L
E Ç O N XII
Du
septième et du dixième commandement de Dieu
27.
Récitez le
septième commandement de Dieu.
Le
bien d’autrui tu ne prendras
ni retiendras à ton escient.
28.
Que défend le
septième commandement ?
Le septième commandement défend de prendre ou de
retenir injustement le bien d’autrui et de lui causer du dommage dans ce qui
lui appartient.
+ Le bon
vieux Tobie, devenu aveugle, entendant bêler un chevreau, disait à sa femme :
« Prenez garde qu’il n’ait été dérobé.
Rendez-le à ceux à qui il appartient; car il n’est pas permis de
manger ce qui aurait été dérobé, ni même d’y toucher. »
Heureux ceux qui ont une telle délicatesse de conscience.
+ Saint
Éloi nous offre un double trait de probité dans les affaires.
Clotaire II lui avait ordonné de lui faire un trône ou l’art le
disputerait à l’or et aux pierreries. Il
fit un chef-d’œuvre. Mais il
restait des matériaux considérables; le consciencieux orfèvre ne les garda
pas pour lui : il en fit un trône aussi artistement travaillé que le
premier et le porta au roi.
+
Une autre fois, il avait obtenu sans peine du monarque un terrain pour
bâtir un couvent; mais pendant la construction, il remarqua qu’on avait dépassé
d’un pied la place accordée. Aussitôt
il fit démolir les murs et courut au palais demander au roi de vouloir bien
lui pardonner. Ravi d’une telle
délicatesse, le roi s’écria : « Voyez la probité des hommes de
Dieu! mes gouverneurs m’enlèvent
des provinces sans scrupule, et Éloi n’ose empiéter de quelques pouces! »
29.
Qui sont ceux
qui prennent injustement le bien d’autrui ?
Ceux
qui prennent injustement le bien d’autrui sont :
les voleurs, les usuriers, les ouvriers et les marchands sans probité,
les domestiques infidèles, et généralement tous ceux qui privent
quelqu’un de ce qui lui est dû.
30.
Qui sont ceux
qui retiennent injustement le bien d’autrui ?
Ceux qui retiennent injustement le bien d’autrui
sont ceux qui ne rendent pas les choses qu’ils ont volées ou trouvées, ceux
qui ne paient pas leurs dettes, le salaire de leurs ouvriers ou les gages de
leurs domestiques.
+ L’honnête
portier.---Saint Augustin raconte qu’à Milan, un pauvre homme,
qui était portier d’un collège, trouva un sac ou il y avait deux cents écus.
Son premier soin fut d’en chercher le maître.
Averti par une affiche publique, celui-ci vint aussitôt à l’adresse
qui lui était indiquée, donna des indices suffisants, et reçut son argent. Dans la joie ou il était de l’avoir recouvré, et plein de
la plus vive reconnaissance, il présenta vingt écus au portier, qui les
refusa; il lui en présenta dix, même refus; il n’en offrit que cinq, il
furent pareillement refusés. « Ah!
ce n’est donc pas mon argent, s’écria-t-il alors, en jetant son sac à
terre, je n’ai rien retrouvé, puisque vous
ne voulez rien recevoir. » Le
désintéressement est de toutes les conditions; le portier prit les cinq écus;
mais ce fut pour les distribuer sur-le-champ aux pauvres.
(Mor. en act.)
+ Un
barbier chinois, qui était chrétien, trouva dans une rue de Pékin une bourse
ou il y avait vingt pièces d’or. Il
regarde autour de lui pour voir si personne ne la réclame, et jugeant,
qu’elle pouvait appartenir à un cavalier qui marchait à quelques pas devant
lui, il court, l’appelle et le joint. « N’avez-vous
rien perdu, Monsieur? » lui
dit-il. Ce cavalier fouille dans sa
poche, et n’y trouve plus de bourse. « J’ai
perdu, répondit-il, tout interdit, vingt pièces d’or dans une bourse. »
--- « N’en soyez point en peine, réplique le barbier; la voici, rien
n’y manque. » Le cavalier
la prend, et, revenu de sa peur, il admire une si belle action dans un homme
d’une condition obscure. « Mais
qui êtes-vous donc? demande-t-il; comment vous appelez-vous? D’ou êtes-vous?
--- Il importe peu, reprend le barbier, que vous sachiez qui je suis :
il suffit de vous dire que je suis chrétien, et un de ceux qui font
profession de la sainte Loi. Elle défend non seulement de dérober le bien d’autrui,
mais même de retenir ce que l’on trouve par hasard, quand on peut savoir à
qui il appartient. » Le
cavalier fut si touché de la pureté de cette morale, qu’il alla sur-le-champ
à l’église des chrétiens pour se faire instruire des mystères de la
religion.
(Devoirs du chrétien.)
+
Une dame de Lyon a raconté qu’à l’âge de dix ans elle avait été
à Ars et qu’elle se rappelait fort bien le trait suivant.
On présentait à bénir des objets de piété au bon curé; il le fit;
mais pour lui donner une leçon et par intuition vraiment surnaturelle, il mit
de côté une médaille en lui disant; « Je ne bénis pas celle-là. »
Cette médaille avait été volée à la devanture d’un magasin.
31.
Comment peut-on
causer encore du dommage au prochain ?
On
peut causer encore du dommage au prochain en gâtant ou en détruisant
injustement ce qui lui appartient.
32.
A quoi sont
obligés ceux qui ont fait tort au prochain dans ses biens ?
Ceux qui ont fait tort au prochain dans ses biens
doivent restituer ce qu’ils ont pris ou retenu et réparer le dommage qu’ils
ont causé.
+ Zachée,
au jour de sa conversion, promit à Notre-Seigneur de rendre quatre fois plus à
ceux à qui il aurait fait quelque tort.
+ Alphonse,
roi d’Aragon, alla chez un joaillier, avec plusieurs de ses courtisans.
A peine fut-il sorti de la boutique, que le marchand courut après lui
pour se plaindre qu’on venait de lui dérober un diamant de grand prix.
Le monarque rentra aussitôt avec sa suite, et se fit apporter un grand
vase plein de son. Il ordonna que
chacun de ses courtisans y mît la main fermée, et l’en retirat toute
ouverte; et lui-même commença le premier.
Après que tout le monde y eut passé, il dit au joaillier de vider le
vase sur la table. Le diamant se
trouva dans le son, et personne ne fut déshonoré.
(Mor. en act.)
+
Un prêtre disait à un usurier sur le point de mourir : « Si
vous voulez que Dieu vous pardonne, il faut restituer. --- Mais que
deviendront mes enfants, dit le malade? --- Le salut de votre âme, dit le
confesseur, doit vous être plus cher que la fortune de votre famille. --- Je
ne puis me résoudre à ce que vous exigez, reprit le moribond, et j’en
courrai les risques. » Il
se tourne vers la muraille de son lit et meurt. Quelle mort!
33.
Ceux qui ont
pris ou retenu le bien d’autrui sont-ils seuls obligés à restituer?
Non, tous ceux qui ont coopéré au vol ou au dommage
fait au prochain sont aussi obligés à restituer.
+
« Je suis content de la manière dont tu as conservé mes arbres,
disait un propriétaire à un paysan chargé de la garde de son bien.--- Ah!
monsieur, répondit cet homme simple, ce n’est point à moi que vous en avez
l’obligation, mais bien à monsieur le curé; ce qu’il dit dans ses prônes
garde mieux que tout ce que je puis faire ici. »
(Noel, Catéch. de Rodez.)
34.
Que doit-on
faire quand on ne peut restituer ou réparer entièrement ?
Quand
on ne peut restituer ou réparer entièrement, on doit faire ce que l’on
peut et être disposé à restituer le tout dès qu’on le pourra.
35.
Réciter le
dixième commandement de Dieu.
Biens
d’autrui ne convoiteras,
pour les avoir injustement.
36.
Que défend le
dixième commandement ?
Le
dixième commandement défend même le désir de prendre le bien du prochain
par des moyens injustes.
L
E Ç O N XIII
Du
huitième commandement de Dieu
37.
Récitez le
huitième commandement de Dieu.
Faux
témoignage ne diras,
ni mentiras aucunement.
38.
Que défend le
huitième commandement ?
Le
huitième commandement défend le mensonge, le faux témoignage, la calomnie,
la médisance, le jugement téméraire et l’indiscrétion.
39.
Qu’est-ce que
mentir ?
Mentir, c’est parler contre sa pensée avec
l’intention de tromper.
+ Les
anciens Romains brûlaient les menteurs sur le front avec un fer rouge.
C’était un signe d’infamie, et l’empereur Trajan les détestait
tellement qu’il les faisait placer sur un vaisseau sans voile ni gouvernail,
et les lançait ainsi au milieu des flots.
+ Entre
les fautes, dit la fille aînée de Mme Acarie, celle pour laquelle ma mère
avait le plus d’aversion, c’était le mensonge.
Pour nous en donner plus d’éloignement et nous faire aimer la vérité,
elle nous disait souvent : « Quand vous auriez tout perdu ou renversé
toute la maison, si vous l’avouez, lorsqu’on vous le demandera, je vous le
pardonnerai de bon cœur; mais je ne vous pardonnerai jamais la plus petite
dissimulation ». Ce ne lui était
pas assez que ses enfants confessassent ingénument leurs fautes lorsqu’ils étaient
interrogés, elle voulait que, sans attendre qu’on leur en parlât, ils s’en
accusassent eux-mêmes par le seul instinct d’un humble repentir.
+ Equivoque.---
Saint
Athanase en fuite vogue sur le Nil, on vient lui annoncer que ses ennemis
gagnent sur lui de vitesse et vont l’atteindre.
Il ordonne de faire retourner la barque et de marcher droit à eux.
La rencontre a bientôt lieu, et on crie du bateau ennemi : « Avez-vous
vu Athanase? --- Oui, répond le saint, il est passé ici même il y a peu de
temps, et il n’est pas loin. » Et
il continue de descendre le fleuve pendant que les autres le remontent.
+
Ne seriez-vous pas Thomas, crient au saint archevêque de Cantorbéry
les agents du roi d’Angleterre lancés à sa poursuite? --- Qui? Moi,
Thomas, voyez donc le bel équipage pour un archevêque! --- Et ils rient
ensemble, lui poursuivant sa route sur sa pauvre monture.
(Le Clercq.)
40.
N’est-il
jamais permis de mentir ?
Non, il n’est jamais permis de mentir, même par jeu
ou pour rendre service.
+ Au
sujet des mensonges joyeux, Billuart fait remarquer qu’en plaisantant, on peut
dire un mensonge de deux manières :
1e Quand,
d’après les circonstances ou la manière de prononcer les mots, ceux-ci
offrent une signification différente de leur sens ordinaire, comme, par
exemple, si je disais en riant à un ami : « Je me suis battu toute
la nuit avec un Turc » ou encore : « J’ ai fait le voyage de
Rome aller et retour en une seule journée », ou des choses semblables que
personne ne voudrait croire.
2e Lorsque les mots, en tenant compte des
circonstances, gardent leur sens naturel et évident, et que, pour entretenir la
conversation, je raconte, par exemple, l’histoire d’une partie de chasse à
laquelle j’aurais pris part le jour précédent, ce qui est contraire à la vérité
et n’est que le fruit de mon imagination.
Les choses que l’on dit comme dans le premier exemple ne sont pas des
mensonges; celui qui parle, non seulement n’a pas l’intention de tromper ou
de dire des choses fausses, si l’on fait attention au sens de ses paroles, aux
circonstances et à la façon dont le tout est pris par les auditeurs.
Les choses dites en plaisantant comme dans le second exemple, sont des
mensonges, parce que, bien que la personne qui parle n’ait point l’intention
de tromper, elle a bien l’intention de dire une chose qui n’est pas vraie,
et vu les circonstances et le sens attaché à ses paroles, elle dit bien une
chose réellement fausse. (Devine.)
+ Un prêtre
de la ville de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe) fut arrêté pendant la Révolution
de 1793, et traduit devant le tribunal criminel. Le président, qui voulait lui sauver la vie, lui fit cette
question : « Vous ne connaissiez pas assurément la loi qui condamne
à la peine de mort tout prêtre qui se trouve sur le territoire français? »
S’il eût répondu qu’il ne la connaissait point, il eût été sauvé,
mais ce saint homme aima mieux mourir que de se rendre coupable du plus léger
mensonge, et il répondit sans hésiter : « Je vous demande pardon,
monsieur, je la connaissais. » Il
fut exécuté le même jour, et sa sainte âme alla contempler éternellement la
suprême vérité qu’il avait tant aimée sur la terre.
+ La
duchesse de Longueville s’étant vu refuser une faveur qu’elle sollicitait
de Louis XIV se plaignait de lui d’une manière fort amère.
Ses paroles furent redites au roi qui reprocha au grand Condé, frère de
la duchesne, les propos qu’elle avait tenus.
Condé soutenant qu’elle n’en était pas capable, Louis XIV lui répondit :
« Demandez-le-lui et je m’en rapporterai à son témoignage. »
Sur ce, Condé va trouver sa sœur et tâche de lui persuader de nier
qu’elle ait tenu ce langage. Il
ne put y réussir; elle aima mieux aller demander pardon au roi qui, voyant sa
franchise, lui rendit ses bonnes grâces.
+
L’empereur Maximien envoya des soldats pour se saisir de saint
Anthime, évêque de Nicomédie. Les soldats entrèrent par hasard dans la maison de l’évêque
sans le connaître, et lui demandèrent à manger.
Celui-ci les traita de son mieux.
A la fin, les soldats lui demandèrent ou ils pourraient trouver l’évêque
Anthime. « C’est moi, répondit
le saint.---Nous ne voulons pas vous prendre, reprirent-ils étonnés; nous
dirons que nous ne vous avons pas trouvé.---Non, mes amis, dit le saint, je
ne permettrai pas que vous mentiez, j’aime mieux mourir. »
Et il les suivit auprès de l’empereur.
41.
Qu’est-ce que
le faux témoignage ?
Le faux témoignage est le péché d’un témoin qui
ment devant un tribunal.
+
Achab, indigné de ce que Naboth ne voulait pas lui vendre sa vigne,
suscita contre lui, par le conseil de Jézabel son épouse, deux faux témoins
qui l’accusèrent d’avoir blasphémé contre le Seigneur et contre le roi.
Le malheureux Naboth fut traîné hors de la ville et tué à coups de
pierre. Achab, ayant appris sa mort, s’avançait sur son char pour
prendre possession de la vigne de cet infortuné lorsque le prophète Elie
vint à sa rencontre et lui dit de la part du Seigneur : « Sachez
que les chiens qui ont léché le sang du juste Naboth lècheront un jour
votre sang à la même place; que votre postérité périra misérablement
jusqu’au dernier rejeton, et que les chiens dévoreront le corps de votre épouse
Jézabel. » Si les châtiments
que Dieu inflige aux faux témoins ne sont pas toujours aussi sensibles, il
n’en sont pas moins réels. (D’Outreman.)
42.
Qu’est-ce que
calomnier ?
Calomnier, c’est accuser le prochain d’un défaut
qu’il n’a pas ou d’une faute qu’il n’a pas commise.
+ Apelles,
faussement accusé devant Ptolémée, roi d’Égypte, se contenta pour se
justifier, de faire au naturel le tableau de la calomnie.
Devant elle marchait l’envie; derrière elle se cachaient l’artifice
et l’imposture. La calomnie
tenait une torche d’une main, et de l’autre traînait un homme nu devant le
Juge. Celui-ci avait à ses côtés
deux personnages qui lui parlaient à l’oreille : l’un était
l’ignorance et l’autre le soupçon. Le
repentir suivait le juge qui avait écouté la calomnie.
(D’Outreman.)
+ A qui
comparer encore le calomniateur qui ruine la réputation des autres et se réjouit
de leur perte, sinon à Néron qui fit mettre le feu à la ville de Rome, pour
repaître ses yeux du spectacle de l’incendie, et, pendant l’embrasement,
jouait de la lyre.
+ Philippe,
roi de Macédoine, répondit un jour à ses courtisans, qui voulaient
l’engager à punir un officier accusé d’avoir tenu des discours indécents
contre lui : Examinons
auparavant si nous ne lui avons pas donné quelque sujet de se plaindre de nous.
+
Saint François de Sales fut horriblement calomnié, et il ne perdit
pas la paix de l’âme. « On vient de m’avertir de Paris, écrivait-il à Mgr
de Belley, qu’on déchire mes vêtements d’une belle manière; mais
j’espère que Dieu me les racommodera, de sorte qu’ils seront meilleurs
qu’ils n’étaient, si cela est nécessaire pour son service. »
43.
Qu’est-ce que
médire ?
Médire, c’est faire connaître sans nécessité les
fautes ou les défauts du prochain.
+ saint
Augustin fait écrire dans sa salle à manger des vers latins dont voici le sens
Loin
d’ici, médisants,
Dont
la langue coupable
Déchire
l’honneur des absents;
On
ne permet à cette table
Que
des entretiens innocents.
Quelques-uns allaient s’oublier pourtant et médire
du prochain; le saint docteur leur dit : « Ou effaçons cette devise,
ou levons-nous de table. »
+ Quand
Thomas Morus entendait médire, il passait aussitôt à une autre conversation
et disait par exemple : « Que chacun dise ce qu’il voudra; mais
voici une belle maison et celui qui l’a construite était un excellent
architecte. »
+ La
reine Hortense avait horreur des médisants.
Une dame essaya un jour de médire devant elle, elle l’arrêta tout
court : « Madame, j’aime à penser du bien de tout le monde; je
n’éprouve d’impression défavorable que de ceux qui disent du mal des
autres. »
+ Saint
Clément, pape et disciple de saint Pierre, rapporte que son maître disait
souvent aux fidèles qu’il y a trois sortes d’homicides presque également
abominables aux yeux de Dieu; les meurtriers qui, comme Caïn, ravissent la vie
du corps à leurs frères par une cruauté barbare, les vindicatifs qui les haïssent
mortellement, et qui leur souhaitent la mort par le ressentiment du tort
qu’ils croient en avoir reçu; et enfin les médisants, qui noircissent et déchirent
leur réputation, et qui leur font perdre la vie de l’honneur et de l’estime
qu’ils avaient dans l’esprit des honnêtes gens. (Henry.)
+
Quand on parlait mal de Socrate, il disait : Si
le mal que l’on dit de moi est vrai, cela servira à me corriger; s’il ne
l’est pas, cela ne me regarde point, car ce n’est pas de moi qu’on
parle. Sa femme se plaignant de ce qu’il avait été
injustement condamné à mort : Voudriez-vous, lui répondit-il, que ce fût avec justice ?
44.
Qu’est-ce que
faire un jugement téméraire ?
Faire
un jugement téméraire, c’est juger ou penser mal du prochain, sans preuves
suffisantes.
45.
Comment pèche-t-on
par indiscrétion ?
On
pèche par indiscrétion surtout en révélant un secret qu’on est tenu de
garder.
46.
A quoi sont
obligés ceux qui ont nui au prochain par leurs paroles ?
Ceux
qui ont nui au prochain par leurs paroles sont obligés à réparer, autant
qu’ils le peuvent, le tort qu’ils lui ont causé.
L
E Ç O N XIV
Des
commandements de l’Église
47.
Pourquoi l’Église
nous impose-t-elle des commandements?
L’Église
nous impose des commandements pour nous aider à bien observer la loi de Dieu.
48.
Combien y
a-t-il de commandements de l’Église ?
Il
y a six principaux commandements de l’Église.
49.
Récitez-les.
1
Les fêtes tu sanctifieras.
qui te sont
de commandement.
2
Les dimanches messe ouïras,
et les fêtes
pareillement.
3
Tous tes péchés confesseras,
a tout le
moins une fois l’an.
4
Ton créateur tu recevras,
au moins à
Pâques humblement.
5
Quatre-temps, vigiles jeûneras,
et
le carême entièrement.
6
Vendredi chair ne mangeras,
ni jours défendus mêmement.
50.
Sommes-nous
obligés d’observer les commandements de l’Église ?
Oui,
nous sommes obligés d’observer les commandements de l’Église, car Jésus-Christ
a déclaré que désobéir à l’Église, c’est désobéir à Lui-Même.
51.
L’Église
peut-elle modifier ses commandements ?
Oui,
l’Église peut modifier ses commandements, quand elle le juge utile au bien
de ses enfants.
L
E Ç O N XV
Du
premier et du deuxième commandement de l’Église
52.
Récitez le
premier commandement de l’Église.
Les
fêtes tu sanctifieras,
qui te sont de commandement.
53.
Que nous
ordonne l’Église par le premier commandement ?
Par le premier commandement, l’Église nous ordonne
de sanctifier les fêtes d’obligation comme on sanctifie le dimanche.
+ Christophe
Colomb ne mettait jamais à la voile un jour de dimanche ou de fête.
Et, sur le vaisseau, ces jours étaient célébrés avec toute la
solennité possible. Les matelots y
chantaient les louanges du Seigneur comme s’
ils
eussent été dans une église.
54.
Combien y
a-t-il de fêtes d’obligation?
Il
y a maintenant, en France, quatre fêtes d’obligation : Noël, l’Ascension,
l’Assomption de la Sainte Vierge et la Toussaint.
55.
Récitez le
deuxième commandement de l’Église.
Les
dimanches messe ouïras,
et les fêtes pareillement.
56.
Que nous
ordonne l’Église par le deuxième commandement ?
Par le deuxième commandement, l’Église nous
ordonne d’entendre la messe les dimanches et les fêtes d’obligation.
+ Un célèbre
écrivain se rendit à Bruxelles, dans un moment ou s’y trouvait le général
Lamoricière. Le soir même de son
arrivée, il écrivit au général pour le prier de venir le trouver le
lendemain matin à sept heures. « Je
vais à Waterloo, lui disait-il, j’ai besoin de vous pour mieux étudier le
champ de bataille que je dois décrire. »
Lamoricière lui répondit : « Je serai chez vous demain, non
à sept heures, mais à huit, parce que je vais à la messe de sept heures. »
+ Saint
Liguori raconte que trois marchands étaient disposés à partir ensemble de la
ville de Gubbio, mais l’un d’eux désirant auparavant entendre la messe, les
deux autres refusèrent de l’attendre. A
leur arrivée sur le pont de la rivière appelée Borfuone, grossie par les
pluies, le pont s’écroula et ils périrent tous d’eux. Le troisième, une demi-heure après, revenant de la messe,
trouva leurs cadavres sur la rive.
+
L’empereur Valens fit fermer toutes les églises catholiques et
ordonna de mettre à mort tous les fidèles qui assisteraient le dimanche aux
offices divins. Le préfet
Modeste avertit les chrétiens, afin de les sauver; ils se réunirent plus
nombreux que jamais. Le préfet,
en se rendant à la réunion, rencontre une femme qui y accourait avec son
enfant : « Tu es donc la seule à ignorer que j’ai ordre de faire
mourir tous ceux qui sont réunis?---C’est pour cela que j’y accours,
dit-elle; permets que je mène cet enfant afin qu’il ait le même bonheur. »
Modeste n’osa exécuter les ordres de l’empereur.
57.
Est-ce un péché
grave de ne pas entendre la messe les dimanches et fêtes d’obligation?
Oui,
c’est un péché grave de ne pas entendre la messe les dimanches et fêtes
d’obligation, parce que c’est manquer à l’un des principaux devoirs du
chrétien.
58.
Comment faut-il
entendre la messe pour satisfaire à ce commandement?
Pour satisfaire à ce commandement, il faut entendre
la messe tout entière, et avec attention.
+ Sainte
Marguerite, reine d’Ecosse, ne recommandait rien tant à ses enfants que le
recueillement pendant la messe. Elle
réussit; et un Edimbourgeois disait : « Voulez-vous voir comment les
anges prient dans le ciel, regardez comment, pendant la messe, notre reine prie
avec ses enfants! »
+
Un catholique irlandais menait quelquefois sa vache paître près de la
prairie d’un ministre protestant. Un
jour, la vache mal surveillée passe dans la propriété du clergyman.
Celui-ci s’en aperçoit et appelle le propriétaire de la bête :
« Je suis en droit de vous faire un procès; mais réflexion faite, je
ne vous mènerai pas devant le juge si vous voulez venir à mon église
dimanche. » Notre homme,
alléché par l’offre, répondit : « All rigt! »
Le dimanche arrivé, il s’en va en effet au temple.
Joie et triomphe du clergyman! A
quelques heures de là, toujours dans la matinée, le ministre sort et
rencontre par hasard son nouveau paroissien : « A la bonne heure,
dit le révérend, vous êtes venu chez moi ce matin, je vous félicite, mais
ou allez-vous maintenant? --- Quelle question!
Répond notre homme, je vais à l’église catholique.--- Vous avez
accompli le précepte chez moi, ce n’est pas nécessaire d’aller à votre
église, pourquoi faire? --- Oui, je suis allé, il est vrai, au temple ce
matin, mais c’était pour
ma vache; maintenant,
je vais de ce pas à l’église catholique, mais pour moi! »
59.
Quelle messe
convient-il d’entendre de préférence les jours de dimanches et de fêtes?
Il convient d’entendre de préférence la messe de
paroisse, parce que c’est à cette messe que l’on fait l’instruction et
que l’on prie pour les paroissiens.
+
Au commencement du siècle dernier, on a vu dans la paroisse de Roybon,
près de Saint-Marcellin, diocèse de Grenoble, un laboureur nommé Antione Génicu,
qui, bien qu’éloigné de l’église d’une bonne heure de chemin, ne
laissait pas d’y arriver un des premiers pour assister à tous les exercices
religieux, et surtout à la messe de paroisse qui se dit, en ce lieu, fort
matin. Il n’y manquait aucun
jour de carême ni de fête de dévotion.
Dans les dernières années de sa vie, ayant de grandes douleurs aux
jambes, il se levait à une heure ou deux après minuit, et, s’acheminait
appuyé sur deux bâtons, vers l’église, ou il arrivait à temps, après
une marche pénible de quatre heures. Ce
bon chrétien mourut âgé de 75 ans.
L
E Ç O N XVI
Du
troisième et du quatrième commandement de l’Église
60.
Récitez le
troisième commandement de l’église.
Tous
tes péchés confesseras,
a tout le moins une fois l’an.
61.
Que nous
ordonne l’Église par le troisième commandement?
Par le troisième commandement, l’Église nous
ordonne de nous confesser au moins une fois chaque année.
+ Saint
Louis, sur le point de mourir, fit à son fils aîné Philippe ces
recommandations : « Confesse-toi souvent, choisis surtout un
confesseur habile et ferme qui puisse t’enseigner ce que tu dois faire, et qui
ose te reprendre de tes fautes. » Tout
homme qui veut se sauver a besoin de suivre la ligne de conduite que ce saint
roi traçait à son fils.
+
Un prédicateur commença ainsi une instruction sur le délai de la
confession : « Mes frères, dit-il, en arrivant au milieu de
vous pour exercer mon ministère, j’ai eu sous les yeux un spectacle déchirant :
Un jeune homme traversait précipitamment la place publique, sa voiture se
brise, le malheureux échappe à la mort, mais pas un membre de son corps qui
n’éprouve une vive douleur. On
s’approche, on le plaint, on s’intéresse à son sort, on parle de
recourir à un médecin : « Un médecin, s’écrie-t-il, à Pâques,
le médecin! » Vous jugez
de l’étonnement des spectateurs; ils croient son esprit aliéné.
Vous étonnerez-vous, mes frères, si nous vous disons : ce
malheureux, cet insensé, c’est vous-mêmes; en courant précipitamment dans
la carrière du vice, vous avez fait une chute funeste; la plus noble partie
de vous-mêmes, votre âme est plus que blessée, elle est morte; on vous
parle d’un médecin tout-puissant, non par lui-même, mais par la mission
qu’il a reçue de Dieu, et qui peut rendre votre âme à la vie, et vous ne
cessez de répéter : à Pâques, à Pâques, le recours à ce grand médecin!
Combien qui ne mettent pas de terme à leurs délais? »
Cette comparaison fit une vive impression sur l’esprit des auditeurs
qui, pour la plupart, se hâtèrent de s’approcher du tribunal de la pénitence.
(Mérault.)
62.
Récitez le
quatrième commandement de l’Église.
Ton
créateur tu recevras.
Au moins à Pâques humblement.
63.
Que nous
ordonne l’Église par le quatrième commandement?
Par
le quatrième commandement, l’Église nous ordonne de communier au moins une
fois chaque année, dans le temps de Pâques.
64.
A quel âge
est-on obligé de se confesser et de communier ?
On est obligé de se confesser et de communier dès
qu’on a atteint l’âge de raison.
+
Horace Vernet le célèbre peintre, se préparait à la communion
pascale par une semaine de retraite qu’il faisait chez les Trappistes.
65.
Ou convient-il
de faire la communion pascale ?
Il convient de faire la communion pascale dans sa
paroisse, et si on la fait ailleurs, on doit en prévenir son curé.
+
Je me confesse, disait Berryer, et je fais mes pâques deux fois cette
année (1868), à Paris d’abord pour mon propre compte, puis à Augerville,
pour l’exemple de mes paysans.
66.
Est-ce une
faute grave de ne pas faire ses Pâques ?
Oui,
c’est une faute grave de ne pas faire ses Pâques, car c’est mépriser la
volonté formelle de Jésus-Christ et désobéir à une loi très importante
de l’Église.
67.
Qu’indiquent
ces mots « Au moins une fois l’an » ?
Ces
mots « Au moins une fois l’an »
indiquent le grand désir qu’a l’Église de voir les fidèles se
confesser et communier plus souvent.
68.
Pourquoi l’Église
désire-t-elle que les fidèles se confessent et communient plus souvent ?
L’Église désire que les fidèles se confessent et
communient plus souvent, parce qu’il est difficile de vivre en bon chrétien,
si l’on ne se confesse et si l’on ne communie qu’une fois l’an.
+ Daniel
O’Connel, le libérateur de l’Irlande, un des plus grands orateurs du XIXe
siècle se confessait et communiait au moins une fois par semaine; et des chrétiens
négligeraient de faire leurs pâques !…
+
En 1840, Marceau, lieutenant de vaisseau, qui devint plus tard
commandant, s’était sincèrement converti.
Dès lors, il déclara une rude guerre au respect humain, dont il était
précédemment l’esclave. Il entendait la messe tous les jours et communiait plusieurs
fois par semaine en uniforme militaire, surtout dans les villes ou dominait la
peur. Quand on lui conseillait de
prendre un habit civil pour faire ses dévotions : « On se
garderait bien, répondait-il, de se présenter devant un prince sans le
costume militaire et vous voulez que je le quitte devant le roi des rois ! »
Ne soyons pas des Nicodèmes qui ne vont à Jésus que de nuit de peur
d’être vus.
L
E Ç O N XVII
Du
cinquième et du sixième commandement de l’Église
69.
Récitez le
cinquième commandement de l’Église.
Quatre-temps,
vigiles jeûneras,
et le carême entièrement.
70.
Que nous
ordonne l’Église par le cinquième commandement ?
Par le cinquième commandement, l’Église nous
ordonne de jeûner à certains jours.
+ Le jeûne
ne nuit pas à la santé : Les
compagnons de Daniel, malgré
leurs privations avaient une mine plus florissante que les autres jeunes gens
(Dan.,1.)
+ Un jeûne
de toute la vie n’empêcha pas S. Paul ermite de rester dans son désert
jusqu’à l’âge de 113 ans; et S. Antoine, malgré son jeûne perpétuel, vécut
jusqu’à 105 ans.
+ Hippocrate
devint, lui aussi, plus que centenaire sans avoir jamais été malade.
« Je dois, disait-il, mon bon état de santé à cette cause,
c’est que je ne me suis jamais rassasié. »
+
Charlemagne jeûnait toutes les fois qu’il était indisposé,
assurant que c’était pour lui le meilleur remède.
71.
Qu’est-ce que
jeûner.
Jeûner, c’est ne faire par jour qu’un repas
principal, auquel on peut ajouter un repas plus léger, appelé collation.
+ Le jeûne
le plus célèbre de toute l’antiquité est celui de Ninive.
Le prophète Jonas qui vivait du temps de Jéroboam, roi d’Israël, fut
envoyé par le Seigneur à Ninive. Irrité
de la multitude des crimes qu’on y commettait, Dieu avait résolu de la détruire.
Jonas ayant tâché de se soustraire d’abord à cet ordre, y alla au
second commandement que Dieu lui en fit. Arrivé
dans cette ville immense, il crie par les rues pendant une journée entière :
« Encore quarante jours et Ninive sera détruite. »
La simple annonce de ce malheur produisit une sensation extraordinaire
parmi ce peuple. « Le roi
lui-même, informé de cette fatale prédiction d’un étranger, se leva de son
trône, quitta ses habits magnifiques, se couvrit d’un sac et s’assit sur la
cendre; puis il fit crier partout et publier dans Ninive un ordre, comme venant
du conseil du roi et des princes, en ces termes : que les hommes, les bœufs
et les brebis ne goûtent aucune chose; qu’on ne les mène point aux pâturages
et qu’ils ne boivent point d’eau; que les hommes soient couverts de sacs (en
signe de douleur), qu’ils crient au Seigneur de toutes leurs forces; que
chacun revienne de sa mauvaise voie, et qu’il renonce à l’injustice dont
ses mains sont souillées : qui sait, disait le roi, si Dieu ne se
retournera point vers nous pour nous pardonner, et s’il n’apaisera point sa
fureur et sa colère, afin que nous ne périssions point? »
« Dieu
donc considéra leurs œuvres; il vit qu’ils s’étaient convertis en
quittant leurs mauvaises voies, il eut pitié d’eux, et ne leur fit point le
mal dont il les avait menacés. »
+
Le pape saint Pie V (élu en 1568), habitué dès sa jeunesse à jeûner
deux fois par semaine, conserva cette pratique lorsqu’il fut devenu cardinal
et souverain pontife. La tunique de laine qu’il portait au monastère ne le
quitta jamais, ni sous les habits pontificaux, ni sur la dure paillasse qui
lui servait de lit. Toutes les
nuits, il se relevait de cette misérable couche, descendait dans l’église
de Saint-Pierre, et y faisait la visite des sept autels.
Non seulement il observait rigoureusement les jeûnes ordinaires de
l’Église, mais telle était sa frugalité que la dépense journalière de
sa table s’élevait à peine, selon un auteur contemporain, à un testone d’Italie, c’est-à-dire à dix-sept sous de
France. Le vin lui ayant été
rigoureusement prescrit par le médecin, il permit seulement qu’on en mêlât
quelques gouttes à son eau, et il s’imposa de ne boire que trois fois par
repas.
72.
A quel âge
est-on obligé de jeûner ?
On est obligé de jeûner dès qu’on a vingt et un
ans accomplis, si l’on n’a pas de raisons légitimes de s’en dispenser.
+ Elisabeth
de Hongrie allait rejoindre son mari à la diète de l’empire; elle ne trouva
sur sa route d’autre aliment maigre qu’un morceau de pain noir, si dur,
qu’elle fut obligé de le faire ramollir dans de l’eau chaude; mais, comme
c’était jour de jeûne, elle s’en contenta et fit, en ce même jour, avec
ce seul repas, seize lieues à cheval.
+ Agée
de plus de quatre-vingt-dix ans, la mère de saint Alphone de Liguori observait
encore avec une édifiante rigueur les lois du jeûne et de l’abstinence.
+
L’empereur Justinien, pendant le carême, ne mangeait que tous les
deux jours et ses seuls aliments alors étaient des herbes assaisonnées avec
du sel et du vinaigre et il ne buvait que de l’eau.
73.
Quelles sont
les raisons qui dispensent du jeûne ?
Les raisons qui dispensent du jeûne sont
principalement la mauvaise santé, le travail pénible et l’âge trop avancé.
+ Stanislas
Hosius, cardinal-évêque de Culm, un des légats de Pie IV au concile de
Trente, observait avec une scrupuleuse rigueur la loi
du jeûne. Ses amis, craignant
qu’il n’usât ainsi sa santé : « C’est pour vivre longtemps
que je jeûne, répondit-il; n’est-il pas écrit : Honore ton père et ta
mère afin de vivre longuement. Or,
Dieu me commande la pénitence, et l’Église ma mère me fixe les jours ou je
dois jeûner. »
+
Religieux observateur du jeûne, Louis XVI ne s’en permit pas une
seule infraction pendant sa vie, et ne sut jamais faire d’un prétexte la
raison d’une dispense. Un jour
de carême, qu’il se disposait pour une chasse, on vint prendre ses ordres
pour l’heure du souper : « Comment,
souper ? répond le roi, est-ce
que nous ne sommes plus dans le carême ? »
On lui fait observer que la chasse qu’il se propose sera fatigante,
et que le soir il aura faim. « La réflexion est juste, reprend-il, mais ma chasse
n’est pas de précepte », et sur-le-champ il fit donner contre-ordre
à ses équipages.
74.
Quels jours
doit-on jeûner ?
On
doit jeûner tous les jours du carême, sauf les dimanches; les vigiles ou
veilles de certaines fêtes, et aux Quatre-Temps.
75.
Pourquoi le jeûne
du carême a-t-il été institué ?
Le
jeûne du carême a été institué pour honorer et imiter le jeûne de Jésus-Christ
dans le désert et nous préparer à la fête de Pâques.
76.
Pourquoi le jeûne
des vigiles a-t-il été établi ?
Le
jeûne des vigiles ou veilles de fêtes a été établi pour nous préparer
par la pénitence à célébrer dignement les fêtes de l’Église.
77.
Qu’est-ce que
les Quatre-Temps ?
Les
Quatre-temps sont trois jours de pénitence, mercredi, vendredi et samedi placés
au commencement des quatre saisons de l’année.
78.
Pourquoi le jeûne
des Quatre-temps a-t-il été établi ?
Le
jeûne des Quatre-Temps a été établi pour consacrer par la pénitence les
quatre saisons de l’année et demander à Dieu de bons prêtres pour son Église.
79.
Récitez le
sixième commandement de l’église.
Vendredi
chair ne mangeras
ni jours défendus mêmement.
80.
Que défend
l’Église par le sixième commandement ?
Par le sixième commandement, l’Église défend
d’user d’aliments gras le vendredi de chaque semaine et quelques autres
jours qu’elle a fixés.
+ Lors de
la persécution qu’Antiochus, roi de Syrie, exerça contre les juifs, on
voulut forcer Eléazar, homme grave, avancé en âge, et un des premiers entre
les scribes, à manger des viandes défendues par la loi; ce saint vieillard préféra
une mort glorieuse à une honteuse condescendance. Or, ceux qui étaient chargés d’exécuter les ordres d’Antiochus,
lui proposèrent, par égard pour sa personne, de lui faire apporter des
nourritures permises par la loi de Moïse, et l’engagèrent à feindre
d’avoir satisfait à l’ordre du roi; mais ce saint vieillard, ayant en
horreur une dissimulation qui eût été un scandale et un sujet de chute pour
les jeunes gens, préféra la mort à une transgression même apparente de la
loi.
+ Louis
XVI, devenu le jouet de ses persécuteurs, fut mis à toutes sortes d’épreuves.
Ses bourreaux, qui se faisaient une gloire sacrilège de se révolter
aussi bien contre l’Église que contre leur souverain, lui servirent du gras
un vendredi, afin de tyranniser la conscience de ce pieux monarque après
l’avoir privé de sa liberté. Sans
articuler aucune plainte il prit un verre d’eau et dit en souriant : Voilà
mon dîner. Quel exemple ! qu’il
condamnera de chrétiens !
+ Louis-Philippe
donna, un vendredi, un dîner officiel aux principaux dignitaires de l’État
et de l’armée. La bravoure du général
Brun de Villeret le fit placer à la droite de la reine, et le maréchal Soult,
son ami, était à la droite du roi. On ne sert d’abord que des plats gras. Le général n’en accepte aucun.
La reine, le remarquant, lui dit : « Mais, général, vous ne
mangez pas. --- C’est vendredi, répond-il, j’attends du maigre. »
Le maréchal Soult se met à le plaisanter : « Si tu me
connais bien, répond le général, tu dois savoir, que jamais de ma vie je
n’ai fait gras le vendredi, excepté à l’île de Lobau ou je n’eus à
manger que la tête de mon cheval. »
Tous admirent, et les plats maigres ne tardent pas d’arriver.
+ Le duc
d’Orléans, ayant invité Boileau à dîner, un jour maigre, ne fit servir que
du gras. Boileau causait spirituellement selon son habitude; mais il ne mangeait
que du pain. Le duc lui dit qu’on
avait oublié le maigre. « Monseigneur, répondit Boileau, vous
n’avez qu’à frapper la terre du pied et il en sortira des poissons. »
Sa réponse plut au prince, et les poissons arrivèrent.
Belle leçon pour ceux qui n’osent pas se montrer chrétiens.
+
En 1859, Ferdinand II, roi de Naples, retournait de Rome à Naples avec
son fils, qui fut depuis François II. Le
feu ayant pris aux roues de sa voiture, il dut s’arrêter et entrer dans un
hôtel ou il n’était pas connu. C’était
un vendredi, il y trouva plusieurs hôtes qui mangeaient de la viande et qui
se riaient d’un jeune homme de 18 ans environ qui faisait maigre.
Le jeune homme ne se laissait pas intimider et répondait hardiment
qu’il faut toujours avoir le courage de pratiquer sa religion.
Le roi se mit de la partie et eut bientôt réduit les rieurs au
silence. Cependant, on vint lui
annoncer que sa voiture était prête. Ferdinand
prenant le jeune homme à part, lui demanda qui il était et ou il allait.
Je suis Florentin, lui dit-il; mais la religion n’étant pas assez
respectée dans l’armée en Toscane, je vais me mettre au service du roi de
Naples. » Ferdinand, alors, écrivit un billet qu’il ferma et remit
au jeune homme, en lui recommandant de le présenter, à son arrivée à
Naples, à l’autorité militaire. A
Naples, le jeune homme présenta, en effet, le pli royal, dont il ne
connaissant pas le contenu, et on lui donna le grade de lieutenant. La vertu et le devoir sont souvent récompensés, même en ce
monde.
81.
Pourquoi l’Église
nous défend-elle d’user d’aliments gras à certains jours ?
L’Église
nous défend d’user d’aliments gras à certains jours, pour honorer la
passion de Jésus-Christ et nous faire expier nos péchés.
L
E Ç O N XVIII
Du
péché
82.
Qu’est-ce que
le péché ?
Le péché est une désobéissance à la loi de Dieu.
+ On
faisait de grandes menaces, de la part de l’impératrice, à saint Jean
Chrysostome, parce qu’il ne lui accordait pas ce qu’il croyait devoir lui
refuser. Il fit cette réponse :
« Allez dire à l’impératrice que Chrysostome ne craint qu’une seule
chose, le péché. »
+
Un paysan du village d’Engelmodde, près de Munster visitait son
champ qu’avait dévasté la grêle. « Je prends bien part à ce malheur, lui dit un de ses
voisins.---Oh! répondit le paysan, en agitant sa tête couverte de cheveux
blancs, ce n’est pas un malheur, le péché seul est un malheur! »
Quelle parole! Gravons-la bien profondément dans notre esprit.
83.
En combien de
manières peut-on commettre le péché ?
On peut commettre le péché en cinq manières :
par pensée, par désir, par parole, par action et par omission.
+ Le P.
Joseph Anquiéta, célèbre missionnaire du Brésil, au seizième siècle, vit
un jour sortir de la ville un homme couvert d’un manteau et marchant à pas précipités.
Il allait tuer son ennemi. « Ou
allez-vous, malheureux? --- Mon père, répondit-il, je vais me promener. ---
Non, mon ami, vous allez vous jeter en enfer comme le témoigne le poignard que
vous cachez. » Ah! à combien
de gens pourrait-on dire : Vous allez en enfer, si on savait les désirs
qui les poussent !
+
Sainte Catherine de Sienne fut un jour extrêmement tourmentée par de
mauvaises pensées. Jésus-Christ lui apparut alors et les dissipa par sa présence.
Alors elle se plaignait amoureusement à lui : « Ou étiez-vous,
Seigneur, quant il se présentait à moi de si horribles pensées ? --- Ma
fille, lui répondit le Sauveur, j’étais au milieu de votre cœur.
--- Eh quoi ! mon aimable
Jésus, reprit-elle; pourriez-vous demeurer parmi des pensées si sales et si
honteuses ? --- Oui, mon enfant, j’étais témoin de vos combats et de la répugnance
que vous en aviez; je me plaisais à vous voir combattre. »
84.
Combien y
a-t-il de sortes de péchés ?
Il
y a deux sortes de péchés : le
péché mortel et le péché véniel.
85.
Qu’est-ce que
le péché mortel ?
Le péché mortel est une désobéissance à la loi de
Dieu, en matière grave et avec un plein consentement.
+ Saint
Nicétas, enchaîné par les païens avec des liens de soie sur un lit de plumes
et obsédé par les séductions d’une courtisane, n’ayant aucune moyen de défense,
se coupa la langue avec les dents et la cracha au visage de cette misérable.
+
Dans les villes traversées par un fleuve, on établit le long de ce
fleuve des quais et des escaliers permettant de descendre du quai jusqu’au
fleuve. --- Dans la vie spirituelle, nous voyageons souvent au bord d’un
fleuve : le péché :
et plus
d’une fois la tentation nous
fait pencher sur le quai. Si nous
sommes prudents nous nous retirons; mais parfois l’on cède et l’on met le
pied sur la première marche qui conduit au fleuve : c’est la présomption;
la deuxième, le relâchement dans la prière; la troisième, l’éloignement
de Notre-Seigneur; la quatrième, la jouissance du plaisir qui conduit vite à
la cinquième, le péché.
86.
Pourquoi ce péché
est-il appelé mortel ?
Ce péché est appelé mortel, parce qu’il fait
perdre à l’âme la vie de la grâce et lui mérite les peines de l’enfer.
+ Valérien,
chef d’un grand empire, se laissa vaincre par Sapor, roi de Perse, qui le traîna
à la suite de son char comme un esclave, et qui s’en servit en guise d’étrier
pour monter à cheval. Valérien se
mettait à genoux et Sapor appuyait ses pieds sur ses épaules.
Quel sort ! C’est
l’image du pécheur. Tant qu’il
fut fidèle à Dieu, il était roi du monde et de ses passions; dès que, se
laissant vaincre par le démon, il a consenti à une mauvaise pensée, il est
devenu l’esclave de Satan.
+ Qu’il
avait raison saint Benoît-Joseph Labre, cet illustre pèlerin que l’Église
honore aujourd’hui ! En
traversant une ville, sa besace sur le dos, couvert de haillons, il rencontre
deux hommes qui paraissent des heureux du siècle.
Ceux-ci le regardant, moitié par compassion, moitié par dédain peut-être,
lui dirent : Pauvre malheureux ! Benoît Labre se retourne : Mes amis, leur dit-il, avec
un visage tout céleste, vous vous trompez; il n’y a de malheureux que ceux qui offensent Dieu.
+ Saint
Théodore le Studite fut sommé par l’empereur Théophile et ses adhérents de
fouler aux pieds les saintes images. Faites
comme nous, une seule fois, lui dit-on, vous serez libre après de faire comme
il vous plaira. --- Ah ! leur répondit le saint, c’est comme si vous me
disiez de me laisser couper la tête une fois, vous ferez après ce que vous
voudrez. Répondons de même au démon
qui nous dit de pécher une fois seulement.
+
Un jour que saint Louis était avec le sire de Joinville, il lui
demanda ce qu’il aimerait mieux : ou d’être lépreux, ou d’avoir
commis un péché mortel. Joinville
lui répondit naïvement qu’il aimerait mieux en avoir fait trente que d’être
lépreux. « Vous parlez
comme un étourdi, reprit aussitôt le saint roi; car il n’y a pas de lèpre
qui soit aussi laide que le péché mortel, parce que l’âme qui a un péché
mortel est semblable au diable. » Quand
l’homme meurt, il est guéri de la lèpre du corps; mais quand l’homme qui
a fait un péché mortel meurt, il doit avoir peur que cette lèpre ne dure
tant que Dieu sera en paradis.
87.
Qu’est-ce que
le péché véniel ?
Le
péché véniel est une désobéissance à la loi de Dieu en matière légère,
ou même en matière grave, mais sans un plein consentement.
88.
Quels sont les
effets du péché véniel ?
Les effets du péché véniel sont d’affaiblir la
vie de la grâce, de nous mériter des peines temporelles en ce monde ou en
l’autre et de nous conduire au péché mortel.
+ Avec
quelle sévérité Dieu ne punit-il pas le péché véniel ? Il exclut de la Terre promise son fidèle serviteur Moïse
pour un sentiment de défiance en sa bonté; il fit périr 70,000 hommes de son
peuple pour une simple vanité de David; Isaïe annonça les plus grands
malheurs à Ezéchias pour une complaisance frivole; Ananie et Saphire sont
frappés de mort pour un mensonge léger…
+ Sainte
Thérèse, comme nous l’atteste le tribunal romain, n’était jamais tombée
dans une faute grave; cependant le Seigneur lui montra la place qui lui était
préparée en enfer, si elle eût continué à vivre dans l’état de tiédeur,
parce qu’alors elle aurait fini par perdre la grâce de Dieu et se damner.
+ Marie-Thérèse,
épouse de Louis XIV, étant tombée dans une faute qu’elle se reprochait avec
amertume, répondit en fondant en larmes à quelqu’un qui voulait la consoler
en lui disant que ce n’était qu’une faute vénielle :
Il n’importe; Dieu en est offensé; elle est mortelle pour mon cœur.
+ Louis
de Gonzague commit deux fautes à l’âge de cinq ans : il déroba un peu
de poudre à un soldat pour en charger ses canons, et prêta l’oreille à des
paroles indécentes prononcées par des soldats et qu’il répéta sans en
comprendre le sens. Son précepteur
les lui ayant fait remarquer, il en eut une vive douleur, et les pleura toute sa
vie. Pendant la première
confession qu’il fit, il tomba en défaillance.
(Henry.)
+ « Craignez
les péchés véniels, dit saint Augustin, non parce qu’ils sont graves, mais
parce qu’ils sont plus nombreux. Les moucherons sont des insectes si petits quelquefois
qu’ils échappent à la vue, mais leur multitude pourrait devenir funeste à
la vie. »
+ Les
grains de sable accumulés peuvent acquérir assez de poids pour couler les plus
grands navires.
Les
gouttes d’eau, en s’infiltrant dans les murs, peuvent miner les maisons
les plus solides, et leur rassemblement forme les rivières.
L
E Ç O N XIX
Les
vertus et les vices
89.
Qu’est-ce
qu’une vertu morale ?
Une
vertu morale est une vertu qui se rapporte à la bonne direction de notre vie.
90.
Quelles sont
les principales vertus morales ?
Les principales vertus morales sont :
la prudence, la justice, la force et la tempérance, on les appelle
encore vertus cardinales, parce qu’elles sont le fondement de toutes les
autres.
A)
LA PRUDENCE
+ Quelqu’un
interogeant Métellus sur ses projets contre l’ennemi, il répondit :
« Si ma tunique le savait, je la brûlerais. »
C’est d’après ce prudent général que Louis XI avait coutume de
dire : « Je brûlerais ma toque, si elle savait les secrets de ma tête. »
+ Philippe
demandait au roi Antigonus, son père, en présence de plusieurs, « quand
il se proposait de lever son camp. »
Ce roi, surpris de l’imprudence de son fils, qui tendait à découvrir
un dessein qu’il voulait tenir secret, s’écria : « Quoi donc,
Philippe, craignez-vous de ne pas entendre le son de la trompette qui doit vous
en avertir ? »
+ Guillaume
III, roi d’Angleterre, était en marche pour quelque expédition militaire; un
colonel le pria de lui dire quel était son dessein ? Le monarque, au lieu de lui répondre, lui demanda si, en cas
qu’il le lui apprît, il n’en dirait rien à personne ? Le colonel lui proteste que non : « Eh bien ! lui
dit le prince, j’ai aussi bien que vous le talent de garder le secret. »
Cette réponse fit taire le trop curieux officier.
+ Entre
plusieurs moyens que l’on donne pour bien faire ses actions, je vous
recommande celui-ci, disait saint Vincent de Paul : c’est de faire
chacune de vos actions comme si elle devait être la dernière de votre vie.
C’est pourquoi, pendant toutes vos actions, dites-vous à vous-mêmes :
si tu savais devoir mourir aussitôt après cette action, la ferais-tu de la même
manière que tu la fais ?
---lui-même était fort lent à se déterminer, mais
une fois qu’il avait pris une décision après avoir prié et demandé
conseil, il était ferme à ne pas abandonner son entreprise.
B)
LA FORCE
+ Nous
trouvons dans les écrits de saint Ambroise cet admirable passage :
« La vierge Sothère ne prenait aucun soin de sa beauté qui était
cependant remarquable. Quoiqu’elle
appartînt à une famille d’une antique noblesse, elle préféra la foi aux
consulats et aux préfectures de ses ancêtres.
On la presse de sacrifier aux idoles : elle refuse. Le persécuteur barbare la condamne à être souffletée, espérant
que la tendre vierge cèderait à la douleur ou à la honte; mais Sothère
entendant cette sentence découvre son visage, toujours voilé, excepté pour le
martyre; elle va au-devant de l’injure et présente sa face que les bourreaux
peuvent déchirer, mais sans porter atteinte à la beauté de son âme. »
+ Tiburce,
fils de Chromatius, préfet de Rome, fut converti par saint Sébastien.
Le gouverneur lui ordonna de brûler de l’encens en l’honneur des
dieux de l’empire, ou de marcher nu-pieds sur des charbons embrasés.
Tiburce aussitôt quitte sa chaussure et se promène sur des charbons en
disant au gouverneur : « Sachez
qu’il n’y a qu’un Dieu, celui des chrétiens.
C’est par sa puissance que ces charbons sont devenus pour moi des
fleurs. » le gouverneur irrité
lui fit trancher la tête.
+ Socrate,
ayant salué un citoyen, celui-ci ne lui rendit point le salut et passa fièrement.
Le philosophe n’en témoigna aucun ressentiment; et comme ses amis s’étonnaient
de son indifférence : « Si je voyais passer quelqu’un, leur
dit-il, qui fût plus laid et plus mal fait que moi, devrais-je me fâcher ?
Pourquoi voulez-vous donc que je me fâche contre cet homme, parce que je
suis plus civil que lui ? »
C)
LA TEMPÉRANCE
+ Saint
Paul, le premier ermite qui nous soit connu, retiré dans
une caverne dès son jeune âge, ne mangea jusqu’à l’âge de 43 ans que des
fruits de palmier, et, pendant les 60 dernières années de sa vie, il n’eut
qu’un peu de pain et d’eau.
+ Saint
Antoine, patriarche
des cénobites, ne mangeait qu’une fois le jour, après le soleil couché, ou
de deux jours l’un; souvent même il passait trois jours dans une abstinence générale.
Sa nourriture n’était que du pain et du sel; il ne buvait que de
l’eau.
+ La
sainte veuve Paule, dont
saint Jérôme a justement célébré les vertus, s’interdit entièrement
l’usage de la viande et du vin, du poisson et du lait, des œufs et du miel;
elle n’usait d’huile qu’aux jours de fête.
Abstinence d’autant plus admirable que cette sainte femme sortait
d’une des familles les plus nobles et les plus opulentes de l’empire et
qu’elle avait été élevée avec une délicatesse égale à sa naissance.
+ Saint
Jean-Baptiste passa
toute sa jeunesse dans les déserts, ne se nourrissant que de sauterelles et de
miel sauvage, ce qui était la nourriture des pauvres gens de la campagne, en ce
pays-là; il vivait dans la pénitence qu’il devait annoncer aux autres et par
ses paroles et par ses exemples, et toute sa vie ne fut qu’un jeûne perpétuel.
(Henry.)
+ Un fils
disait un jour à son père qui avait acquis beaucoup de biens : « Comment,
mon père, avez-vous fait pour avoir une si grande fortune ?
Pour moi, j’ai peine à gagner le bout de l’année avec tous les
revenus du bien que vous m’avez donné en mariage.---Rien n’est plus facile,
lui répondit le père, en éteignant une des deux bougies qui les éclairaient,
c’est de se contenter du nécessaire, et de ne brûler qu’une bougie quand
elle suffit. »
+ Diogène
voyant un jeune homme, qui avait follement dépensé toute sa fortune, réduit
à souper avec une maigre olive, lui dit : « Si vous aviez toujours déjeuné
ainsi, vous auriez ce soir un tout autre souper que celui-là. »
+ Les
Samnites chargés des richesses qu’ils venaient offrir à Curius Dentatus,
leur vainqueur, le trouvèrent occupé à faire cuire des raves pour son dîner
dans un pot de terre. Il refusa
leurs présents, et leur dit : « Celui qui se contente de cette
frugale nourriture ne peut avoir besoin ni de votre or, ni de vos perles précieuses. »
D)
LA JUSTICE
+
Achab, roi d’Israël, convoitait la vigne du pauvre Naboth et en
voulait agrandir ses jardins. Naboth tenait avec raison à l’héritage de ses pères et
il refusa de la vendre. Jézabel,
la femme du roi, le fit mettre à mort afin de s’emparer de sa vigne. Mais voici que le prophète Élie vint trouver Achab et lui
dit de la part de Dieu : « Sachez qu’au même lieu ou les chiens
ont léché le sang de Naboth, ils se désaltéreront du vôtre; Jézabel sera
mangée des chiens. » C’est
ce qui eut lieu.
91.
Qu’est-ce
qu’un vice ?
Un
vice est un mauvais penchant ou un défaut par lequel on se laisse dominer.
92.
Combien y
a-t-il de vices principaux ?
Il y a sept vices principaux, qu’on appelle encore péchés
capitaux, parce qu’ils sont la source de la plupart des péchés.
+ Dans la
guerre que le roi de Syrie eut à soutenir contre le roi d’Israël, il ordonne
à tous ses capitaines de ne
combattre contre
qui que ce fût, ni petit, ni grand, que contre le seul roi d’Israël (II
Par., XVIII, 30), se promettant que la mort du roi lui donnerait une victoire
facile sur toute l’armée, comme il arriva en effet.
Car le roi Achab ayant été tué d’un coup de flèche, tout céda de
toutes parts, et la guerre fut aussitôt terminée.
Imitons cet exemple : vainquons le vice qui est en nous le roi des
autres, et nous dompterons facilement tout le reste; coupons la tête à ce
Goliath et tous les autres Philistins seront bientôt défaits.
+
Albe et Rome ont confié leur destinée à la valeur des trois Horaces
et des trois Curiaces. Deux Horaces succombent dans la lutte et les trois Curiaces
sont blessés. Le seul Horace qui
reste prend la fuite, afin de distancer les trois blessés, dont il sait bien
que la marche sera inégale; et dès qu’il les voit séparés, il les
attaque avec courage et les renverse l’un après l’autre.
Les Romains triomphent. C’est
ainsi qu’il faut attaquer nos défauts les uns après les autres, afin de
triompher de tous.
93.
Quels sont les
sept péchés capitaux ?
Les
sept péchés capitaux sont : l’orgueil, l’avarice, la luxure,
l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse.
94.
Qu’est-ce que
l’orgueil ?
L’orgueil est une estime exagérée de soi-même qui
fait qu’on veut toujours s’élever au-dessus des autres.
+ Nabuchodonosor,
qui s’égalait à Dieu, devient semblable aux bêtes, et broute comme elles
l’herbe des champs.
+ Un
noble Athénien, très orgueilleux de sa naissance, voyant Diogène dans le
champ des sépulcres, lui demanda ce qu’il faisait.
« Je cherchais ici, lui dit-il, les os de votre père, mais ils y
sont tellement confondus avec ceux du peuple, que je ne saurais les distinguer. »
+ Après
la mort d’Alexandre, ses généraux eurent entre eux de si grandes divisions
qu’on
laissa son corps sans l’inhumer; ce que sa mère Olympias ayant appris, elle
s’écria dans sa douleur ! « Devenu
maître de l’univers, tu cherchais, ô mon fils, à t’élever jusqu’au
rang des dieux, et tu n’as pas aujourd’hui six pieds de terrain pour ta sépulture :
ce qu’on ne refuse pas au plus pauvre des hommes. »
95.
Quelle est la
vertu opposée à l’orgueil ?
La vertu opposée à l’orgueil est l’humilité,
qui fait qu’on se met à sa vraie place et qu’on rapporte à Dieu tout ce
que l’on a de bien.
Exemples d’humilité
--- Humilité
du Fils de Dieu, de la Sainte Vierge, de saint Jean-Baptiste, de saint Pierre,
de saint Paul, de sainte Madeleine, du centurion, du publicain.
+ Humilité
du curé d’Ars. (Sa vie par M.
l’abbé Monnin.)
--- J’ai reçu deux lettres par le même courrier,
disait-il un jour : dans l’une on prétendait que j’étais un grand
saint, dans l’autre que j’étais un hypocrite et un charlatan… La première
ne m’ajoutait rien; la seconde ne m’ôtait rien.
On est ce qu’on est devant Dieu, et puis pas plus. --- Dans le besoin
que M. Vianney éprouvait de s’amoindrir et de se rapetisser, il y avait un
mot dont il faisait un emploi continuel : c’était toujours sa pauvre
âme, son pauvre
cadavre, sa pauvre
misère, ses pauvres péchés.
+
Le diable apparut un jour à saint Macaire, armé d’un fouet comme
pour le battre et lui dit : « Tout ce que tu fais, je le fais; tu
jeûnes, moi je ne mange jamais; tu veilles, moi je ne dors jamais !
Il n’y a qu’une chose que tu fais et que je ne puis faire. --- Eh !
quoi donc ? --- M’humilier ! »
répondit le diable et il disparut.
96.
Qu’est-ce que
l’avarice ?
L’avarice est l’amour excessif de l’argent et
des autres biens de la terre.
+ Saint
Bonaventure compare l’avare au pourceau qui n’est bon qu’après sa mort;
ainsi l’avare, qui n’a rien donné durant sa vie entière, commence à sa
mort à donner généreusement son bien à ses héritiers, son corps aux vers et
son âme aux démons.
+ Ananie
et Saphire expient par une mort subite leur mensonge et leur défaut de générosité.
+ En
punition de leur cupidité, Achan est lapidé par l’ordre de Dieu, Saül rejeté
par le Seigneur, Jézabel jetée aux chiens.
+ Le traître
Judas, poussé par l’avarice la plus honteuse qui fut jamais, vend le Fils de
Dieu, son très doux et très bon maître.
Puis par un juste jugement de Dieu, il devient son propre bourreau; le désespoir
le pousse à se pendre, et pendant qu’il livre aux démons son âme maudite,
il répand sur la terre ses cruelles entrailles.
« Ainsi, dit saint Cyprien, l’amour du gain conduit jusqu’au déicide. »
(D’Outreman.)
+
L’an 1828, il mourut à Paris, à l’âge de 80 ans, un particulier
qui habitait depuis 40 ans le même logement, avec une vieille gouvernante.
Cet homme vivait d’une manière misérable; il était mal vêtu, mal
nourri, il se refusait même le nécessaire, allant quelquefois dans un café
voisin pour s’éviter la dépense du chauffage.
Il n’avait d’autres héritiers que des petits-neveux qui ont été
appelés à reconnaître sa succession. Le
serrurier fit en leur présence l’ouverture d’un vieux coffre fermé, dont
on ne soupçonnait pas l’usage d’après le genre de vie du propriétaire. On y trouva plus de deux millions en or, que cet avare y
avait entassés. Il possédait
plus de 60.000 francs de rentes. Quelle
conduite !
97.
Quelle est la
vertu opposée à l’avarice ?
La vertu opposée à l’avarice est la générosité
et l’inclination à soulager les pauvres.
+ Les
biens de ce monde sont un obstacle à la perfection.
Le philosophe Cratès, tout païen qu’il était, jeta à la mer une
somme considérable en disant : Je
te submerge, de crainte que tu ne me submerges.
Quel exemple de détachement ! Il
eût mieux fait de l’employer en aumônes.
+ Sainte
Élisabeth de Hongrie, qui fut si charitable, ne donnait pas sans discernement.
Les faux pauvres, les paresseux et les lâches recevaient un secours,
mais souvent aussi un instrument de travail, avec des paroles d’encouragement
au labeur et des conseils de l’Écriture : « Tu mangeras ton pain
à la sueur de ton front », ou ces mots de l’apôtre : « Qui
ne travaille point ne doit point manger. »
+ Un
jour, au patriarcat, le cardinal Sarto (Pie X) prenant congé d’un vieil
intime de Trévise, tira de son gousset une montre d’or pour dire l’heure à
son visiteur. « Éminence,
cette montre n’a-t-elle fait encore aucun voyage au mont-de-piété ? ---
Taisez-vous… Le malin qui m’a fait ce cadeau…regardez…il a gravé mes
armes, là… sur la calotte… et vous comprenez !… Armes providentielles !
sans elles, le patriarche aurait dû aller demander l’heure à
l’horloge de la cuisine ! »
+ Un
jour, Mgr Dupanloup reçut d’une généreuse et noble Orléanaise le billet
suivant : « Monseigneur, mon mari voulait m’offrir un châle de
1.200 francs, 1.200 francs, c’est le prix de 4.000 kilos de pain; ce serait
trop lourd pour mes épaules; je vous envoie les 1.200 francs. »
+
Quand le père de saint Vincent de Paul, encore enfant, l’envoyait au
moulin chercher de la farine, Vincent, s’il rencontrait un pauvre, ne
pouvait résister au besoin de lui en donner quelques poignées, et son père,
qui était un homme de bien, ne s’en plaignait pas.
Un jour que Vincent rencontra un pauvre dans une grande misère, il lui
donna trente sous qu’il avait mis de côté à force de travail et d’épargne,
et il ne se réserva rien.
98.
Qu’est-ce que
la luxure ?
La luxure est le vice de l’impureté.
+ Aveu
d’un jeune homme esclave de l’impureté. --- Enfin, le livre de Tissot (Médecin célèbre) me
tombe entre les mains; mais hélas ! beaucoup
trop tard. Je lis et suis comme
frappé de la foudre. Mes yeux se
rouvrent, et je suis saisi de crainte et d’épouvante.
J’étais à cette époque déjà exténué et semblable à un
squelette; cependant, je n’avais point encore soupçonné la cause de mon dépérissement;
mais ce moment m’en fit voir la cause effrayante.
Qu’ils sont barbares les parents, les maîtres, les amis, me disais-je,
qui ne m’ont pas averti du danger ou conduit ce vice (l’impureté) !…
Plaignez ma triste situation : mon esprit émoussé est absolument
incapable de poursuivre un raisonnement; ma mémoire est perdue tout à fait;
tout mon corps est affaibli et sans action; je suis maigre et décharné, je
n’ai plus que la peau et les os… mon aspect fait horreur.
J’aurais souvent succombé à la tentation de terminer ma triste
existence, si la raison et la religion, qui sont ma seule consolation, ne
m’eussent retenu. (Doussin-Dubreuil.)
+
En 1387, Carlos II, roi de Navarre, épuisé de débauches, consulta
les médecins qui lui conseillèrent, pour retrouver des forces qu’il usait
dans d’infâmes plaisirs, de se faire envelopper tout le corps dans un
linceul imbibé d’eau-de-vie. Mais
le serviteur qui l’enveloppa de ce linceul eut l’imprudence d’en
approcher une bougie. Le linceul
prit feu. Le roi poussa des
hurlements affreux; on accourut, mais en vain; il fut brûlé vif. Dieu a un feu plus ardent que celui de l’alcool pour punir
les voluptueux.
99.
Quelle est la
vertu opposée à la luxure ?
La vertu opposée à la luxure est la chasteté par
laquelle on s’interdit tous les plaisirs déshonnêtes.
+
Pureté de Joseph, --- de Suzanne, --- de Judith, --- de saint
Jean-Baptiste, --- de saint Jean l’Évangéliste, --- de la Sainte Vierge,
--- de saint Louis de Gonzague, etc.
100.
Qu’est-ce que
l’envie ?
L’envie est une tristesse qu’on ressent à la vue
du bonheur des autres.
+
Parmi les envieux coupables, citons : Satan
qui le fut de nos premiers parents au paradis
terrestre; Caïn, de
son frère Abel, parce que le sacrifice de celui-ci fut agréable à Dieu (Gen.,
IV); les fils de Jacob, de
leur frère Joseph, parce qu’il était le préféré du père (Gen.,
XXXVII); le roi Saul, de David, parce que le peuple l’honorait pour avoir
tué Goliath (I, Rois, XVII).
101.
Quelle est la
vertu opposée à l’envie ?
La vertu opposée à l’envie est la charité
fraternelle qui nous fait partager les peines et les joies du prochain, comme si
c’étaient les nôtres.
Exemples de charité contraires à l’envie :
Abraham, qui abandonna à Loth le meilleur pays (Gen.,XI,12). --- Sainte Élisabeth,
qui s’écria en voyant la sainte Vierge : vous
êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de votre sein est béni (Luc.,I,42).
--- Les voisins et les parents de Zacharie qui se réjouirent de la naissance de saint Jean-Baptiste (Luc., I,58).
102.
Qu’est-ce que
la gourmandise ?
La gourmandise est l’amour déréglé du boire et du
manger.
+ Pour prémunir
ses enfants contre la sensualité, Mme Acarie faisait servir à table des
nourritures communes, et presque toujours un même plat.
Elle exigeait encore qu’ils ne dissent jamais leur goût, et qu’ils
ne se rendissent nullement difficiles. Une
de ses filles, qui n’avait que dix ans, fit un jour paraître du dégoût pour
un mets qu’on lui avait servi; sa mère le lui fit donner à tous les repas
pendant quinze jours, et sa délicatesse fut si bien réprimée dans cette
occasion que rien de ce qu’on servait à table ne lui déplut par la suite.
Sa deuxième fille aimait les fruits :
pou lui apprendre à modérer ses désirs, sa mère lui redemandait
quelquefois les fruits qu’elle venait de lui donner; ou si elle apercevait
qu’elle les mangeât trop vite, elle la faisait desservir.
+
Un fort mangeur se présenta devant Henri IV, dans l’espoir
d’obtenir quelque récompense de son glorieux talent.
« Est-il vrai que tu manges autant que six ?
lui demanda le roi. --- Oui, sire, répondit-il. --- Et tu travailles
à proportion ? --- Comme un autre de ma force et de mon âge. --- Si
j’avais beaucoup d’hommes comme toi dans mon royaume, répliqua le roi, je
les ferais pendre : de tels coquins l’auraient bientôt affamé ! »
La gloire honteuse que cet homme tirait de la capacité de son ventre
ne méritait certes pas un meilleur traitement.
(Tiré de Noel.)
103.
Quelle est la
gourmandise la plus honteuse ?
La gourmandise la plus honteuse est l’ivrognerie ou
l’alcoolisme, qui fait perdre la raison, et a pour la famille et la société
les plus funestes conséquences.
+ Noé
est surpris par l’ivresse, il devient pour son propre fils un sujet
d’indignes moqueries.
+ Loth,
en proie au même délire, se rend deux fois coupable du plus horrible inceste.
+ Holopherne
s’abandonne à l’intempérance. Il
a la tête tranchée par la main d’une femme armée de sa propre épée.
+ Balthazar,
roi de Babylone, au milieu de ce magnifique festin ou il a réuni, avec les
principaux seigneurs de sa cour, une multitude de courtisanes, pendant qu’il
affecte de boire dans les vases sacrés enlevés du temple de Jérusalem, voit
apparaître cette main qui écrit en caractères mystérieux son arrêt de mort.
+ Le
mauvais riche, qui se traitait splendidement tous les jours, trouve sa sépulture
en enfer.
+ L’ivrognerie
fait périr en Angleterre, chaque année, cinquante mille personnes.
Elle a été convaincue par la statistique de fournir aux hôpitaux la
moitié des insensés, aux prisons les trois quarts des criminels; de jeter dans
la misère les deux tiers des pauvres; de causer le quart des morts subites, le
sixième des suicides !
+ Un
ouvrier du port de Dundee (Écosse) raconte un matin à sa femme qu’il avait
eu un rêve pendant la nuit. Il
avait vu quatre rats s’approcher de lui l’un après l’autre.
Le premier était gros et gras, les deux autres étaient fort maigres, le
quatrième était aveugle. Le brave
homme était inquiet; car il avait entendu dire que les rats portent malheur.
La pauvre femme ne pouvait trouver d’interprétation du songe.
Son petit garçon fut le Joseph de ce nouveau Pharaon : « Le
rat gros et gras, dit-il à son père, c’est le marchand de vin que tu vas
voir souvent et à qui tu portes toute ta monnaie !
les deux maigres, c’est maman et moi; l’aveugle, c’est toi, papa. »
(Le Pèlerin.)
+ Perche
si bere (pourquoi
l’on boit). --- L’un boit parce qu’il est triste, l’autre parce qu’il
est gai. --- L’un parce que le temps est humide, l’autre parce qu’il est
sec. --- L’un parce qu’il a beaucoup travaillé, l’autre parce qu’il
n’a rien à faire. --- L’un parce qu’un vieil ami est arrivé, l’autre
parce qu’un vieil ami est parti. --- L’un parce qu’il fait froid,
l’autre parce qu’il fait chaud. --- L’un parce qu’il est seul, l’autre
parce qu’il est en compagnie. --- L’un pour se tenir éveillé, l’autre
pour s’endormir. --- L’un parce que c’est jour de noce, l’autre parce
que c’est jour d’enterrement.
+ L’alcool
qui parle. --- Écoutez et instruisez-vous.
Voulez-vous
voir des miracles, venez tous à moi, hommes et femmes, et laissez-moi agir à
mon gré. Dès lors, l’univers
entier sera changé. Je rends
pauvres les riches, je rends malades ceux qui sont en santé.
Des ouvriers je fais des vagabonds, des gens religieux je fais des incrédules;
aux sages je donne des idées confuses; des gens laborieux je fais des fainéants;
des bons, des égarés; de jeunes filles chastes, des femmes éhontées;
d’hommes comme il faut, des voleurs et des bandits; le bonheur domestique,
je le change en misère; la nourriture, je la change en poison; et la vie en
mort. Comment puis-je faire tout
cela ? Approchez; mettez le
liquide qui est dans ce tonneau, dans le verre et portez-le à vos lèvres
pour goûter, et puis faites-le descendre. --- Encore plus, dites-vous, donnez
encore. Avalez toujours.
C’est ainsi que j’entretiens le feu.
Vous buvez et buvez jusqu’à ce que l’abîme de l’enfer vous
absorbe, si vous ne faites pénitence.
104.
Quelle est la
vertu opposée à la gourmandise ?
La vertu opposée à la gourmandise est la tempérance
ou sobriété qui n’accorde au corps que ce qui lui est utile.
+ On
demandait un jour à Léonicini, célèbre médecin italien, mort âgé de
quatre-vingt-dix ans, par quel moyen il avait pu conserver et sa santé et toute
la vigueur de ses facultés. « En
vivant toujours sobrement », répondit-il.
+ Hippocrate,
le prince des médecins, qui vécut jusqu’à 140 ans, déclarait pareillement
qu’il devait son heureux état de santé au soin qu’il avait pris de ne
jamais sortir de table sans éprouver encore un reste d’appétit.
+
Saint Pierre Damien, cardinal-évêque d’Ostie, conseiller des Papes,
la lumière de l’Église, retiré à la fin de sa vie au monastère de
Fontavelane, ne mangeait que du pain fait avec de l’orge et du son.
105.
Qu’est-ce que
la colère ?
La colère est un mouvement déréglé de l’âme,
qui nous fait repousser avec violence les personnes et les choses qui nous déplaisent.
+ L’empereur
Valentinien était sujet à la colère. Donnant
un jour audience aux ambassadeurs des Quades, il s’emporta tellement qu’il
eut un engorgement de sang dont il mourut.
+
La chaux bouillonne dès qu’on l’arrose d’un peu d’eau; il en
est de même des hommes emportés, dès qu’on les offense le moins du monde.
Gardez-vous de la colère, car comme la chaux en bouillonnant tombe en
morceaux et se dissout, ainsi l’homme emporté ruine sa santé et creuse
souvent de bonne heure son propre tombeau.
(Munch.)
106.
Quelle est la
vertu opposée à la colère ?
La vertu opposée à la colère est la douceur qui
nous fait supporter avec patience ce qui nous contrarie.
+ Un jour
le divin Sauveur avait fait prendre les devants à des envoyés, qui, dans leur
route entrèrent dans un bourg des Samaritains pour lui préparer une demeure.
Mais ceux-ci ne le reçurent pas. Ce
que voyant ses disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur,
voulez-vous que nous commandions au feu de descendre du ciel et de les consumer
? » --- Et Jésus se tournant vers eux les reprit, et dit : « Vous
ne savez à quel esprit vous appartenez. Car
le Fils de l’homme n’est point venu perdre les âmes, mais les sauver. (S. Luc., IX,52-56.) Cette
douceur, il ne la montra pas seulement ici, mais dans toutes les occasions.
+ Saint
François de Sales menacé et insulté par un gentilhomme lui dit pour toute
vengeance : « Mon ami, quand bien même vous m’arracheriez un œil,
je vous regarderais encore de l’autre de bonne amitié et de bon cœur. »
Le gentilhomme ne dormit pas de toute la nuit, et le lendemain il venait
se jeter aux pieds du saint évêque pour lui demander pardon.
+ Le P.
Fernandez, compagnon de saint François-Xavier, prêchait à Amanguchi, dans le
Japon. Au milieu de son sermon, un
homme de la lie du peuple s’approche de lui, comme pour lui dire quelque
chose, et lui lance à la face un hideux crachat.
Le prédicateur, sans s’émouvoir, s’essuie le visage et continue son
discours comme si rien de fâcheux n’était arrivé. Cette patience frappa tellement les infidèles que, malgré
toutes les puissances de l’enfer, les conversions furent nombreuses.
+ Xénocrate,
se voyant un jour en butte aux plus graves injures, se tut.
Et comme on lui demandait le motif de son silence, il répondit :
« Je me suis souvent repenti d’avoir répondu aux injures, jamais de
m’être tu. »
+
Lorsque Lycurgue voulut établir la réforme dans Lacédémone, une
foule de citoyens s’éleva contre lui et lui jura une haine éternelle.
Un jeune homme entre autres, nommé Alexandre, le poursuivit dans la
place publique et lui creva un œil d’un coup de bâton.
Le peuple indigné de cette violence, livra le coupable au législateur,
afin qu’il en tirât vengeance. Lycurgue
l’emmena chez lui et le traita avec tant de douceur et de bonté, que le
jeune homme, charmé de sa vertu, fut depuis un de ses plus zélés partisans.
107.
Qu’est-ce que
la paresse ?
La paresse est un amour excessif du repos, qui fait négliger
tout devoir pénible.
+ David
et Salomon, vertueux dans le travail, tombent, par suite de l’oisiveté, dans
des crimes affreux (II, Rois, XI; III, Rois, XI); le serviteur inutile est réprouvé,
parce qu’il n’a pas fait valoir le talent que son maître lui a confié (Matth.,
XXV, 30); la porte est fermée aux cinq vierges folles, parce qu’elles n’ont
pas eu le soin de fournir d’huile (de bonnes œuvres) les lampes (la foi)
qu’elles ont entre les mains (Matth., XXV,2); le figuier stérile est condamné
à être arraché et jeté au feu (Luc, XII,7).
+ Le supérieur
d’un couvent de moines des déserts d’Orient ordonnait à ses religieux de
faire des corbeilles d’osier et de les défaire ensuite; l’un d’eux s’en
plaignit en disant que c’était un travail inutile. « Souvenez-vous,
dit l’abbé, qu’il n’est rien de plus utile que d’éviter l’oisiveté. »
+ Un
saint homme disait chaque fois qu’il entendait l’horloge : « O
mon Dieu ! voilà une heure passée
de celles qui composent le nombre de mes jours; il faudra que j’en rende
compte, ainsi que de tous les moments de ma vie ! »
+
Alphonse, roi d’Aragon, travaillait de ses mains, et quand on lui en
faisait le reproche, il répondait : « Le Seigneur a-t-il pu donner
des mains aux rois uniquement afin qu’ils les croisent sur leur poitrine? »
Tout homme, quelle que soit sa condition, doit travailler.
108.
Quelle est la
vertu opposée à la paresse ?
La vertu opposée à la paresse est le courage, qui
nous fait remplir nos devoirs sans craindre la peine.
+ Allez,
à la fourmi, considérez sa conduite, et apprenez à devenir sage, disait
souvent, d’après Solomon, un pasteur des âmes.
Cette vie est le temps de la moisson, faites provision de bonnes œuvres,
afin que vous ayez de quoi acheter le ciel.
+ Dans sa
jeunesse, le vénérable curé d’Ars allait travailler la vigne; il avait soin
de planter devant lui un bâton sur lequel il plaçait une petite statue de la
sainte Vierge; et fréquemment, il tournait ses regards vers cette image bénite.
La tâche devient moins lourde, quand, en l’accomplissant, on jette
souvent les yeux vers la divine Vierge.
+ En 1887
ou 1888, je reçus la visite d’une dame de grande noblesse, très bonne et très
estimée dans la contrée éloignée qu’elle habite. Dans la conversation, je lui demandai : « Que font
vos deux fils, madame (nous étions au mois de mai)? Mes fils, me répondit-elle, ont l’habitude de faire de
l’équitation au printemps. --- Et en été, que feront-ils? --- En été, ils
iront aux bains de mer. Je
continuai : --- Et en automne ? --- En automne, ils chasseront. J’allai jusqu’au bout. --- Et en hiver ? --- En hiver,
nous allons à Paris où ils s’acquittent de leurs devoirs de société. ---
Vos fils font de l’équitation au printemps, vont aux bains de mer en été,
chassent pendant l’automne, vont à Paris pendant l’hiver ! je lui dis moitié sérieux, moitié riant : Madame vos
deux fils sont bien ce qu’on peut appeler deux fainéants des quatre saisons. »
Un profond soupir me prouva qu’elle subissait ma conclusion quelque
dure qu’elle fût.
Pour
vous, mes chers enfants, vous serez toujours des travailleurs des quatre
saisons.
(Mgr L’Archevêque D’Aix.)
+
On raconte de saint Antoine, archevêque de Florence, qu’il fut tout
émerveillé, un jour, en passant dans une rue, de voir quatre anges planant
au-dessus d’une pauvre chaumière. Il
y entre et trouve une pauvre veuve et ses trois filles réduites à la plus
extrême indigence, et occupées à filer leur quenouille.
Par compassion, le saint leur laissa une grosse somme d’argent.
Mais quelques jours après, ayant repassé dans le même endroit, il
aperçoit non plus des anges, mais des démons.
Il entre de nouveau, et il apprend que depuis sa visite on ne file
plus, mais qu’on s’occupe à se parer.