L E Ç O N   VII

 

L’Eucharistie

 

433.    Qu’est-ce que l’Eucharistie ?

L’Eucharistie est un sacrement qui contient réellement le corps, le sang, l’âme et la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ sous les espèces ou apparences du pain et du vin. 

 

+  Il est rapporté dans la vie de saint Louis, roi de France, qu’un prêtre célébrant la messe dans la chapelle du palais, tomba en extase, au moment où la consécration fut faite.  Ceux qui entendaient la messe, virent avec la plus grande surprise, entre les mains du prêtre le plus beau et le plus aimable des enfants.  Saint Louis étant fort proche de l’endroit, on vint l’avertir du miracle; on le pria de venir lui-même en être témoin; il répondit : « Je crois si réellement que Jésus-Christ est présent dans l’Eucharistie, que je n’ai pas besoin d’aller voir ce miracle pour m’en persuader; je l’y crois plus fermement que si je l’y voyais; et je ne veux pas le voir pour ne pas perdre le mérite de ma foi. »  (De Montreuil.) 

 

+  Un voleur sacrilège s’étant glissé dans une église de Turin, en dépouilla le Tabernacle, et chargea son cheval de tous les vases sacrés dont il n’avait pas eu horreur de renverser les saintes hosties.  A l’aube du jour, il se disposait à s’en aller, lorsque tout à coup son cheval s’abattit et tomba sur les pieds de devant; les coups redoublés du voleur ne purent le faire relever.  On s’assemble, on l’entoure; peu à peu, on se doute de quelque chose d’extraordinaire, et l’on porte les mains sur sa charge.  A peine y a-t-on jeté un coup d’œil, ô crime! Ce sont les vases sacrées qu’on aperçoit.  Et à l’instant une hostie adorable, qui était restée cachée au fond du saint ciboire, s’échappe et s’élève toute rayonnante dans l’air à plus de seize mètres d’élévation.  Le bruit du miracle se répandit bientôt dans toute la ville; l’archevêque convoqua immédiatement une procession générale à la tête de laquelle il vint lui-même.  En présence de toute la ville assemblée, il présenta un calice à la sainte hostie, qui y descendit perpendiculairement, et on la porta à Saint-Jean, l’église métropolitaine de Turin.  En mémoire de ce grand événement, une magnifique église a été bâtie sur la place même; on y voit encore aujourd’hui une balustrade, au fond de laquelle on lit ces mots en latin : hic stetit equus (c’est ici que s’arrêta le cheval).  Chaque année le diocèse célèbre ce prodige par une fête, et la ville de Turin, en particulier, par une procession solennelle.  Cet événement prodigieux, consigné dans les archives municipales, eut lieu en 1453, le 6 juin, sous le pontificat de Nicolas V, et le règne du comte Louis de Savoie. (Hauterive.)

 

+  Après la consécration, le curé d’Ars, étant petit enfant, ayant levé la tête, vit Notre-Seigneur sous une forme humaine. 

 

+  Witikind, chef saxon, fut témoin d’une semblable apparition.  Il se glissa un jour dans une assemblée de chrétiens, et vit Jésus, au moment de la consécration, sous la forme d’un petit enfant. 

 

+  Henri IV avait une foi vive en la présence réelle.  Rencontrant un jour près du Louvre un prêtre qui portait le Saint Sacrement, il se mit à genoux. « Sire, lui dit le duc de Sully, un protestant, est-il possible que vous adoriez cela? --- Oui, vive Dieu, j’y crois, et il faut être fou pour ne pas y croire; je voudrais qu’il m’eût coûté un doigt de la main et que vous y crussie : comme moi. »

 

+  Un jour, une hostie sainte est vendue à un juif qui s’est promis d’en faire le jouet de sa fureur.  Il la foule aux pieds, elle se relève d’elle-même et demeure suspendue dans l’espace; il la plonge dans l’huile bouillante, elle en sort intacte et pure comme si elle sortait des vases du tabernacle; il l’étend sur une table et la perce à coups de couteau, mais le sang coule à grands flots sous ce couteau déicide; voilà ce que tout Paris a vu au siècle de saint Louis.  (Besson.) 

           

434.    Quand Jésus-Christ a-t-il institué l’Eucharistie ?

Jésus-Christ a institué l’Eucharistie le Jeudi-Saint, veille de sa mort. 

 

+  Quand Louis XVI fut sur le point de sortir de sa prison pour aller à l’échafaud, il trouva sur le seuil de sa porte, à genoux et en larmes, son fidèle serviteur Cléry.  Le roi aurait voulu lui laisser un souvenir, mais lequel?  Il n’avait ni or, ni argent; mais en eût-il eu des monceaux, il ne lui en aurait point donné, car il y a des services qui ne se payent point de cette manière.  Il hésita un moment; puis, portant la main à son front, il détacha une mèche de ses cheveux, blanchis dans l’infortune, et il la lui remit comme le souvenir le plus grand et le plus précieux que même un roi puisse laisser à son serviteur.  C’est là, en effet, le dernier mot de l’homme dans le souvenir.  Là expire son pouvoir, mais là ne s’arrête pas son cœur…  Eh bien! ce que nous ne pouvons pas faire Jésus-Christ l’a réalisé.  (L’abbé Bougaud, Le Christianisme et les temps présents.) 

 

435.    Comment Jésus-Christ a-t-il institué l’Eucharistie ?

Jésus-Christ prit d’abord du pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses apôtres en leur disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps. 

 

   Récit évangélique. --- « Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin.  Il envoya alors deux de ses disciples pour préparer la cène.  Le soir étant venu, il se rendit avec ses apôtres au lieu où on l’avait préparée; il se mit à table avec eux, et il leur dit : « J’ai désiré avec ardeur de manger cette pâque avec vous avant de « souffrir.  Car je vous déclare que voici la dernière fois que nous mangeons ensemble, « jusqu’au moment où nous serons réunis dans le royaume des cieux. »  Après la cène, il se leva de table; il ôta son habit; il se ceignit d’un linge; versa de l’eau dans un bassin, et se mit à laver les pieds à ses apôtres.  Ce qu’ayant fait, il se remit à table, et leur donna ses derniers avis.  Puis il prit du pain, et l’ayant bénit, il le rompit, le divisa en plusieurs morceaux et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez et mangez, car ceci est mon « corps qui sera livré pour vous. »  Il prit ensuite un vase dans lequel il y avait du vin, et après avoir de nouveau rendu grâces à son Père céleste, il le bénit, et le donna à ses disciples, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang qui sera répandu pour la « rémission des péchés; faites ceci en mémoire de moi »  (Mat.,XXVI; Marc.,XIV; Luc, XXII; Joan.,XIII.)

 

436.    Que fit ensuite Jésus-Christ ? 

Jésus-Christ prit ensuite le calice où il y avait du vin, le bénit et dit à ses apôtres : Prenez et buvez, ceci est mon sang; faites ceci en mémoire de moi.

 

+  Le P. Ventura raconte : Une dame protestante, qui croyait bien qu’on lui avait appris l’Évangile, nous dit un jour en société : « Votre dogme de la présence réelle est exorbitant.  S’il était vrai, Christ n’aurait pas manqué de le révéler en des termes, tels qu’il eût été impossible de leur donner le sens métaphorique que nous autres protestants nous y voyons.  Il aurait dû dire : « Faites-y bien attention, ma chair est une véritable nourriture, mon sang est une véritable boisson; voilà mon corps, voilà mon sang. » --- Quel malheur pour vous, madame, et pour vos coreligionnaires, qu’en saint Mathieu, en saint Jean et en trois autres auteurs sacrés, Jésus-Christ ait effectivement dit tout cela et précisément dans les mêmes termes !  Le moyen donc, selon vous, de nier le dogme de la présence réelle? »  La dame rougit; par égard, on coupa court à la discussion, et l’on parla des nouvelles de Crimée. 

 

437.    Que fit Jésus-Christ par ces paroles :  Ceci est mon corps, ceci est mon sang ?

Par ces paroles : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », Jésus-Christ changea le pain en son corps et le vin en son sang. 

 

438.    Pourquoi Jésus-Christ ajouta-t-il :  Faites ceci en mémoire de moi ?  

Jésus-Christ ajouta : « Faites ceci en mémoire de moi », pour donner aux apôtres et à tous les prêtres le pouvoir et l’ordre de changer, comme lui, le pain en son corps et le vin en son sang. 

 

439.    Quand se fait le changement du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ ?

Le changement du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ se fait maintenant à la messe, quand le prêtres prononce les paroles de la consécration. 

 

   Comparaison. --- De même que le fer rouge prend la nature du feu, de même la substance du pain et du vin se change en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ, dès que le prêtre a prononcé, durant la sainte messe, sur le pain et le vin, ces paroles : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang. »  (Lohn, Bibl. Conc.) 

 

440.    Après la consécration reste-t-il encore du pain et du vin sur l’autel ? 

Non, après la consécration, il ne reste plus sur l’autel ni pain ni vin; il n’en reste que les espèces ou apparences. 

 

+  Saint Wenceslas, roi de Bohême, avait une grande dévotion pour le saint sacrifice.  Non seulement il y assistait tous les jours, mais il allait cueillir de ses propres mains le blé et le vin nécessaires au sacrifice.

 

+  Jean, charmant bébé de six ans, rentrant de promenade, vit dans un couvent où sa mère le conduisait, la supérieure des religieuses découper des hosties qui avaient été faites le matin.  La figure de l’enfant devint subitement sérieuse, suavement recueillie; puis, avec des précautions minutieuses pour ne pas la briser, il prend une des hosties entre ses doigts, la baise avec un respect et un sourire d’ange.  « Mais, mon petit Jean, dit la mère supérieure, le bon Jésus n’y est pas. --- Oh! ma mère, répond l’enfant, je le sais bien; mais demain, à la messe, le bon Jésus viendra et je veux qu’il trouve là le baiser du petit Jean. » 

 

441.    Qu’entendez-vous par les espèces ou apparences du pain et du vin ? 

Par les espèces ou apparences du pain et du vin, j’entends ce qui apparaît à nos sens, comme la couleur, la forme et le goût du pain et du vin. 

 

442.    N’y a-t-il que le corps de Jésus-Christ sous l’espèce du pain, et que son sang sous l’espèce du vin ?

Non, Jésus-Christ est tout entier sous l’espèce du pain, tout entier sous l’espèce du vin, et tout entier même sous la plus petite partie des espèces. 

 

+  Observez ce qui a lieu lorsque vous venez à casser un miroir.  Avant qu’il ne soit cassé votre image y est reflétée; mais, après qu’il est en morceaux, votre image n’est pas brisée, mais multipliée, et elle est aussi complète dans chaque fragment qu’elle l’était dans le miroir entier.  (Hauterive.)

 

+  De même que, dans la petite prunelle de l’œil se trouve l’image d’une contrée entière, ainsi se trouve Jésus-Christ tout entier dans la plus petite hostie. 

 

443.    Pourquoi Jésus-Christ a-t-il institué l’Eucharistie ?

Jésus-Christ a institué l’Eucharistie : 1e pour demeurer toujours présent parmi nous; 2e pour être la nourriture de nos âmes par la communion; 3e pour continuer par la sainte messe le sacrifice de la croix. 

 

444.    Quels sont nos devoirs envers Jésus-Christ présent dans l’Eucharistie ? 

Nos devoirs envers Jésus-Christ présent dans l’Eucharistie sont de le remercier de sa présence, de l’adorer et de le visiter souvent.

 

   Pensée. --- « Non, il n’est pas de nation si privilégiée qui ait des dieux qui l’approchent de si près, et se familiarisent avec elle comme le fait notre Dieu avec nous. »  (Deut., IV, 7.)

 

+  Un jour, accablé par le découragement, qui était sa tentation la plus habituelle, Ozanam, un des littérateurs de ce siècle, entra dans l’église de Saint-Étienne-du-Mont.  Mais voici que, dans un coin reculé, un homme agenouillé priait dans un profond recueillement.  Ozanam l’avait reconnu.  C’était Ampère, Ampère, devenu le plus illustre savant du monde, le grand génie qui a découvert la théorie des actions électro-dynamiques, et avait pris rang à côté de Képler et de Newton, dans la connaissance et l’admiration des hommes.  À la vue de cet homme prosterné, Ozanam se prit à rougir de sa lâcheté; et la foi dont s’honorait Ampère vint affermir son courage ébranlé. 

 

+  La comtesse Féria avait pris l’habit de sainte Claire, et ses délices étaient de demeurer au pied des autels.  Une dame de ses parentes lui demandait ce qu’elle faisait durant ces longues heures.  « Ah! dit-elle, j’y demeurerais toute l’éternité !  Mais que n’y fait-on pas : on aime, on loue, on remercie, on prie.  Que fait le pauvre devant le riche, le malade devant le médecin, l’altéré à une source pure ? »

 

+  Il y a quelque temps, un ministre protestant conduisait sa petite fille de cinq ans dans une église catholique.  L’enfant aperçoit la lampe du sanctuaire et dit à son père : « Papa, pourquoi cette lampe ? --- C’est que Jésus est là, répond le père. --- Je veux voir Jésus ! --- Mais tu ne peux pas, il est enfermé derrière cette porte dorée. --- Papa, je veux voir Jésus, continue la petite fille… --- Mais tu ne peux pas le voir, quand même la porte serait ouverte, car il est enveloppé d’un manteau blanc. »  Le ministre et sa fille continuent leur promenade.  Ils entrent dans une église protestante; l’enfant cherche la lampe.  « Papa, il n’y a donc pas de lampe ici ? --- Non, mon enfant ! --- Pourquoi donc ? --- Parce que Jésus n’est pas là ! --- Oh ! moi, je veux être où est Jésus ! »  Quelques jours après, le ministre qui se sentait déjà incliné vers le catholicisme, envoyait sa démission de pasteur à l’évêque anglican et entrait dans la religion catholique avec sa femme et ses enfants.  Par cet acte courageux, il renonçait à un bénéfice de 3.000 ou 4.000 livres de rentes, et se condamnait presque à la misère, sans la charité du cardinal Vaughan, qui le protégea. 

 

 

L E Ç O N   VIII

 

De la Communion

 

445.    Pourquoi Jésus-Christ a-t-il institué l’Eucharistie sous les apparences du pain et du vin ?

Jésus-Christ a institué l’Eucharistie sous les apparences du pain et du vin pour montrer qu’il veut être la nourriture de nos âmes, comme le pain et le vin sont la nourriture de nos corps. 

 

446.    Qu’est-ce que communier ?

Communier, c’est recevoir Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie. 

 

447.    Quels effets produits en nous la sainte communion ?

La sainte communion augmente en nous la vie surnaturelle, diminue notre penchant au mal et nous est un gage de la résurrection glorieuse. 

 

+  Le pain qu’apporta un ange à Élie (III, Reg., XIX, 3).  Élie eut peur de Jézabel et partit.  Il fit dans le désert une journée de chemin, et étant venu sous un genièvre, il s’y assit… et s’endormit… En même temps, un ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Levez-vous et mangez. » Élie regarde, et il vit auprès de sa tête un pain cuit sous la cendre et un vase d’eau.  Il mangea donc et il but, et il s’endormit encore.  L’ange du Seigneur, revenant la seconde fois, le toucha encore et lui dit : « Levez-vous et manger, car il vous reste un grand chemin à faire. »  S’étant levé, il mangea et il but; et, s’étant fortifié par cette nourriture il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à Oreb, montagne de Dieu.

 

+  Il y a quelque temps, un esquif abordait, le soir, sur la plage d’une île océanienne un sauvage, chrétien récemment converti, en descendit et prit le chemin d’une hutte où logeait l’Évêque. 

  « Père, lui dit-il, en l’abordant, j’avais une femme et six enfants; ils étaient montés

près de moi, dans une barque : la tempête a mugi et la mer les a tous dévorés, malgré mes efforts et mon amour, car Dieu sait si je les aimais !  Les flots m’ont rejeté seul sur la plage.  Seul, tu entends, Père, seul dans le vide et les larmes !… Ma femme et mes six enfants sont engloutis dans les eaux, la mer les a dévorés.  Il faut être fort, Père, pour vivre seul !  J’ai fait cent lieues pour venir chercher la force près de toi; veux-tu me la donner demain matin à ta messe ?… » 

   Il communia, le jour suivant, de la main de l’Évêque, et, après une prière où les larmes courageuses et consolées coulèrent abondantes, il se leva : « Adieu, Père, adieu, dit-il à l’Évêque; je possède Celui qui fait les forts; maintenant, oui, je puis vivre seul.  Adieu ! » 

 

+  Dans la guerre de 1870, un colonel paraissait tellement impassible au milieu des balles et des boulets, que son général ne put s’empêcher de le féliciter de son courage :  Oh! mon général, répondit le brave colonel, j’ai communié ce matin. » 

 

448.    Est-il nécessaire de communier pour vivre chrétiennement ? 

Oui, il est nécessaire de communier pour vivre chrétiennement, puisque Jésus-Christ a dit :  « Si vous ne mangez ma chair, vous n’aurez pas la vie en vous. »   

 

449.    Quand est-on obligé de communier ? 

On est obligé de communier, dès qu’on a l’âge de raison, chaque année au temps de Pâques, et quand on est en danger de mort.  Cette dernière communion s’appelle « viatique », c’est-à-dire provision de voyage pour l’éternité. 

 

450.    Est-il bon de communier souvent ?

Oui, il est très bon de communier souvent, et même chaque jour, selon le désir de l’Église, pourvu qu’on le fasse avec les dispositions nécessaires. 

 

+  En employant la communion fréquente, Dom Bosco de Turin (+ 1888) a fait des chrétiens solides et convaincus de 200.000 enfants italiens tout à fait abandonnés, dont 6.000 sont devenus prêtres; presque tous communiaient chaque dimanche, beaucoup trois fois par semaine, quelques-uns tous les jours; c’est par la sainte communion qu’ils recevaient la force nécessaire pour se corriger. 

 

  Décret sur la communion fréquente et quotidienne. --- La Sacrée Congrégation

du Concile, dans son assemblée plénière du 16 décembre 1905…, a fixé et déclaré les

point suivants : 

  1e  La Communion fréquente et quotidienne, en tant que vivement désirée par Notre-Seigneur et par l’Église catholique, doit être accessible à tous les fidèles, de quelque classe ou condition qu’ils soient; de sorte que personne, s’il est en état de grâce, et s’en approche avec une intention droite et pieuse, ne puisse être écarté de la Sainte Table. 

  2e  Or, l’intention droite consiste en ce que le communiant ne soit pas conduit par l’habitude, par la vanité ou par des raisons humaines, mais qu’il communie pour plaire à Dieu, pour s’unir plus étroitement à lui par la charité et pour opposer ce remède divin à ses infirmités et à ses défauts. 

  3e  S’il est très avantageux que ceux qui font la communion fréquente ou quotidienne soient exempts des péchés véniels, ou moins pleinement délibérés, et de l’affection à ces péchés, néanmoins il suffit qu’ils soient exempts de fautes mortelles, avec la résolution de n’en plus commettre à l’avenir.  Étant donné ce ferme propos, il n’est pas possible qu’en communiant chaque jour on ne se débarrasse peu à peu même des péchés véniels et de l’affection à ces péchés. 

  4e  Mais comme les Sacrements de la Loi nouvelle, tout en agissant ex opere operato, produisent cependant un effet plus grand à raison des dispositions plus parfaites de ceux qui les reçoivent, il faut veiller à ce qu’une préparation soigneuse précède la sainte Communion et à ce qu’une action de grâces convenable la suive, en tenant compte des facultés, de la condition et des obligations de chacun. 

   5e  Pour que la communion fréquente et quotidienne se fasse avec plus de prudence et ait plus de mérite, il ne faut la faire qu’avec l’avis du confesseur.  Mais les confesseurs se garderont de détourner de la communion fréquente ou quotidienne quiconque sera en état de grâce et voudra communier avec une intention droite. 

   6e  Comme il est évident que la réception fréquente ou quotidienne de la Sainte Eucharistie accroît l’union avec Jésus-Christ, nourrit plus abondamment la vie spirituelle, enrichit l’âme de vertus et donne au communiant d’une manière plus sûre le gage de la vie éternelle, les Curés, les Confesseurs et les Prédicateurs, suivant la doctrine approuvée du Catéchisme Romain, exhorteront fréquemment et avec beaucoup de zèle le peuple chrétien à un usage si pieux et si salutaire. 

   7e  Que l’on propage la communion fréquente et quotidienne surtout dans les Instituts religieux de tout genre; pour eux, toutefois, reste en vigueur le Décret Quemadmodum du 17 décembre 1890, porté par la Sacrée Congrégation des Évêques et Réguliers.  Qu’on fasse aussi tous les efforts possibles pour la promouvoir dans les Séminaires ecclésiastiques, dont les élèves aspirent au service de l’autel; de même dans toutes les maisons d’Éducation chrétienne. 

   8e  Si quelques Instituts, soit à vœux solennels, soit à vœux simples, ont dans leurs règles ou constitutions, ou dans leurs calendriers, des jours fixés pour la communion, ces règles doivent être considérées comme purement directives et non comme préceptives. Le nombre des communions prescrit doit être tenu comme un  minimum pour la piété des religieux.  Par conséquent l’accès plus fréquent ou quotidien de la Table eucharistique, devra toujours leur être ouvert, suivant les règles données plus haut dans ce décret.  Et pour que tous les religieux des deux sexes puissent bien connaître les dispositions de ce décret, les Supérieurs de chaque maison auront soin de le faire lire chaque année en langue vulgaire, en communauté, durant l’Octave de la Fête-Dieu.

   9e  Enfin, après la promulgation de ce Décret, tous les écrivains ecclésiastiques devront s’abstenir de toute controverse au sujet des dispositions pour la communion fréquente et quotidienne. 

   Relation faite de toutes ces choses à Notre Très Saint Père le Pape Pie X, par le sous-signé Secrétaire de la Sacrée Congrégation, dans l’audience du 17 décembre 1905, Sa Sainteté a approuvé ce Décret des Éminentissimes Pères, et a ordonné de le publier, nonobstant toutes choses contraires.  Il a ordonné, de plus, de l’envoyer à tous les Ordinaires et Prélats Réguliers, pour qu’ils le communiquent à leurs séminaires, curés, instituts religieux et prêtres, et que, dans leurs relations sur l’état de leur diocèse ou de leur Institut, ils instruisent le Saint-Siège de ce qu’ils auront fait pour en assurer l’exécution.

   Donné à Rome, le 20 décembre 1905.

+ Vincent, Card., Év. de Palestrina,

Préfet.

C. de Lai, Secrétaire.

 

L E Ç O N   IX

 

Les  dispositions  à  la  Communion  et  la  manière de  bien  communier

 

433.    Quelles sont les dispositions nécessaires pour communier dignement ?

Il y a deux sortes de dispositions nécessaires pour communier dignement; les dispositions de l’âme et les dispositions du corps. 

 

+  Un bon religieux ayant engagé la bienheureuse Marie des Anges à faire une neuvaine préparatoire à sa première communion, elle la passa dans la prière et dans les larmes, et quand il lui demandait ce qu’elle avait éprouvé, elle ne pouvait répondre que par ces mots : « J’ai pleuré. »  Heureux les enfants qui, avant la communion, purifient leur conscience par les larmes du repentir.

 

+  Écoutons Chateaubriand nous dire les effets que produisit sur lui sa première communion : « Ce jour-là, tout fut à Dieu et pour Dieu.  La présence réelle de la Victime dans le Saint Sacrement de l’autel m’était aussi sensible que celle de ma mère à mes côtés.  Quand l’hostie fut déposée sur mes lèvres, je me sentis comme tout éclairé en dedans.  Je tremblais de respect.  Je conçus encore le courage des martyrs, j’aurais pu dans ce moment confesser le Christ sur les chevalets ou au milieu des lions. »  Dieu seul peut mettre de si généreux sentiments au cœur d’un faible enfant. 

 

+  Saint Benoît Labre, déjà si pieux depuis sa plus tendre enfance, après sa première communion fut tout transformé.  Après avoir goûté la manne céleste, il perdit tout goût pour les choses du monde.  Il se privait dès lors d’une partie des mets qui lui étaient donnés, et les faisait passer par une fenêtre à un pauvre, auquel il avait donné rendez-vous.  Il se serait fait un scrupule de cueillir un fruit du jardin de son oncle, fût-il même tombé de l’arbre.  Il n’éprouvait de plaisir qu’à converser seul à seul avec Dieu.

 

+  « Et vous, général, quel est le plus beau jour de votre vie ?  demandèrent quelques officiers à Bonaparte.  Vous devez être bien embarrassé entre tant de jours glorieux. --- Non répondit celui-ci, le plus beau jour de ma vie est le jour de ma première communion. » 

 

434.    Quelles sont les dispositions de l’âme ?

Les dispositions de l’âme sont d’être en état de grâce. 

 

435.    Serait-ce un grand péché de communier sans être en état de grâce ? 

Oui, ce serait un grand péché de communier sans être en état de grâce, car on commettrait un horrible sacrilège en profanant le corps de Jésus-Christ.

 

+  Saint Cyprien raconte qu’une femme eut l’audace d’aller communier après avoir participé aux sacrifices des idoles.  Mais sitôt qu’elle eut reçu l’hostie, elle rentra dans une fureur extrême, chercha à se couper la langue, à s’ôter la vie et expira dans les plus violents accès de rage et de désespoir.

 

+  La mort de Judas (Matt.,XXVII, 3). --- Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, fut touché de repentir, et reporta les trente pièces d’argent aux princes des prêtres et aux anciens, disant : « J’ai péché, en livrant un sang innocent. »  Mais eux lui répondirent : «  Que nous importe ?  Vois toi-même. »  Alors, ayant jeté l’argent dans le temple, il se retira et alla se pendre.

 

+  On raconte qu’un tyran s’étant emparé de son ennemi l’emporta ligoté à un cimetière.  Là, ayant déterré un cadavre mort depuis un mois, et par conséquent en complète putréfaction, il attacha son ennemi à ce cadavre infect, les liant tous deux, membres contre membres, pieds contre pieds, mains contre mains, bouche contre bouche.  Enfin, les ayant descendus dans une tombe ouverte, il les enterra à cinq pieds sous terre. --- Rien de plus affreux que ce supplice.  Eh bien, ce crime n’est rien à côté de l’acte commis par une communion sacrilège.  Il y a moins de distance entre un cadavre et un homme vivant qu’entre Dieu et le péché.  Dans une communion indigne, on unit étroitement ce qui est absolument incompatible : le saint des saints avec l’ordure d’un cœur coupable, la lumière avec les ténèbres, le Dieu vivant avec un cadavre, c’est-à-dire avec une âme morte.  Quelle injure pour Dieu !

 

436.    Quelles sont les dispositions du corps ?

Les dispositions du corps sont d’être à jeun, c’est-à-dire de n’avoir ni bu ni mangé depuis minuit et d’avoir un extérieur modeste et une tenue respectueuse.

 

+  Le fait que nous allons raconter s’est passé à Lyon, il y a quelques années. 

Un jeune soldat, appartenant à un régiment de cuirassiers, vint un jour, vers quatre heures de l’après-midi, trouver l’aumônier militaire et le pria de vouloir bien le confesser et lui donner la sainte communion. 

   Le prêtre demande des explications, qui lui sont données aussitôt :

   Le jeune cuirassier avait une excellente mère qu’il aimait beaucoup.  Or, ce jour-là était celui de la fête de la digne femme, et son fils s’était promis, depuis longtemps, de célébrer ce beau jour de la façon qu’il savait lui être agréable.  Il irait se confesser, il communierait et prierait beaucoup pour sa mère.  Mais une inspection inopinée du régiment, puis une revue l’obligent à rester dans les rangs pendant toute la matinée.

   Au repas du milieu du jour, malgré les fatigues de la matinée et celles que la soirée faisait prévoir, il ne mangea pas.

   A quatre heures du soir, enfin le voilà libre et il court chez l’aumônier. 

   L’aumômier fut vivement touché de cette démarche qui était, en effet, un acte de vaillante piété envers Dieu et un acte d’exquise piété filiale.  Il le confessa aussitôt et lui donna ensuite la sainte communion. 

 

437.    N’est-il jamais permis de communier sans être à jeun ?

Il n’est permis de communier sans être à jeun, que dans les cas de maladie grave lorsqu’on reçoit la sainte communion en viatique. 

 

438.    Comment faut-il se préparer à la communion ?

Il faut se préparer à la communion en excitant dans son cœur une foi vive, une humilité profonde et un grand désir de recevoir Jésus-Christ.

 

Récit évangélique. --- La Foi du centenier. (Matt., VIII, 5.) --- Et comme Jésus était entré dans Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui, le priant et disant : « Seigneur, mon serviteur gît paralytique dans ma maison et il souffre violemment. »  Jésus lui dit : « J’irai et je le guérirai. »  Mais le centurion répondant : « Seigneur, dit-il, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit; mais dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri.  Car moi qui suis un homme soumis à la puissance d’un autre et qui ai sous moi des soldats, je dis à l’un : Va, et il va; et à un autre : Viens et il vient; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait. » Or, Jésus, l’entendant, fut dans l’admiration, et il dit à ceux qui le suivaient : « En vérité, je vous le dis.  Je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël… »  Alors Jésus dit au centurion : « Va, et que selon ce que tu as cru il te soit fait. »  Et son serviteur fut guéri à l’instant même. 

 

+  Reconnaissance du Samaritain. (Luc, XVII,II.) --- Et il arriva qu’en allant à Jérusalem, Jésus traversait le pays de Samarie et la Galilée.  Et comme il entrait dans un village, il rencontra dix lépreux qui s’arrêtèrent loin de lui; et ils élevèrent la voix, disant : « Jésus, maître, ayez pitié de nous. »  Dès que Jésus les vit, il dit : « Allez, montrez-vous aux prêtres. »  Et il  arriva, pendant qu’ils y allaient, qu’ils furent purifiés.  Un d’eux, se voyant purifié, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute vois; et il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces; or, celui-ci était Samaritain.  Alors Jésus, prenant la parole, dit : « Est-ce que les dix n’ont pas été purifiés ?  Et les neuf autres, où sont-ils ? » 

 

439.    Comment faut-il se présenter pour recevoir la communion ?

Il faut étendre la nappe de communion sur les mains, tenir la tête droite et les yeux baissés et avancer la langue sur le bord des lèvres; puis, quand on a reçu la sainte hostie, l’avaler avec un grand respect.    

 

440.    Que faut-il faire après avoir communié ?

Après avoir communié, il faut se retirer avec recueillement de la table sainte et rester quelque temps dans l’église pour faire son action de grâces. 

 

441.    Qu’est-ce que faire son action de grâces ?

Faire son action de grâces, c’est s’entretenir avec Jésus-Christ présent en nous pour l’adorer, l’aimer, le remercier, lui demander ses grâces et lui offrir ses bonnes résolutions. 

 

+  Sainte Élisabeth, voyant entrer Marie dans sa maison, fut transportée de joie et touchée du Saint-Esprit, et son fils tressaillit dans ses entrailles. --- Jésus-Christ entre dans notre cœur; ne soyons pas sans émotion devant sa présence. 

 

+  Saint Siméon après avoir attendu le Messie si longtemps et l’avoir enfin reçu dans ses bras, ne voulut plus vivre. 

 

+  Saint Paul et saint Antoine dans le désert passèrent la nuit en action de grâces pour avoir reçu de Dieu un pain matériel et corruptible.  Quelle ne doit pas être notre reconnaissance pour le pain céleste qui nourrit notre âme.

 

+  Le patriarche Jacob, ne voulut jamais quitter l’ange qui lui apparut sans avoir reçu sa bénédiction. --- Ne quittons pas le Roi des anges sans lui avoir demandé sa bénédiction. 

 

+  On rapporte de saint Philippe de Néri, que voyant dans l’église de l’Oratoire, à Rome, un homme partir aussitôt après avoir communié, il envoya aussitôt deux acolytes, pour l’accompagner avec des cierges.  Cet homme paraissait fort étonné de voir ces acolytes autour de lui; le saint, s’approchant, lui dit : « Ne faut-il pas accompagner le bon Dieu avec des cierges, quand on le porte hors de l’église ?  Rentrez donc, mon ami, et faites votre action de grâces comme tout bon chrétien. »  Certaines gens, de nos jours, auraient grand besoin de la même leçon.

 

442.    Comment faut-il passer le jour où l’on a eu le bonheur de communier ?

Le jour où l’on a eu le bonheur de communier, il faut éviter la dissipation, et se rappeler souvent avec reconnaissance la grâce qu’on a reçue. 

 

 

L E Ç O N   X

 

Du saint sacrifice de la Messe

 

443.    L’Eucharistie n’est-elle qu’un sacrement ?

L’Eucharistie est non seulement un sacrement, mais encore un sacrifice qu’on appelle le sacrifice de la messe. 

 

+  Lorsque loth, le neveu d’Abraham, demeurait à Sodome, des rois étrangers s’avancèrent à la tête d’une armée et marchèrent contre la ville de Sodome.  Or, Abraham apprit que Loth et les siens, avec toutes ses richesses, avaient été emmenés par ces rois, et à cette nouvelle, il arma ses serviteurs au nombre de 318.  Suivi de cette troupe, Abraham se jeta, de nuit, sur les ennemis, délivra Loth de leurs mains, et reprit toutes les richesses qu’ils avaient pillées.  Or, lorsque Abraham s’en retourna triomphant, Melchisédech, roi de Salem, vint à sa rencontre pour le féliciter; et l’offrande qu’il fit à Dieu était du pain et du vin.  (Gen., XIV.)

 

444.    Qu’est-ce que la messe ?

La messe est le sacrifice du corps et du sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, offert sur l’autel sous les espèces du pain et du vin.

 

+  Berryer, l’orateur le plus célèbre du XIXe siècle, se trouvant chez Mme de la Ferronays, voulut servir lui-même à la messe de M. le curé, le 29 septembre 1868.  Il le fit à la perfection.  Il avait alors 78 ans.

 

+  Thomas Morus, ce grand chancelier d’Angleterre, l’oracle de son siècle, aimait à servir la messe; comme un petit clerc, il se revêtait du surplis, chantait l’office et portait la croix en procession.  Quelques railleurs, comme le duc de Nortfort, s’en moquaient; mais lui, éclairé de la foi, estimait comme très hautes ces saintes fonctions. 

 

445.    Pourquoi Jésus-Christ a-t-il institué le sacrifice de la messe ?

Jésus-Christ a institué le sacrifice de la messe pour représenter et continuer dans son église le sacrifice de la croix. 

 

446.    Comment le sacrifice de la messe représente-t-il le sacrifice de la croix ? 

Le sacrifice de la messe représente le sacrifice de la croix, parce que la séparation des espèces du pain et du vin sur l’autel rappelle la séparation du corps et du sang de Jésus-Christ sur la croix.  

 

447.    Comment le sacrifice de la messe continue-t-il le sacrifice de la croix ?

Le sacrifice de la messe continue le sacrifice de la croix parce que Jésus-Christ y renouvelle à son père l’offrande de sa passion et de sa mort et nous en applique les mérites.

 

448.    Le sacrifice de la messe est-il donc le même que celui de la croix ? 

Oui le sacrifice de la messe est le même que celui de la croix, puisqu’on y trouve le même prêtre et la même victime, Notre-Seigneur Jésus-Christ. 

 

449.    Y a-t-il quelque différence entre le sacrifice de la messe et celui de la croix ? 

Oui, il y a quelque différence entre le sacrifice de la messe et celui de la croix : sur la croix Jésus-Christ s’est offert lui-même d’une manière sanglante : sur l’autel il s’offre d’une manière non sanglante par le ministère des prêtres. 

 

450.    A qui offre-t-on le sacrifice de la messe ?

On offre le sacrifice de la messe à Dieu seul parce que c’est un acte d’adoration qui n’est dû qu’à Dieu.

 

+  La coutume d’offrir le saint sacrifice de la Messe en l’honneur des saints est très ancienne.  Dès les premiers siècles, alors que les chrétiens étaient persécutés et souffraient le martyre, il était d’usage que le jour anniversaire auquel un saint martyr avait obtenu la couronne de l’immortalité en souffrant la mort pour la foi, les fidèles se rassemblassent au lieu où l’on conservait avec respect ses restes précieux et l’on y célébrait la sainte Messe pour honorer sa mémoire.  Tel est le témoignage que nous fournit une lettre de l’Église de Smyrne, et dans laquelle il est fait mention de l’honneur que les chrétiens y rendaient à saint Polycarpe. 

 

451.    Pourquoi l’Église offre-t-elle le sacrifice de la messe ?

L’Église offre le sacrifice de la messe :  1e pour adorer Dieu;  2e pour le remercier de ses bienfaits;  3e pour implorer le pardon de nos péchés;  4e pour lui demander ses grâces.

 

+  Dites-moi, si l’on distribuait de grosses sommes à tous ceux qui se transporteraient chez un riche à un quart de lieue d’ici, que penseriez-vous d’un homme réduit à la dernière misère et accablé de dettes, qui, au lieu d’y aller, préfèrerait se tenir, les bras croisés, sur la porte de sa maison.  Sa paresse et sa stupidité ne vous saisiraient-elles pas d’étonnement ?  Auriez-vous pitié de lui, si ses créanciers le faisaient traîner en prison ?  Non, sans doute.  O insouciance !  ô aveuglement !

 

+  Un saint disait : « Je voudrais avoir autant de langues pour vous bénir, ô mon Dieu, qu’il y a de feuilles sur les arbres, de gouttes d’eau dans l’océan, de grains de sable sur le rivage. »  Le Seigneur lui répondit : « Entendez une Messe et vous me rendrez toute la gloire que vous souhaitez et infiniment plus encore. » 

 

+  La vénérable Sœur Françoise Farney se voyant accablée des dons de Dieu, se désolait de ne pouvoir le remercier.  La Sainte Vierge déposa entre ses mains l’Enfant-Jésus et lui dit : « Avec lui vous satisferez à toutes vos obligations. » 

 

+  Saint Thomas d’Aquin, après avoir dit la messe, avait coutume d’en servir une autre.  Il avoua à saint Bonaventure, son intime ami, qu’il avait trouvé plus de lumières à l’autel et au pied de l’autel que dans tous ses livres. 

 

+  Alphonse d’Albuquerque, ce grand conquérant des Indes, se voyant avec son armée en péril de faire naufrage, prit entre ses mains un enfant qui se trouvait sur le vaisseau et l’élevant vers le ciel : « Seigneur, dit-il, nous sommes pécheurs et méritons la mort, mais cet enfant est innocent, pour l’amour de lui, pardonnez aux coupables. »  La mer s’apaisa aussitôt.  Comment Dieu ne s’apaiserait-il pas quand le prêtre élève l’hostie entre le ciel et la terre !  O pécheurs, venez à la messe si vous voulez que Dieu ne vous écrase pas de ses foudres.

 

452.    Pour qui offre-t-on le sacrifice de la Messe ?

On offre le sacrifice de la messe pour les vivants et pour les morts. 

 

+  Sainte Monique désira qu’on offrit pour elle, après sa mort, le saint sacrifice.  Son fils, saint Augustin, se rendit à ses désirs, et dit dans ses Confessions, que «  son corps ayant été porté à l’église et placé à côté de la fosse, on offrit pour elle, selon la coutume, avant de l’enterrer, le sacrifice de la rédemption ». 

 

+  Le curé d’Ars racontait un jour ceci à ses paroissiens : « Un saint prêtre offrait le saint sacrifice pour un de ses amis qui était mort; au moment de la consécration, tenant l’hostie dans ses mains il dit à Dieu : « Père saint, faisons un échange.  Vous tenez l’âme de mon ami qui est dans le purgatoire et je tiens le corps de votre Fils qui est dans mes mains.  Eh bien !  délivrez mon ami et je vous offre votre Fils avec tous les mérites de sa mort et de sa passion. »  En effet, à ce moment, il vit l’âme de son ami toute rayonnante de gloire qui montait au ciel. » 

 

+  Saint Grégoire rapporte que, de son temps, un prince ayant été fait prisonnier par ses ennemis, et emmené bien loin de son pays, sa femme, le croyant mort, faisait dire toutes les semaines quelques messes pour le salut de son âme; et que depuis, ce prince de retour dans sa patrie, raconta à sa femme que, pendant sa captivité, ses liens se déliaient en certains jours de la semaine.  Ayant nommé les jours, on reconnut que c’était précisément ceux où l’on disait la messe pour lui.

 

+  Le Bienheureux François Vénimbéni avait un grand zèle pour la délivrance des âmes du purgatoire.  Un jour qu’il venait de célébrer la messe pour elles, et qu’il achevait le Requiescant in pace, on entendit un cri d’allégresse sortir de bouches invisibles et retentir par toute l’église.  Le saint sacrifice est le grand moyen de délivrer les âmes du purgatoire. 

 

+  L’empereur Lothaire, qui mourut en 1137, faisait dire tous les jours une messe pour les défunts et y assistait avec une grande dévotion. 

 

453.    Quand faut-il assister à la messe ?

Il faut assister à la messe les dimanches et fêtes d’obligation; mais il est très utile d’y assister les plus souvent possible. 

 

454.    Dans quels sentiments doit-on assister à la messe ?

On doit assister à la messe dans des sentiments de respect, de confiance et d’amour que l’on aurait eus si l’on avait été auprès de Jésus-Christ instituant l’eucharistie ou mourant sur la croix. 

 

+  Une fille très pieuse s’accusait dans la plupart de ses confessions de ne pas entendre la messe comme il faut; son confesseur lui dit : « A quoi pensez-vous pendant l’auguste sacrifice, de quoi vous occupez-vous ? »  Elle répondit :  « En pensant que Jésus-Christ s’immole pour moi, je ne fais autre chose que de pleurer mes péchés. --- Continuez, lui dit le confesseur, c’est entrer dans l’esprit du sacrifice et très bien entendre la messe. »

 

 

L E Ç O N   XI

 

Du Sacrement de Pénitence

 

455.    Qu’est-ce que le sacrement de Pénitence ? 

Le sacrement de Pénitence est un sacrement qui remet les péchés commis après le baptême. 

 

+  Jésus guérit dix lépreux. --- « Et il arriva qu’en allant à Jérusalem, il traversait le pays de la Samarie et de la Galilée.  Et comme il entrait dans un village, il rencontra dix lépreux, qui s’arrêtèrent loin de lui; et ils élevèrent la voix, disant : « Jésus, Maître, ayez pitié de nous. »  Dès que Jésus les vit. il dit : « Allez, montrez-vous aux prêtres. »  Et il arriva, pendant qu’ils y allaient, qu’ils furent purifiés. » (Luc, XVII,II.)  

 

+  Nathan avait donné à David la consolante assurance que le Seigneur lui avait pardonné ses péchés, et néanmoins ils étaient toujours présents à son esprit et l’objet continuel de larmes de repentir. 

 

+  Sainte Thaïs, autrefois une grande pécheresse, mais à laquelle Dieu avait fait miséricorde, récita jusqu’à sa mort la prière suivante, que saint Paphnuce lui avait apprise : « Seigneur, qui m’avez créée, ayez pitié de moi. » 

   « Saint Augustin avait fait tracer sur les murs de sa chambre, les psaumes de la pénitence et, dans sa dernière maladie, il les récitait en versant des larmes de repentir, que réveillait dans son cœur la pensée des égarements de sa jeunesse.  (Mehler.) 

 

456.    Quand Jésus-Christ a-t-il institué le sacrement de Pénitence ? 

Jésus-Christ a institué le sacrement de pénitence quand il a dit à ses apôtres : Recevez le Saint-Esprit : les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez.

 

 

457.    A qui Jésus-Christ a-t-il confié le pouvoir de remettre et de retenir les péchés ?

Jésus-Christ a confié le pouvoir de remettre et de retenir les péchés aux évêques et aux prêtres approuvés par eux. 

 

+  Jésus-Christ a le pouvoir de remettre les péchés. --- Et voilà que les gens lui présentaient un paralytique gisant sur un lit.  Or, Jésus, voyant leur foi, dit à ce paralytique : « Mon fils, aie confiance, tes péchés te sont remis. »  Et voici que quelques-uns d’entre les scribes dirent en eux-mêmes : « Celui-ci blasphème. »  Mais comme Jésus avait vu leurs pensées, il dit : « Pourquoi pensez-vous mal en vos cœurs ?  Lequel est le plus facile de dire : Tes péchés te seront remis, ou de dire : Lève-toi et marche ?  Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et retourne en ta maison. »  Et il se leva et il s’en alla dans sa maison.  Mais, voyant cela, la multitude fut saisie de crainte et rendit gloire à Dieu qui a donné une telle puissance aux hommes. 

 

+  Quand l’illustre chevalier Bayard fut blessé à mort au passage de la Sesia, à Romagnano, en 1524, il demanda un confesseur.  Comme il n’y avait point là de prêtre, il se confessa par humilité à son écuyer, espérant que Dieu suppléerait à la grâce du sacrement de pénitence qu’il ne pouvait recevoir. 

 

458.    Que signifient ces paroles : « Les péchés seront remis… les péchés seront retenus?… »

Ces paroles : « Les péchés seront remis… Les péchés seront retenus… » signifient que les péchés sont pardonnés quand le prêtre donne l’absolution et qu’ils ne sont pas pardonnés quand le prêtre refuse l’absolution. 

 

   Pensée. --- C’est vraiment folie, de la part de l’homme, d’avoir moins de soins de son âme qu’il n’en a de ses chaussures, car il les lave et les nettoie souvent, tandis qu’il laisse son âme croupir dans la fange et l’ordure.  (S. Ant.)

 

+  Une personne fit un jour une retraite pendant laquelle elle écrivit sa confession générale, et, dans un moment où elle venait de méditer sur l’enfer, elle jeta les yeux sur le papier où était écrite sa confession générale.  « Oh! que de bois pour le feu éternel, s’écria-t-elle ?… »  Et pour toujours elle prit la résolution de mener une vie édifiante.

 

+  Le ciel est notre patrie.  Nous en sommes sortis par le péché; remis en bon chemin par la grâce; éloignés par les plaisirs du monde.  Tâchons de le retrouver par la pénitence. 

 

459.    Qu’est-ce que l’absolution ?

L’absolution est une sentence que le prêtre prononce, au nom de Jésus-Christ pour remettre les péchés. 

 

460.    L’absolution remet-elle toujours les péchés ?

Oui, l’absolution remet toujours les péchés quand on la reçoit avec de bonnes dispositions. 

 

+  Une plaine brûlée par une longue sécheresse reprend sa fraîcheur primitive, sous une pluie douce et une température favorable; plus le temps sera beau, plus la campagne redeviendra magnifique.  (Spirago.) 

 

+  La sainte Écriture nous parle de deux confessions célèbres : celle de Saül qui dit au prophète Samuel : « J’ai péché », et Samuel répond : « Le Seigneur vous a rejeté »; et celle de David qui dit à Nathan : « J’ai péché », et Nathan répondit : « Le Seigneur vous a pardonné. »  La confession de Saül était mauvaise, tandis que celle de David avait toutes les conditions requises.

 

461.    Quelles sont les conditions pour obtenir le pardon de ses péchés par l’absolution?

Il y a trois conditions pour obtenir le pardon de ses péchés par l’absolution :  la contrition, la confession et la satisfaction. 

 

462.    Quelle est la plus nécessaire de ces trois conditions ?

La plus nécessaire de ces trois conditions est la contrition, sans laquelle on ne peut recevoir le pardon de ses péchés même véniels.

 

+  Saint François de Sales voyant qu’un grand pécheur, qu’il confessait, lui accusait sans contrition, de grandes fautes, se mit à pleurer.  « Pourquoi pleurez-vous, mon Père ? »  lui dit ce prétendu pénitent.  « Mon fils, je pleure de ce que vous ne pleurez pas », lui répondit le saint avec beaucoup de douceur : c’en fut assez pour inspirer à ce pécheur les sentiments dont il devait être pénétré. 

 

       

L E Ç O N   XII

 

De la Contrition

 

433.    Qu’est-ce que la contrition ?

La contrition est un regret sincère d’avoir offensé Dieu avec une ferme résolution de ne plus l’offenser à l’avenir.

 

+  L’empereur Othon avait une grande estime pour saint Nil de Calabre, et il lui disait un jour : « Demandez-moi tout ce que vous voudrez, et je vous l’accorderai. »  Le saint, mettant la main sur la poitrine d’Othon, lui répondit : « Je n’ai d’autre chose à vous demander que le salut de cette âme.  Tout empereur que vous êtes, vous mourrez et rendrez compte de vos œuvres. »  A ces mots, Othon versa des larmes et tombant à genoux aux pieds du saint, lui demanda sa bénédiction.  A combien d’hommes on pourrait dire à genoux, et en pleurant, parce qu’ils ne pleurent pas : « Ayez pitié de votre âme et sauvez-la. »

 

434.    Combien y a-t-il de sortes de contritions ?

Il y a deux sortes de contritions : la contrition parfaite et la contrition imparfaite qu’on appelle aussi attrition.

 

435.    Qu’est-ce que la contrition parfaite ?

La contrition parfaite est le regret d’avoir offensé Dieu parce qu’il est infiniment bon, que le péché lui déplaît et a causé la mort de Jésus-Christ. 

 

436.    Pourquoi cette contrition est-elle parfaite ?

Cette contrition est parfaite parce qu’elle vient d’un motif parfait qui est l’amour de Dieu. 

 

+  Un jour, se présenta à la grande place d’Alexandrie une femme animée d’un amour parfait pour Dieu.  D’une main, elle tenait un vase d’eau, de l’autre, une torche enflammée; et comme on lui demandait ce qu’elle voulait, elle répondit : « Avec cette torche je voudrais incendier le ciel, et avec cette eau éteindre le feu de l’enfer, afin que dorénavant on n’aimât plus Dieu par espoir d’une récompense ou par crainte d’un châtiment, mais uniquement pour lui-même et pour son adorable perfection. » (Mehler.)

 

437.    Qu’est-ce que la contrition imparfaite ?

La contrition imparfaite ou l’attrition est le regret d’avoir offensé Dieu causé ordinairement par la honte du péché, la perte du ciel ou la crainte de l’enfer. 

 

438.    Pourquoi cette contrition est-elle imparfaite ?  

Cette contrition est imparfaite parce qu’elle vient de motifs bons, mais moins parfaite, comme sont la honte et la crainte. 

 

439.    Quel est l’effet de la contrition parfaite ?

L’effet de la contrition parfaite est d’effacer le péché par elle-même pourvu qu’on ait l’intention de recevoir le sacrement de pénitence. 

 

+  Marie-Madeleine justifiée par sa contrition parfaite. --- « Et voilà qu’une femme, connue dans la ville pour une pécheresse, ayant su que Jésus était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfums; et se tenant par derrière à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et les essuyant avec ses cheveux, elle les baisait et les oignait de parfums… Alors Jésus dit à cette femme : « Vos péchés vous sont remis, votre foi vous a sauvée, allez en paix. » (Luc, VIII, 37.)   

 

+  Le bon larron. --- « Or, l’un des voleurs qui étaient suspendus en croix, le blasphémait… Mais l’autre répondant, le reprenait, disant : « Ne crains-tu pas Dieu, quand tu subis la même condamnation ?  Encore pour nous c’est avec justice, car nous ne recevons que ce que nos actions méritent, mais celui-ci n’a rien fait de mal.  Et il disait à Jésus : Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez arrivé dans votre royaume. »  Et Jésus lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »  (Luc, XXIII, 39.)

 

+  Saint Pierre pleura après son triple reniement. 

 

+  L’enfant prodigue, se jetant aux pieds de son père, lui dit : « Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous, maintenant je ne suis pas digne d’être appelé votre fils. » 

 

+  Saint Vincent prêchait à Béziers.  Un grand pécheur, porté au désespoir, vint l’entendre, et, après le sermon, il se confessa avec tant de douleur que, quand le saint lui eut imposé une pénitence de sept ans, il s’écria : « Oh !  mon Père, si peu pour tant de crimes ! »  Vincent réduisit la pénitence à trois jours; et, comme le pénitent se lamentait plus fort encore, il ne lui prescrivit que la récitation du chapelet.  Le pénitent le récita aux pieds mêmes du saint, avec tant de larmes et un regret si profond qu’il expira.  La nuit suivante, son âme apparut au saint pour lui dire qu’à cause de sa contrition, elle était entrée dans le ciel, sans passer par le purgatoire.

 

440.    Quel est l’effet de la contrition imparfaite ?

L’effet de la contrition imparfaite est de nous disposer à recevoir le pardon de nos péchés dans le sacrement de pénitence.

 

   Comparaison. --- Deux enfants, l’un de 12 ans et l’autre de 14, ont commis tous les deux la même désobéissance à l’égard de leur père, et viennent tous deux lui en demander pardon.  « O mon père, dit le plus âgé, j’ai grand regret de vous avoir désobéi, car, je le sais bien, j’ai mérité les sévères pénitences que vous n’épargnez pas à vos enfants coupables, et j’ai perdu le droit aux récompenses que vous m’aviez promises; oubliez tout cela, je ne désobéirai plus. »  Le plus jeune, à son tour, dit à son père : « Mon bon père, pardonnez-moi, j’ai grand regret de vous avoir désobéi; punissez-moi, retranchez-moi si vous le voulez vos faveurs; ah !  ce n’est pas ce qui m’afflige; la cause de ma douleur, c’est d’avoir contristé le cœur du meilleur des père.  « Que fera le père ?  Il pardonnera à tous les deux, mais pour qui aura-t-il plus de tendresse ?  Pour le plus jeune, assurément.  Cet enfant représente le pécheur qui a la contrition parfaite; le plus âgé, celui qui a la contrition imparfaite. (Berthier.)

 

441.    Quelle contrition faut-il avoir quand on ne peut recevoir le sacrement de Pénitence ?

Quand on ne peut recevoir le sacrement de Pénitence, il faut avoir la contrition parfaite, puisqu’elle seule peut remettre le péché par elle-même.

       

 

L E Ç O N   XIII

 

Les qualités de la Contrition et le ferme propos

 

442.    Quelles qualités doit avoir la contrition, soit parfaite, soit imparfaite ? 

La contrition doit avoir quatre qualités : elle doit être intérieure, souveraine, universelle et surnaturelle. 

 

443.    Qu’appelez-vous contrition intérieure ?

J’appelle contrition intérieure celle qui existe au fond du cœur et non pas seulement sur les lèvres.

 

+  Sainte Brigitte, à l’âge de douze ans, fut singulièrement touchée d’un sermon qu’elle entendit sur la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.  La nuit suivante, elle crut voir Jésus-Christ attaché à la croix, tout couvert de plaies et de sang; il lui sembla en même temps qu’une voix lui disait : « Voyez, ma fille, tout ce que j’ai souffert. --- Eh! qui vous a traité de la sorte ? dit-elle. --- Ce sont, répondit la même voix, ceux qui me méprisent et qui sont insensibles à mon amour pour eux. »  L’impression que fit sur elle ce songe mystérieux ne s’effaça jamais : depuis ce temps-là, les souffrances de Jésus-Christ devinrent le sujet continuel de ses méditations.  La seule pensée d’un Dieu souffrant pour nous, attendrissait son âme au point qu’elle ne pouvait retenir ses larmes. 

 

444.    Qu’appelez-vous contrition souveraine ?

J’appelle contrition souveraine celle qui nous fait détester le péché comme le plus grand de tous les maux.

 

+  Louis VIII, roi de France, étant malade, les médecins lui  proposèrent un remède dont ils assuraient l'efficacité ; mais qui était contraire à la loi de Dieu et aux bonnes moeurs.  Le pieux monarque le rejeta avec  horreur : J'aime mieux mourir, s'écria-t-il, que de sauver ma vie par un péché mortel.

 

+  « Souvenez-vous, mon fils, qu'il n'y a sur la terre d'autre mal que le péché.  Quelle que soit l'étendue  de mon amour pour vous, je préférerais vous voir étendu mort dans un cercueil plutôt que d'apprendre que vous avez eu le malheur de commettre un seul péché mortel. »  ( Paroles de Blanche de Castille à son fils Louis, roi de France. )

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517.  Qu'appelez-vous contrition universelle ?

J'appelle contrition universelle celle qui nous fait détester tous nos péchés au moins les péchés mortels.

 

+  Un forçat de galère n'a qu'un pied à la chaîne.  Ne lui serait-il pas ridicule de dire: « Ne suis-je pas en pleine liberté ?  J'ai les mains, le cou, en liberté. --- Mais étant garrotté au pied, vous n'êtes pas moins attaché au banc de votre galère que si vous étiez chargé de fers. »  Le démon s'inquiète peu que vous ne soyez pas homicide, voleur, blasphémateur ; il se contente que vous soyez plein de vous-même, vain et superbe ; il vous tient par cette chaîne. 

 

+  Saint Sébastien, martyr, avait le don de guérir les infirmités par un signe de croix.  Il alla voir un jour Croatius, qui était malade, et lui promit la santé à condition qu'il brûlerait toutes ses idoles. Celui-ci en brûla un grand nombre; mais il s'en réserva une à laquelle il tenait fortement, et , par conséquent, n'obtint pas sa guérison. Il s'en plaignit ensuite au saint, qui lui répondit qu'il ne lui servait de rien d'avoir brûlé ses idoles, puisqu'il en avait gardé une. --- De même, il ne sert de rien de détester quelques péchés mortels, si on ne les déteste  pas tous  sans exception.

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518.  Qu'appelez-vous contrition surnaturelle ?

J'appelle contrition surnaturelle celle qui est produite en nous par la grâce de Dieu et qui nous fait détester nos  péchés  par des motifs tirés de la foi. 

 

+  En 1851, vivait, au bagne de  Brest, un condamné nommé J.-L. Allaire, qui pour racheter ses fautes et en obtenir le pardon de Dieu, se soumit de lui-même à une pénitence très rigoureuse.  Les quelques centimes qu'il gagnait en travaillant étaient employés en oeuvres de charité.  Il trouvait même  le moyen de faire du gain sur sa maigre nourriture dont il vendait une partie.  En quatorze ans, il employa plus de six cents francs en bonnes oeuvres.  Ce qui prouve que ses intentions étaient absolument surnaturelles, c'est  qu'il refusa constamment l'intercession de personnes influentes, les offres de l'administration elle-même, qui lui proposaient de lui faire recouvrer la liberté.

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519.   Que faut-il faire pour avoir la contrition ?

Pour avoir la contrition, il faut la demander à Dieu et penser sérieusement aux motifs  qui doivent nous faire détester le péché.

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520. Quelle est la marque d'une véritable contrition ?

La marque d'une véritable contrition est la résolution que l'on prend de ne plus commettre le péché et d'en éviter les occasions. -- cette résolution s'appelle le ferme propos.

 

  Pensée. ---  Ce que la base est à la statue, ce que sont les fondements à un bâtiment, le bon propos l'est au  changement de vie et à la vertu.  ( S. Bern. )

 

+  Ce qu'on doit entendre par propos universel, David nous le montre par son propre exemple.  Non seulement, il voulut se préserver désormais avec le plus grand soin des deux grands crimes dont il s'était rendu coupable, mais il remplit encore son coeur de haine et d'aversion  pour tout ce qui était mal.  C'est pourquoi il disait: « Je déteste tous les sentiers de l'iniquité. »  ( Ps., CXVIII, 128. )  On doit rompre complètement avec le péché et renoncer à toute relation avec le démon.

 

+  Une chandelle qui fume encore après qu'on l'a éteinte peut se rallumer aisément par un léger souffle; de même le vice se ravive et domine de nouveau dans l'homme, si on ne l'a entièrement étouffé par le repentir et la pénitence, ou si l'on n'a pas soin d'éviter l'occasion du mal.  ( Louis de Grenade. )

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521.  Qu'appelle-t-on occasions du péché ?

On appelle occasion du péché les personnes ou les choses qui nous entraînent ordinairement au mal.

 

+  Ceux qui veulent se corriger sans renoncer à l'occasion, ressemblent à l'homme qui enlève une toile d'araignée importune sans tuer l'insecte : la toile sera bientôt recommencée --- Ou bien ils sont comme le jardinier, coupant les branches d'un arbre qui le gêne, mais lui laissant le tronc: cet arbre ne tardera pas à avoir une végétation plus luxuriante.  ( Spirago. )

 

+  « Lorsque à une table oú il y a plusieurs convives, un chien a remarqué que l'on d'eux lui jette de temps en temps un morceau, il ne perd pas de vue celui qui lui a donné ces restes, et il s'élance vers lui au moindre signe, tandis qu'il s'éloigne de celui qui ne lui donne rien.  Voilà comment le démon agit avec nous.  Sans cesse, il nous observe pour voir si nous ne laissons rien tomber, soit une parole coupable, soit une mauvaise action qui lui plaise, et il devient d'autant  plus attentif que nous commettons plus de mal; au contraire, si nous sommes réservés dans notre langage et notre conduite, si nous ne laissons rien tomber devant lui, il nous quitte bientôt et cesse de nous épier. »  ( S. Jean Chrysostome. )

 

+  Suffirait-il au soldat qu'une flèche a frappé, de la retirer de la blessure ?  Non, il doit encore bander sa blessure et y appliquer un emplâtre.  Ainsi la confession seule ne suffit pas pour que la pénitence soit complète; il faut encore qu'on emploie des remèdes efficaces qui puissent dans la suite nous préserver du péché. »   (S.Chrysostome.)    

 

+  Un ermite demanda un jour à l'abbé Piménius ce que c'était que la pénitence : «Faire pénitence, lui répondit celui-ci, c'est ne plus jamais pécher.»

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522.  Faites un acte de contrition.

Mon Dieu j'ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché vous déplaît.  Pardonnez-moi mes péchés par les mérites de Jésus-Christ, mon Sauveur.  Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.

 

+  Guillaume de Paris dit que l'attrition cause dans l'âme un  commencement de lumière, comme celle de l'aurore quand le jour commence à poindre; mais que la contrition y cause une pleine irradiation, comme quand le soleil darde pleinement ses rayons; que l'attrition laboure, arrose et ensemence la terre de nos coeurs; mais que la contrition la féconde et la vivifie, parce qu'elle donne la vie de la grâce. ---  Il enseigne enfin que la contrition, en la considérant  loin du sacrement, est une journée de trois lieues, dont la première est d'avoir encouru par le péché la sujétion à la peine éternelle des enfers; la seconde, d'avoir perdu la gloire éternelle, et la troisième lieue, une douleur de ce que Dieu est offensé.  Mais il faut noter, dit-il, qu'il  ne faut point faire halte à la première lieue, ni s'arrêter au bout de la seconde; il faut marcher jusqu'à la troisième et là on se repose, et on peut dormir en assurance. ( La Théologie affect. )

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