les grâces les plus signalées.

+ P e s t e d e M a r s e i l l e. — En 1720 et 1721, Marseille était ravagée par la peste. Dévouement, prières, supplications, rien n’apaisait la colère du ciel, lorsque le pieux et excellent évêque, M. De Belzunce, qui avait eu des communications avec les religieuses de la Visitation de Moulins, conçut l’idée de donner son diocèse au Sacré Coeur de Jésus. Il fit une procession, pieds nus, et immédiatement le fléau cessa. (Lacordaire.)

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+ Les Turcs ont un tel respect pour leurs mosquées qu’ils ne passent jamais devant sans en donner quelque marque extérieure : un cavalier qui ne descendrait pas de cheval en passant devant serait rigoureusement puni ; ils n’y entrent que nu-pieds, les mains jointes et dans un profond recueillement. Ils y sont si attentifs et si modestes qu’ils semblent être plutôt des religieux que des barbares ; ils donnent plusieurs fois du front en terre pour s’humilier en la présence de Dieu. Pendant tout le temps qu’ils sont en prière, vous n’en verrez pas un seul qui ose tourner la tête. C’est un crime de dire un mot à un autre ; aussi est-ce une chose inouïe de voir deux Turcs parler ensemble pendant le temps de l’oraison. Quelque chose que l’on dise à un Turc lorsqu’il est en prière, il ne répond pas ; on le maltraiterait, qu’il ne regarderait pas qui l’a frappé. Ah ! Que ces infidèles donneront un jour de confusion aux chrétiens qui font leurs prières avec si peu d’attention et avec tant d’immodestie !

Quelle leçon pour des chrétiens instruits de leur religion !

+ Tertullien raconte que les premiers chrétiens se tenaient à l’église comme les anges au ciel. Si l’un d’eux s’oubliait jusqu’à dire une parole, son voisin se tournait de son côté, et, mettant un doigt sur la bouche, lui disait à voix basse : « Dominus videt, Dominus reddit. Prenez garde ! Le Seigneur voit tout, et il rend tout ! »

+ Un vieillard chinois vint un jour trouver un missionnaire, et le pria de faire bâtir une église dans son village. Le Père lui dit qu’il n’avait pas les fonds nécessaires. « Je vous aiderai, dit le vieillard. — Mais il faudrait au moins deux mille écus, reprit le prêtre, qui, le voyant mis très pauvrement, comptait peu sur sa générosité. — Je les ai à votre disposition. — Comment cela ? — Je pense au besoin que nous avons d’église depuis quarante ans, et depuis lors me retranchant tout ce qui n’était pas nécessaire pour la nourriture et le vêtement, j’ai mis de côté cette somme. » Dieu doit réserver une belle place dans sa maison à ceux qui contribuent à lui élever ici-bas une demeure digne de Lui.

+ Alexandre le Grand fit un jour immoler un taureau à une idole. Un jeune noble qui tenait un flambeau allumé à la main n’osa pas le jeter avant la fin du sacrifice, bien qu’il lui brûlât la main.

+ On priait un jour une pieuse impératrice de se ménager pendant le saint sacrifice : «Comment, dit-elle, aucun de mes serviteurs n’ose s’asseoir en ma présence, et j’oserais le faire devant mon Seigneur et mon Dieu ! »

+ Les plus grandes églises du monde sont : Saint-Pierre de Rome contenant cent mille hommes, Saint-Paul-hors-les-Murs (40,000), le Dôme de Milan (37,000), les cathédrales de Cologne et de Strasbourg (30,000), l’église de Saint-Maurice-Saint-Étienne à Vienne (12,000).

 

+ La plus haute est celle de Cologne dont le dôme s’élève à 156 mètres. Celui de Strasbourg à 142 mètres, celui de Vienne 137 mètres, Saint-Pierre de Rome 136 mètres.

+ Les plus grosses cloches : Celle de Cologne qui pèse 27,000 kilog. Celle de l’église du Sacré-Coeur de Montmartre est presque aussi grosse. L’église Saint-Étienne, à Vienne, a une cloche de 50,000 kilog., d’une hauteur de 7 mètres et d’un diamètre de 6 mètres.

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+ C’était en Crimée, en 1855 ; dans un dernier conseil de guerre, le général en chef Pélissier, avait décidé qu’un assaut suprême serait livré à Sébastopol, le 8 septembre. Après le conseil, un des généraux français, plus vaillant en face des Russes que contre le respect humain, vint trouver le futur duc de Malakoff et lui adresse de discrètes, mais pressantes observations sur le choix de l’époque de l’assaut.

Peut-être les Anglais, fanatiques adversaires du papisme, verraient-ils dans la désignation du 8 septembre, jour de la Nativité de la Mère de Dieu, une coïncidence préméditée frisant la dévotion. Peut-être serait-il bon ne pas exposer l’armée française au reproche de bigoterie.

« Laissez-moi donc tranquille, répliqua avec sa vivacité ordinaire le général Pélissier. Si les Anglais n’aiment pas la Sainte Vierge, ce sont des imbéciles ; voilà tout. Un roi de France a consacré la monarchie à Marie ; je veux vouer spécialement l’armée française que je commande à cette bonne Madone ! Ma date dévote est bien et dûment choisie.

Sébastopol fut pris le 8 septembre !

Nous devons la connaissance de ce fait à Mgr Pavy, évêque d’Alger, qui le tenait de la bouche même du maréchal.

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+ À Paris, dans son apparition à soeur Catherine Labouré, fille de la Charité (1830), Marie portait trois anneaux ornés de brillants à chaque doigt des mains, quinze anneaux par conséquent à chaque main, comme pour approuver le Rosaire vivant récemment institué, dans les associés d’alors, pour réciter leur dizaine, se servaient de bagues dites bagues à chapelet.

À la Salette (1846), elle apparaît ayant des roses blanches au bas de la robe, des roses rouges sur le bord du voile qui recouvrait la poitrine où était un crucifix avec les instruments de la Passion. Elle recommande aussi aux enfants la récitation du Pater et de l’Ave Maria.

À Lourdes surtout (1858), Marie manifeste très sensiblement sa prédilection pour le Rosaire. Elle apparut sur un rosier sauvage, ayant une belle rose d’or sur chaque pied. Elle porte le chapelet au bras à chaque apparition et dit de prier, semblant indiquer le mode de prière qu’elle préférait : le Rosaire, etc.

À Pontmain (1871), dans l’apparition qui a duré trois heures, pendant que M. Le Curé faisait réciter le chapelet, la Très Sainte Vierge, dirent les quatre enfants témoins de la vision, grandit en proportion et en beauté d’une manière ineffable.

Enfin, à Pellevoisin (1876), elle apparaît quinze fois dont trois au milieu d’une guirlande de roses aux trois couleurs symboliques des mystères du Rosaire.

+ Le docteur Récamier, qui a été peut-être la plus grande célébrité de notre temps, avait toujours un chapelet avec lui, et il le récitait en allant visiter ses malades : « Quand je trouve la médecine impuissante, disait-il, je m’adresse à celui qui sait tout guérir, seulement, j’y mets de la diplomatie, je prends la Sainte Vierge pour intermédiaire. »

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+ Un jour, saint Louis, roi de France, appelant un seigneur de sa cour, lui dit : « Joinville, répondez-moi, quelle est la chose si bonne sur la terre que meilleure ne saurait être ?

— La chose si bonne sur la terre que meilleure ne saurait être, répondit Joinville, c’est un bon père ! » Et le roi trouva que le grand seigneur avait bien répondu. Aimons saint Joseph !

+ L e t t r e d e s c h r é t i e n s d e L y o n a u x É g l i s e s D’A s i e. — «Inutilement essayerions-nous, y est-il dit, de dépeindre notre situation présente, et de donner une juste idée de la rage des idolâtres et des tourments qu’ils font souffrir aux Saints. Mais la grâce divine, supérieure à toutes les puissances de l’enfer, a retiré les faibles de la tentation, et n’a envoyé au combat que ceux qui, par leur patience, étaient en état de paraître inébranlables comme autant de colonnes de la foi.

« D’abord assaillis par le peuple furieux, ils se virent en un instant saisis, frappés, traînés par les rues, accablés de pierres, pillés, emprisonnés, abandonnés à toutes sortes d’excès. Ensuite les magistrats ordonnèrent qu’il fût procédé contre eux juridiquement, et qu’ils fussent interrogés sur la place publique. Alors s’opéra le discernement de ceux qui étaient dignes de souffrir d’avec ceux qui n’étaient pas préparés pour l’assaut. Les uns fournirent la carrière avec autant de joie que de gloire ; tandis que les autres, effrayés à la vue de ce qu’on leur préparait, déposèrent les armes et se rendirent. Il y en eut dix qui apostasièrent, sujet d’une amère désolation pour nous tous.

« Les premiers d’entre les fidèles contre qui s’exerça la barbarie du gouverneur, des soldats et du peuple, furent le diacre Sanctus, natif de Vienne ; Maturus, encore néophyte ; Attale de Pergame, et une jeune esclave nommée Blandine, dont la complexion faible et délicate nous inspirait les plus vives craintes pour sa persévérance. Les bourreaux épuisèrent contre eux tous les efforts de la rage et tous les genres de tortures, sans pouvoir en arracher autre chose que ces mots : « Nous sommes chrétiens. » Forcés de s’avouer vaincus, ils les reconduisirent en prison.

« Après eux, fut amené le vénérable Pothin, évêque de Lyon. C’était un vieillard presque centenaire, si faible et si infirme qu’il pouvait à peine respirer ; mais un ardent désir de mourir pour Jésus-Christ ranima ses forces et sa vigueur. Il fut traîné devant le juge pour subir son interrogatoire ; une multitude innombrable de peuple le suivait en poussant des cris de mort, en l’accablant d’injure avec autant d’acharnement que s’il eût été Jésus-Christ en personne. Sommé par le gouverneur de dire quel était le Dieu des chrétiens, il lui répondit qu’il le saurait lorsqu’il en serait digne. Là-dessus, il fut violemment tiré de tous côtés et traité avec la dernière inhumanité. Ceux qui étaient auprès lui assénaient de rudes coups, sans respect pour son âge ; ceux qui se trouvaient éloignés lui jetaient tout ce qui se trouvait sous leurs mains, s’imaginant qu’il y aurait crime énorme à lui témoigner la moindre compassion dans une circonstance où l’honneur de leurs dieux semblait intéressé. Pothin, qui n’avait plus qu’un souffle de vie, fut reconduit dans sa prison, où il expira le surlendemain.

« Vint enfin le jour où les proscrits devaient réjouir le peuple par le spectacle de leur mort. On amena dans l’amphithéâtre Maturus, Sanctus, Blandine et Attale, pour les livrer aux bêtes. Les deux premiers, après avoir été soumis à de nouvelles tortures, horriblement flagellés, traînés par les bêtes autour de l’enceinte, furent assis sur la chaise de fer rougie au feu, sans répondre autre chose que ces mots : « Nous sommes chrétiens », furent égorgés. Attale eut à subir le même sort, ainsi que le médecin Alexandre, Phrygien de naissance, qui, jusqu’au dernier soupir, encourageait du geste et de la voix ses compagnons de souffrances. Quant à Blandine, après avoir été inutilement exposée une première fois à la fureur des bêtes, qui s’étaient montrées moins féroces que les hommes, elle fut de nouveau amenée dans l’amphithéâtre avec un jeune chrétien de quinze ans nommé Pontique, battue de verges, déchirée par la dent des tigres, mise dans la chaise brûlante, puis enveloppée d’un filet et jetée à une vache sauvage furieuse qui la lança plusieurs fois en l’air, lui meurtrit et perça tout le corps à coups de cornes, jusqu’à ce qu’elle eût achevé de la tuer. Ainsi périt, après quarante-sept autres chrétiens mis à mort de différentes manières, cette jeune fille dont les païens eux-mêmes ne pouvaient s’empêcher d’admirer le courage et la constance, et de convenir qu’il ne s’était jamais rencontré parmi eux de femme qui eût souffert une si étrange et si longue suite de tourments. »

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+ Napoléon, pour enflammer l’ardeur de ses soldats, leur disait en Égypte : « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent. » Et nous, nous avons au ciel une nuée de témoins, qui nous regardent et qui nous excitent à remporter la victoire. Élançons-nous donc dans l’arène et triomphons du démon et du péché.

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+ « Le bon livre d’examen qu’une tombe ! Comme on y lit des vérités, comme on y trouve des lumières ! Comme les illusions, les rêves de la vie s’y dissipent et tous les enchantements ! Au sortir de là, le monde est jugé, on y tient moins. Il n’est pas de danseuses qui ne quitte sa robe de bal et sa guirlande de fleurs ; pas de jeune fille qui n’oublie sa beauté, personne qui ne revienne meilleur de cette terre des morts. » (Eugénie DE Guérin.)

+ Le curé de Saint-Exupère, à Toulouse, était mort récemment. Ses paroissiens, se conformant à ses désirs, se sont abstenus de déposer des fleurs sur sa tombe, mais ils ont fait célébrer des centaines de messes pour le repos de son âme. Voilà qui est vraiment chrétien.

Au lieu d’envoyer des fleurs à la famille d’un ami défunt, envoyons-lui une couronne spirituelle de messes, de communions, de prières et de bonnes oeuvres.

Ci-joint modèle d’une lettre qu’on peut envoyer en pareille circonstance :

« M...

« Nous vous prions d’agréer l’expression de nos sentiments de douloureuse sympathie pour la perte cruelle que vous venez d’éprouver.

« Nous ne vous offrirons pas de fleurs. Nous croyons mieux entrer dans vos intentions chrétiennes en faisant célébrer... messe pour le repos de l’âme de M.

« De profundis. »

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FIN