L E Ç O N    V I

  

D e    l a    v e r t u    d e    R e l i g i o n

 

27.  Qu’est-ce que la vertu de religion ?

La vertu de religion est une vertu qui nous fait rendre à Dieu, aux saints et aux choses saintes le culte et les honneurs qui leur sont dus.

 

+  M. Gustave Lauson, qui fut professeur de littérature française du tsar Nicolas II, raconte ses souvenirs dans une revue parisienne.  Parlant des sentiments religieux du souverain, il cite ce trait : « Nicolas n’admet pas qu’on vive sans religion, c’est-à-dire sans culte.  Trouvant un jour une feuille illustrée qui représentait la scène des funérailles de Victor Hugo, il me dit : « Je ne comprends pas qu’on ait pu faire des obsèques solennelles et nationales à un homme qui est mort comme un chien. »

 

28.  Y a-t-il plusieurs sortes de cultes ?

Oui, il y a plusieurs sortes de cultes : il y a le culte intérieur et le culte extérieur, le culte privé et le culte public. 

 

29.  Qu’est-ce que le culte intérieur et le culte extérieur ?  

Le culte intérieur est celui que notre âme rend à Dieu par ses sentiments de respect et d’amour; le culte extérieur est celui dans lequel le corps s’unit à l’âme pour rendre hommage à Dieu.

 

30.  Qu’est-ce que le culte privé et le culte public ?

Le culte privé est celui que l’on rend à Dieu en son particulier; le culte public est celui que l’on rend à Dieu en assistant aux offices de l’Église. 

 

 

1.  L E    C U L T E    D Û    À    D I E U

 

31.  Quel est le culte dû à Dieu ?

Le culte dû à Dieu est le culte d’adoration.

 

32.  Qu’est-ce que adorer Dieu ?

Adorer Dieu, c’est le reconnaître et l’honorer comme l’Être Infini, Créateur et Souverain Maître de toutes choses.

 

+  Le Fils de Dieu apparut un jour à saint Jean dans l’île de Patmos avec plusieurs couronnes sur sa tête (Apoc., XIX, 12).  C’était pour lui apprendre qu’il est roi de tous les royaumes, de tous les empires, de tous les rois et empereurs du monde, qu’il est le roi du ciel et de la terre, roi des anges et des hommes.

 

+  Personnages ambitieux des honneurs divins :  1e Lucifer.  « Et néanmoins tu as été

précipité de cette gloire dans l’enfer, jusqu’au plus profond des abîmes. » (Is.,XIV,15). --- 2e Adam et Ève punis par toutes sortes de peines et de souffrances. (Gen.,III,5.) --- 3e Nabuchodonosor, roi de Babylone, «  fut rendu semblable aux bêtes ». (Dan.,IV,29.) --- 4e Le diable confondu et chassé par la correction que lui infligea le Christ. (S. Mat.,IV,10.) --- 5e Hérode-Agrippa, consumé par la vermine.(Act.,XII,23.) --- 6e L’antechrist, qui sera mis à mort par le Sauveur Jésus. (II,Thes.,II,8.)

 

+  Ceux qui ont refusé les honneurs divins qu’on voulait leur offrir : 1e L’ange qui ne veut pas que Gédéon lui offre un sacrifice : « Prenez la chair et les pains sans levain…, et l’ange du Seigneur disparut de devant ses yeux. » (Jug.,VI,20,21.) --- 2e Pierre et Jean après la guérison du boiteux : « O Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de ceci, et pourquoi nous regardez-vous comme si c’était par notre puissance ou par notre sainteté que nous eussions fait marcher ce boiteux. » (Act.,III,12) --- 3e Pierre ne veut pas que Corneille l’adore. (Act.,X,25.) --- 4e Paul et Barnabé, à Lystre, après la guérison du boiteux : « Mes amis, que voulez-vous faire ?  Nous ne sommes que des hommes mortels comme vous. » (Act.,XIV,14.) --- 5e Saint Paul, ayant secoué la vipère sans en recevoir aucun mal fut pris pour un dieu par les habitants de Malte et il les quitta. (Act.,XXVIII,6.) --- 6e Dans l’Apocalypse, l’ange qui disait à Jean : « Gardez-vous bien de le faire : je suis serviteur de Dieu comme vous et comme vos frères qui demeurent fermes dans la confession de Jésus-Christ.  Adorez Dieu. » (Ap., XIX, 10.) (Devine.) 

 

33.  Comment pèche-t-on contre le culte dû à Dieu ?

On pèche contre le culte dû à Dieu par idolâtrie, sacrilège, superstition, indifférence et impiété.

 

34.  Comment pèche-t-on par idolâtrie ?

On pèche par idolâtrie en adorant les créatures au lieu du créateur. 

 

+  « Allons, montrez-nous donc votre Dieu, disait-on un jour, par moquerie, à un Indien converti. --- Mon Dieu, est pur esprit, répondit-il, il ne se voit pas.  Mais je vais vous montrer vos dieux. »  Barbouillant une figure humaine sur une pierre : « Voici votre Dieu ! » leur dit-il, et d’un coup de pied il poussa cette idole loin de lui.

 

+  Tout le monde connaît la parole qu’adressa saint Rémy, évêque de Reims, au roi Clovis, au moment ou il le baptisait : « Brûle ce que tu as adoré et adore ce que tu as brûlé. »  C’est-à-dire, renonce à tes faux dieux et adore le vrai Dieu.

 

35.  Comment pèche-t-on par sacrilège ?

On pèche par sacrilège en profanant les choses saintes.

 

+  Il y a quelque temps, un nommé William-Alfred Carter rapportait d’Australie une chaîne de montre ayant appartenu à l’amiral Nelson, bijou volé, à l’Hôtel des Invalides de Greenwich.  Cet individu réclamait, bien entendu, une forte récompense; malheureusement pour lui, il fut démontré, au cours des débats engagés qu’il était lui-même le voleur.  Et le tribunal de Old-Dailey a condamné William-Alfred Carter au maximum de la peine : sept ans de travaux forcés. --- « Le vol des reliques d’un héros anglais, dit le juge, relique d’une valeur incalculable par les souvenirs qu’elles évoquent est une offense à la nation tout entière. » (Sem. rel., 7 déc. 1904.)

+  M.Arsène Houssaye, dans un livre récent, certifie l’authenticité de la note suivante : Je chassais à Bruyères avec un de mes amis qui professait l’athéisme.  Mon scepticisme ne m’empêchait pas de saluer au passage Jésus-Christ sur son calvaire.  Passant devant le Christ du mont Saint-Pierre, je saluai gravement.  Mon ami éclata de rire.  « Tiens, me dit-il, tu vas voir comment je fais le signe de la croix. »  Il appela son chien, lui mit une casquette et lui secoua la tête pour qu’il saluât.  Ce ne fut pas assez, il lui prit la patte et lui fit faire le signe de la croix.  La pauvre bête se mit à aboyer douloureusement, étrangement, furieusement.  « Eh bien ! es-tu content, dis-je à mon ami ? --- Très content », me répondit-il, mais il était pâle, comme la mort.  Nous chassâmes comme de coutume, mais voilà qu’à notre retour, repassant devant la même croix, mon ami se mit à aboyer tout comme son chien, avec un cri plus désespéré encore.  Je croyais que c’était un sacrilège de plus, mais je vis à sa figure que cet aboiement était involontaire.  Un instant après il se remit, essaya de rire comme s’il eût joué la comédie.  Mais en rentrant chez sa mère, une sainte femme, il aboya.  Le lendemain, il aboya, puis le seurlendemain, puis toujours.  (Écho de Fourvière du 11 avril 1891.)

 

36.  Comment pèche-t-on par superstition ?

On pèche par superstition en croyant que certaines paroles, certaines actions, ou certains objets ont un pouvoir que Dieu ne leur a point donné, comme de guérir les malades ou de faire connaître l’avenir.

 

+  Ochosias, roi d’Israël, étant tombé d’une chambre haute, envoya ses gens consulter Béelzébub, pour savoir s’il pourrait se relever de ce mal.  Le prophète Élie alla au devant des gens du roi et leur dit : « Retournez vers le roi qui vous a envoyés et dites-lui : Est-ce qu’il n’y a point de Dieu en Israël que vous envoyez consulter Béelzébub ?  C’est pourquoi vous ne descendrez pas du lit sur lequel vous êtes monté et vous mourrez. »  Ochosias mourut en effet. 

 

+  Un fait bien avéré, dit Bouloumoy, c’est que tous les esprits, lorsqu’ils ont été poussés à bout et sommés, au nom de Dieu, de dire ce qu’ils étaient, ont constamment avoué qu’ils étaient des démons.  « Mon nom est la haine, répondit un jour un esprit que l’on interrogeait ; je hais tout, je me hais moi-même. »  Dans une autre circonstance, on demandait :  « Es-tu un bon esprit ? --- Oui. --- Ou es-tu ? --- Au ciel. --- Eh bien ! si tu es un bon esprit, écris : Vive Jésus ! »  Le crayon écrivit : vive… puis traça quelques lignes incertaines.  On réitéra l’ordre.  Le crayon écrivit encore :  Vive… et s’arrêta.  On ajouta : « Au nom de Dieu, je t’ordonne d’écrire : Vive Jésus ! »  Le crayon écrivit encore :  Vive… Et après quelques instants d’hésitation, il reprit sa course avec une extrême rapidité.  On retira le papier; il avait écrit :  Vive Satan !  (M. de Roys, La vérité sur le spiritisme, V et XVI.)

 

+  Les plus incroyants sont les plus superstitieux : réalisation de cette vérité que ceux qui se séparent de Dieu s’égarent.  Rousseau avait peur du nombre treize : Bayle regardait le vendredi comme jour néfaste; Volney interprétait les songes; Helvétius consultait les diseurs de bonne aventure; Hobbes étudiait l’avenir par des combinaisons d’arithmétique; Voltaire redoutait les augures, etc.

 

37.  Comment pèche-t-on par indifférence ?

On pèche par indifférence, quand on néglige habituellement le devoir de la prière et les autres pratiques de la religion.

 

38.  Comment pèche-t-on par impiété ?

On pèche par impiété, quand on méprise Dieu, la religion, ses ministres ou les choses saintes.

 

+  Le roi impie Sennachérib assiège Jérusalem et il écrit au roi Ézéchias une lettre pleine de blasphèmes contre le vrai Dieu.  Et le Seigneur envoie son ange qui frappe 185.000 hommes de l’armée assyrienne avec leur général.  Sennachérib prend la fuite, et, en entrant dans le temple de ses faux dieux, il trouve ses fils armés de poignards qu’ils enfoncent dans le sein de leur père.  Crime horrible sans doute, mais juste châtiment du blasphème.

 

+  Fontenelle disait à la fin de sa vie : « J’ai vécu cent ans et je mourrai avec la consolation de n’avoir jamais donné le plus petit ridicule à la plus petite vertu. »

 

11.   L E   C U L T E    D E    L A    S A I N T E    V I E R G E    E T        

D E S   S A I N T S

 

39.  Devons-nous honorer les anges et les saints ?

Oui, nous devons honorer les anges et les saints, parce qu’ils sont les serviteurs et les amis de Dieu. 

 

40.  Est-il bon de prier les anges et les saints ?

Oui, il est bon de prier les anges et les saints, pour obtenir de Dieu, par leur intercession, les grâces dont on a besoin. 

 

41.  Ne devons-nous pas honorer plus particulièrement la Sainte Vierge ?

Oui, nous devons rendre à la Sainte Vierge, parce qu’elle est la mère de Dieu, les plus grands honneurs que puisse recevoir une simple créature.

 

+  Nous voyons dans l’Ancien Testament plusieurs figures de la Sainte Vierge :  L’arbre de la vie au paradis terrestre; --- l’arche qui servit à sauver le genre humain du déluge; --- l’arche d’alliance qui contenait la manne; --- Judith qui tua Holopherne, l’ennemi juré de son peuple, etc.

 

+  Notre-Dame de Fourvière. --- Ce sanctuaire, croit-on, est le premier, après celui de Chartres, qui ait été élevé à Marie dans les Gaules.  Quoi qu’il en soit, il est sûr que le culte de la Sainte Vierge a été implanté à Lyon par saint Pothin, premier évêque du diocèse, qui fut disciple de saint Polycarpe, et qui connut probablement saint Jean, l’apôtre bien-aimé, puisqu’il avait quinze ans lorsque saint Jean mourut.

     Les Traditions mentionnent que lorsque ce saint évêque arriva à Lyon, il apporta avec lui une image de Marie, qui fut honorée de longs siècles dans l’endroit ou se trouve actuellement l’église Saint-Nizier.  Mais, vers le XIIe siècle, ce sanctuaire de la Sainte Vierge fut transporté dans l’église de Fourvière, bâtie au VIIIe siècle par Leidrade, évêque de Lyon, et ancien bibliothécaire de Charlemagne, sur le forum de Trajan qui alors s’appelait forum vetus, dont on a fait Fourvière.  Heureuse coïncidence, cette église dédiée à la Sainte Vierge, sous le vocable de Notre-Dame de Bon-Conseil, avait été érigée à l’endroit même ou saint Pothin et ses compagnons avaient subi, en 177, leur glorieux martyre.

     Lyon doit à Notre-Dame de Fourvière d’avoir été préservé deux fois (1832 et 1835) du choléra qui sévissait tout autour.  Nous ne pouvons rapporter ici les guérisons merveilleuses, les conversions éclatantes, les miracles sans nombre dus à Notre-Dame de Fourvière.

     La nouvelle basilique a été construite en exécution d’un vœu fait par Mgr Ginoulhac, archevêque de Lyon, qui promit, en 1870, de faire élever un sanctuaire plus digne de la Sainte Vierge, si la ville était préservée de l’invasion des ennemis.

 

42.  Devons-nous avoir une grande confiance en la Sainte Vierge ?

Oui, nous devons avoir une grande confiance en la Sainte Vierge, parce qu’elle est non seulement la mère de Dieu et la plus Sainte des créatures, mais qu’elle est aussi notre mère.

 

+  Lorsque saint Pierre rencontra le tendre regard de Notre-Seigneur après son reniement, il pleura amèrement et s’enfuit, nous dit saint Bonaventure, auprès de la Mère de Dieu, refuge des pécheurs, notre aide assuré toutes les fois que nous tremblons et pleurons après une faute pénible à avouer en confession.

 

+  Sainte Thérèse a écrit d’elle-même les touchantes lignes qu’on va lire : « Quand ma mère mourut, j’avais douze ans.  Dans ma douleur, je m’en allait à un sanctuaire de Notre-Dame, et me jetai au pied de son image.  Je la conjurai avec beaucoup de larmes de me servir désormais de mère.  Ce cri d’un cœur simple et naïf fut entendu; j’avais une mère dans la Reine du ciel.  Depuis ce moment, jamais je ne me suis recommandée à cette Vierge souveraine, que je n’aie éprouvé, d’une manière visible, son tout-puissant secours. »

 

43.  Pourquoi devons-nous honorer les images de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge et des Saints ?

Nous devons honorer les images de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge et des saints parce que ces images les représentent.

 

+  Parmi les images célèbres de la Vierge, citons celles de Sainte-Marie-Majeure, à Rome, attribuée à saint Luc; la Madone Sixtine par Raphaël (la vierge porte l’enfant Jésus et apparaît au pape Sixte); Notre-Dame du Perpétuel Secours (des anges montrent les instruments de la passion à l’Enfant-Jésus qui d’effroi se serre contre sa mère). 

     Comme images miraculeuses dans le diocèse de Lyon, on peut citer la vierge noire de Fourvière et celle de Valfleury trouvée dans un genêt fleuri.

 

+  César, rencontrant une statue d’Alexandre, s’écria : « A mon âge, grand homme, tu avais conquis le monde.  Quand pourrai-je t’égaler ? »  A la vue des images des saints, souvenons-nous qu’ils ont conquis le ciel et cherchons à le conquérir à notre tour. 

 

44.  Devons-nous honorer les reliques des saints ?

Oui, nous devons honorer les reliques des saints, c’est-à-dire les restes de leurs corps, parce que ces corps ont été la demeure du Saint-Esprit et qu’ils doivent ressusciter glorieusement.

 

+  Les reliques qui nous restent de Notre-Seigneur Jésus-Christ sont : le bois de la vraie croix (un peu partout); --- une partie de la sainte couronne (à Paris); --- l’éponge, la lance, le voile de sainte Véronique (à Saint-Pierre de Rome); --- la colonne de la flagellation (à Sainte-Praxède de Rome); le saint suaire (ou à Turin, ou à Besançon, ou à Lisbonne); --- les clous (à Sainte-Croix de Jérusalem); --- la crèche (à Sainte-Marie-Majeure).

   Le diocèse de Lyon possède plusieurs reliques insignes.  Nous signalerons :  À la cathédrale, le radius du bras du B. Chanel (brisé par la massue qui le frappa), --- le chef de saint Loup, --- l’os d’une jambe du curé d’Ars, --- un bras de saint Genest, évêque de Lyon, --- les corps de saint Exupère, se saint Polydore; le cœur de saint Vincent de Paul…

   Au musée de la Propagation de la Foi : les ossements du B. Pierre Tuy, etc., etc.

   Chez les Bénédictines de la Rochette, ceux de saint Ennemond.

   A Saint-Bruno, à Saint-Polycarpe, les ossements des saints dont ces paroisses portent le nom.

   À Saint-Rambert-sur-Loire, le corps de saint Rambert, martyr.

   À Saint-Pierre de Saint-Chamond, une partie du chef de saint Jean-Baptiste, le corps de sainte Luce.

   À Lorette, le corps de sainte Fortunée, etc, etc.

 

+  « La vraie croix, celle sur laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ est mort, a été trouvée l’an 326, par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin.  Cette princesse fit creuser à l’endroit indiqué par les anciens : on découvrit la grotte du saint sépulcre et trois croix.  Macaire, évêque de Jérusalem, ayant ordonné des prières, fit porter ces croix chez une pauvre femme affligée depuis longtemps d’une maladie incurable; on lui appliqua les croix.  Deux n’opérèrent rien; dès qu’on eut approché la troisième de la malade, elle se trouva parfaitement guérie. » (Bréviaire, 3 mai). --- La vraie croix tomba au pouvoir de Chosroès, roi de Perse, qui vainquit les Romains vers l’an 614; mais l’empereur Héraclius le défit, l’an 628 (14 septembre) et l’obligea à restituer cette précieuse relique.

 

+  Un jour, dans le salon du célèbre écrivain Jules Janin, un de ses amis apercevant un crucifix, eut l’inconvenance de lui dire : « Que fais-tu donc de ça ? » --- « Ça, répondit, Jules Janin, en se découvrant, c’est le bon Dieu.  Et je ne veux pas, quand je serai près de mourir, qu’on soit obligé d’aller le chercher chez la portière… »

                    

 

L E Ç O N    V I I

 

D u    s e c o n d    c o m m a n d e m e n t    d e    D i e u

 

27.  Récitez le second commandement de Dieu.

Dieu en vain tu ne jureras

Ni autre chose pareillement.

 

28.  Que défend le second commandement ?

Le second commandement défend : 1e de jurer en vain; 2e de blasphémer; 3e de faire des imprécations; 4e de manquer aux vœux qu’on a faits. 

 

29.  Qu’est-ce que jurer ?

Jurer ou faire serment, c’est prendre Dieu à témoin de ce que l’on dit ou de ce que l’on promet.

 

30.  Est-il permis de faire serment ?

Oui, il est permis de faire serment pour des raisons graves, par exemple devant les tribunaux, quand on est appelé comme témoin.

 

31.  Qu’est-ce que jurer en vain ?

Jurer en vain, c’est affirmer par serment une chose fausse ou sans importance; ou bien s’engager par serment à faire une chose mauvaise ou injuste.

 

+  Dieu a souvent puni les parjures par une mort subite.  Sédécias manque au serment de fidélité qu’il avait prêté à Nabuchodonosor, et il a les yeux crevés par le prince qu’il avait trahi (IV, Rois, XXV).

 

+  Vladislas, roi de Hongrie, malgré la foi jurée, livre bataille à Mourad II et trouve la mort dans le combat avec la plupart des grands de son royaume (1444).

 

32.  Est-on obligé d’accomplir ce que l’on a promis avec serment ?

Oui, on est obligé d’accomplir ce que l’on a promis avec serment, à moins que la choses promise ne soit mauvaise.

 

33.  Qu’est-ce que blasphémer ?

Blasphémer c’est dire des paroles injurieuses contre Dieu, la religion ou les saints; c’est en particulier outrager le saint nom de Dieu.

 

+  Lorsque don Joseph Sarto, devenu plus tard Pie X, était curé à Salzano, il s’arrêta un jour dans une auberge, et tous voulurent  lui offrir du vin.  Celui-ci, pourtant, refusa d’en accepter d’un certain courtier qui, aussitôt, demanda le motif de ce refus.  Le curé lui répondit : « Tu as le défaut de jurer tous les jours; tant que tu ne changeras pas, je ne veux pas avoir affaire avec toi. --- Bien ! répondit le courtier, que je devienne un serpent si je jure encore ! »  Don Sarto accepta alors son offre, et le pauvre homme se corrigea. 

 

+  Saint Polycarpe, menacé d’être brûlé vif s’il ne blasphémait Jésus-Christ : «  Il y a 86 ans que je le sers, répondit-il, et il ne m’a jamais fait que du bien !

 

+  « Si je devais être précipité en enfer, disait saint Ignace de Loyola, mon plus grand tourment serait d’y entendre blasphémer Dieu. »

 

+  « J’éprouve un tel dégoût de la vie parfois, que je voudrais mourir, disait saint François Xavier, plutôt que d’entendre blasphémer si souvent le saint nom de Dieu. »

 

+  Eusèbe rapporte que l’empereur Maximin fit composer un petit livre plein de blasphèmes contre Dieu.  Il le fit distribuer et apprendre par cœur aux enfants dans les écoles païennes, qui s’en allaient débitant ces blasphèmes.  La justice de Dieu ne se fit pas attendre : la peste éclata et fit mourir tant de païens que les bras manquaient pour les ensevelir.  L’empereur lui-même perdit la vue, devint fou et se tua.  Aucun chrétien ne fut frappé de la peste. 

 

+  Lorsque Ruppert fut élu empereur, on lui demanda la grâce d’un grand nombre de prisonniers.  Le nouvel empereur s’informa de leur conduite passée et rendit la liberté à tous, excepté à un, condamné pour ses blasphèmes.  « Les autres, dit-il, ont failli à l’égard des hommes, mais celui-ci a péché directement contre Dieu lui-même. » 

 

34.  Qu’est-ce que faire des imprécations ? 

Faire des imprécations, c’est souhaiter la malédiction divine aux autres ou à soi-même. 

 

+  « Mais ne faites donc pas de pareilles imprécations, disait-on un jour à un malheureux ouvrier.  Vous offensez Dieu et vous vous exposez à l’enfer. --- A l’enfer! répondit-il, je ne demande pas mieux, au contraire, il y a là au moins assez de feu pour allumer sa pipe! »  A ces mots, il fit quelques pas et tomba comme foudroyé.

 

+  Quand Sapor II, roi de Perse, qui assiégeait la ville de Nisibe, vit rétablir miraculeusement les brèches qu’il avait faites aux murailles, dans sa colère, il lança un javelot contre le ciel.  Le malheureux ne se doutait pas qu’il attirait sur ses armes la malédiction divine.  Saint Jacques, évêque de la ville, monta sur les remparts, et fit à Dieu cette prière : « Seigneur, défaites cette multitude par une armée de moucherons. »  Aussitôt un essaim de mouches vint s’attaquer aux trompes des éléphants, aux oreilles et aux narines des chevaux.  Ces animaux furieux renversèrent à terre ceux qui les montaient et mirent toute l’armée en désordre.  Sapor, désespéré, mit le feu à ses machines et prit la route de Perse avec les débris de son armée, ravagée par la famine et par la peste. 

35.  Qu’est-ce qu’un vœu ?

Un vœu est une promesse que l’on fait à Dieu, avec l’intention de s’obliger sous peine de péché.

 

+  A quatorze ans, un enfant du diocèse d’Arras fit vœu de se faire zouave si son père, qui n’avait pas reçu les sacrements depuis cinquante ans, se convertissait avant de mourir.  Le père se convertit en effet et mourut en recommandant à son fils d’être fidèle à son vœu.  Mgr Lequette mena à Rome l’enfant qui n’avait que seize ans.  Pie IX sourit et dit : « Il est trop jeune ! --- Saint-Père, répond l’enfant, que je vous serve du moins parmi vos valets. »  Le pape, touché, lui dit : « Nous ferons exception », et l’enfant devint un intrépide zouave.

 

+  Saint Louis, roi de France, était à l’extrémité; mais recouvrant ses sens, il demanda la croix et la plaça sur sa poitrine, en signe du vœu qu’il faisait intérieurement de partir pour la croisade s’il guérissait.  Il guérit, en effet, et il portait toujours la croix, attendant l’occasion de s’embarquer pour la Palestine.  Blanche, sa mère, et tous les grands du royaume, lui représentaient que la France courait les plus grands risques de la part des Anglais s’il s’éloignait, que son vœu fait dans une maladie grave n’était pas valide; qu’il pourrait s’en faire relever.  A tous ces raisonnements, le roi répondit : « On ne peut supposer qu’aujourd’hui j’aie le cerveau troublé par la maladie; eh bien !  je reprends la croix et je renouvelle mon vœu. »  Tous se turent, admirant sa fidélité à tenir la promesse faite à Dieu. 

 

+  Turenne, passant une nuit sur les boulevards extérieurs de Paris, tomba entre les mains d’une troupe de voleurs qui arrêtèrent sa voiture.  Sur la promesse de cent louis d’or qu’il leur fit, pour conserver une bague d’un prix beaucoup moindre, ils la lui laissèrent; et l’un d’eux osa, le lendemain, aller chez lui au milieu d’une grande compagnie, lui demander à l’oreille l’exécution de sa parole.  Le maréchal lui fit donner les cent louis, et avant de raconter l’aventure, il laissa à cet homme le temps de s’éloigner.  « La promesse, d’un honnête homme, dit-il, est inviolable; il ne doit jamais manquer à sa parole l’eût-il donnée à des fripons. » 

 

+  Régulus était un général romain prisonnier de Carthage.  Il fut envoyé à Rome avec des ambassadeurs carthaginois, pour demander la paix pour les Romains, mais avant de partir on lui fit prêter serment de revenir si la paix n’était pas accordée.  Arrivé à Rome, Regulus, devant le Sénat, soutint l’opportunité de la guerre pour les intérêts de sa patrie !  Son sentiment prévalut, et malgré les instances qu’on lui fit de ne pas retourner à Carthage, il ne voulut point se déshonorer par un parjure.  Il refusa même de voir sa femme et ses enfants pour ne pas être attendri par leurs larmes, et repartit avec les ambassadeurs.  Arrivé à Carthage, les Carthaginois le firent mourir au milieu des plus cruels tourments, comme il l’avait prévu du reste.  Que ceux qui ont la foi soient au moins aussi fidèles que ce Romain à la parole donnée à Dieu. 

 

36.  Est-il à propos de faire des vœux ?

Oui, il est quelquefois à propos de faire des vœux, mais on ne doit pas en faire sans avoir bien réfléchi et demandé conseil.

 

 

L E Ç O N    V I I I

 

D u    t r o i s i è m e    c o m m a n d e m e n t    d e    D i e u

 

37.  Récitez le troisième commandement de Dieu .

Les dimanches tu garderas,

en servant Dieu dévotement.

 

Texte de la loi de Dieu.

« Souvenez-vous de sanctifier le jour du sabbat; vous travaillerez pendant six jours, et vous ferez tout ce que vous aurez à faire; mais le septième est le jour du repos consacré au Seigneur votre Dieu.  Vous ne ferez en ce jour, aucun ouvrage, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni vos bêtes de service, ni l’étranger qui sera dans l’enceinte de vos villes; car le Seigneur a fait en six jours le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui y est renfermé, et il s’est reposé le septième, c’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et il l’a sanctifié. »  (Exod., XX,8,11.)

 

38.  Que nous ordonne le troisième commandement ?

Le troisième commandement nous ordonne de sanctifier le dimanche, c’est-à-dire le jour du Seigneur.

 

+  En 1851, l’évêque de Châlons, vénérable vieillard, conduisant un visiteur dans sa cathédrale, le fit entrer dans une chapelle et lui montrant une pierre tombale : « Voilà, dit-il, le tombeau que je me suis préparer.  Les mots que j’y ai fait graver son la seule épitaphe que je désire. »  L’étranger se pencha pour la lire, elle ne contenait que ces mots : « Souvenez-vous de sanctifier le jour du Seigneur. »  Ce saint évêque voulait même après sa mort prêcher la grande loi du dimanche qui, bien observée, ferait la grandeur d’une nation.

 

+  Saint Isidore le laboureur était au service d’un riche propriétaire de Madrid, nommé Jean de Vergas.  Il consacrait entièrement les jours de fêtes à prier, à entendre la parole de Dieu, à assister aux offices chantés le dimanche, et surtout à entendre la messe avec une grande ferveur.  Les jours ouvrables, il visitait de grand matin les églises de Madrid, qu’il arrosait souvent d’un torrent de larmes.  Il prenait ainsi sur son sommeil le temps de ses dévotions, et pouvait se rendre exactement à ses travaux.  On l’accusa néanmoins de perdre son temps; et Jean de Vergas voulut le suivre de près; mais un jour il vit deux anges qui aidaient ce saint laboureur à conduire la charrue.  Depuis, il eut pour lui la plus grande estime.  On trouva intact le corps de saint Isidore quarante ans après sa mort.      

    

39.  Comment faut-il sanctifier le dimanche ?

Pour sanctifier le dimanche il faut : 1e ne pas travailler à des œuvres serviles;  2e s’appliquer à des œuvres de religion.

 

40.  Qu’appelle-t-on œuvres serviles ?

On appelle œuvres serviles les travaux manuels auxquels le corps a plus de part que l’esprit.

 

+  Il est raconté dans la vie de saint Jean l’Aumônier que, de son temps, il y avait à Alexandrie deux cordonniers dont l’un, chargé d’une nombreuse famille, faisait ses affaires à merveille; tandis que l’autre, aussi habile et moins chargé d’enfants que son voisin, était toujours dans la misère, bien qu’il travaillât tous les dimanches.  Celui qui réussissait si mal, alla un jour trouver l’autre pour lui demander le secret de sa prospérité : « Oh !  dit-il, j’ai, outre mon travail, un trésor secret que je vous découvrirai dimanche. »  Le dimanche venu, il mène son voisin à l’église, et lui dit : « C’est là qu’est mon trésor, c’est-à-dire la bénédiction de Dieu.  Demandez-la avec moi tous les dimanches par la prière en suspendant votre travail, et votre maison deviendra prospère. »  Le pauvre homme suivit ce conseil, et depuis lors, tout lui réussit.

 

+  Je connais deux moyens de devenir pauvre, disait le curé d’Ars :  voler et travailler le dimanche. 

 

41.  Quels sont les travaux permis le dimanche ?

Les travaux permis le dimanche sont :  1e ceux qui occupent surtout l’esprit;  2e ceux qu’autorise un usage général ou qu’impose la nécessité.

 

+  Saint Liguori rapporte que trois marchands étaient disposés à partir ensemble de la ville de Gubbio; mais l’un d’eux désirant auparavant entendre la messe, les deux autres refusèrent de l’attendre.  Arrivés sur le pont de la rivière appelée Borfuone, grossie par les pluies, le pont s’écroula et ils périrent tous deux.  Le troisième, une demi-heure après revenant de la messe, trouva leurs cadavres sur la rive. 

 

42.  Ceux qui font travailler le dimanche sont-ils coupables ?

Oui, ceux qui font travailler le dimanche sont coupables, parce qu’ils méprisent la loi de Dieu et empêchent les autres de l’observer.

 

   Lorsque Dieu eut dit : « Tu ne travailleras pas en ce jour », il ajouta; « Et tu ne feras pas travailler ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton cheval, ni l’étranger qui est chez toi. »

 

43.  Quel est l’acte de religion rigoureusement commandé le dimanche ?

L’acte de religion rigoureusement commandé le dimanche est l’assistance à la messe.

 

44.  Quels sont les actes de religion recommandés le dimanche ?

Les actes de religion recommandés le dimanche sont : l’assistance aux offices et aux instructions de sa paroisse, les bonnes lectures, les actes de piété et de charité.

 

45.  Est-il permis de se récréer le dimanche ?

Oui, il est permis de se récréer le dimanche, pourvu qu’on évite les divertissement dangereux.

 

+  Dans une maison ecclésiastique ou l’on donnait chaque année des retraites aux séculiers, on ne manquait jamais de distribuer à la fin de la retraite quelques livres pieux, parmi eux un catéchisme.  Un grand seigneur, au nombre des retraitants, voyant le supérieur lui présenter un catéchisme, en fut tout surpris.  Il lui dit en riant : « Quoi, un catéchisme, vous me mettez à l’ABCD; à l’âge de 10 ans je savais mon catéchisme tout entier par cœur. --- Voyons, repartit le supérieur, si vous ne l’avez pas oublié. »  Il lui adressa plusieurs questions qui l’embarrassaient beaucoup et le grand seigneur avança des propositions contre la foi… Combien d’hommes lui ressemblent et sont peu instruits de leur religion.

  

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